L’objectif de la visite de Volodymyr Zelensky à Rome

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(Rome, Paris, 13.05.2023). Le président ukrainien est attendu samedi matin à Rome. Bien que les détails n’aient pas été divulgués pour des raisons de sécurité, les agendas de la Première ministre Giorgia Meloni et du pape François ont été mis à jour en prévision de l’arrivée de Volodymyr Zelensky en Italie. La visite, la première dans notre pays depuis le début de la guerre, est très attendue. La première étape devrait amener le chef de l’Etat ukrainien au Palazzo Chigi (le siège de la présidence du Conseil des ministres italien, ndlr). Puis, dans l’après-midi, la rencontre attendue au Vatican avec le Pape. Dans la soirée, il y aurait aussi un entretien en tête-à-tête au Quirinal avec le président Mattarella, peut-on lire dans les colonnes du quotidien «Il Giornale/Inside Over».

La rencontre avec le Pape  

Les discussions sur les étapes de Zelensky à Rome n’ont commencé que ces derniers jours. Jusqu’à la semaine dernière, des rumeurs faisaient état de son voyage à Berlin. En effet, le président ukrainien sera dans la capitale allemande dimanche, juste après son départ de Rome. Dans les couloirs diplomatiques, une reconstruction a émergé selon laquelle, profitant de l’engagement en Allemagne, Zelensky a également voulu inclure une visite éclair dans notre pays. Et cela pour deux raisons. Tout d’abord, il y a une raison logistique ; quitter Kiev et l’Ukraine, en plus d’être dangereux, c’est aussi difficile. Il faut se rendre en train en Pologne puis décoller pour la capitale européenne à visiter. Moins de voyages, en un mot, mieux c’est. Ensuite, il y a une raison politique : en Italie, Zelensky veut connaître de visu l’air que l’on respire à Rome. Non seulement près du Palazzo Chigi, mais aussi de l’autre côté du Tibre.

Le Pape François s’est toujours prononcé contre la guerre. Ce faisant, il n’a cessé d’appeler chacun à ses responsabilités. Ce qui l’a parfois amené à s’exposer à une certaine perplexité suscitée par la partie ukrainienne. Comme lorsque, à l’occasion de la procession du Vendredi saint de 2022, il a choisi de confier la croix à une infirmière ukrainienne et une infirmière russe. Choix non approuvé par Kiev. Ou comme lorsque, encore l’année dernière, le Souverain Pontife parlait du « grognement » de l’OTAN à la frontière avec la Russie. Dans le même temps, cependant, le Vatican a pris ses distances avec la position du patriarche orthodoxe de Moscou : Bergoglio a stigmatisé le soutien explicite apporté par Kirill aux opérations de guerre du Kremlin, évoquant plutôt de la nécessité de parvenir à une paix. En outre, dans ses homélies, il n’a jamais manqué d’appeler les fidèles à la prière en faveur du peuple ukrainien, embrassant une fois le drapeau de Kiev à la fin d’une audience générale.

D’un point de vue politique, tout cela s’est traduit par un engagement constant de la diplomatie vaticane en faveur de la médiation. Le pape peut servir de médiateur sur deux fronts : d’une part en déployant son propre réseau diplomatique, de l’autre en proposant un travail de dialogue avec l’Église orthodoxe. Le rôle du Souverain Pontife dans l’affaire ukrainienne est donc bien compris. Zelensky, une fois franchie la porte du cabinet du palais apostolique, tentera de comprendre ce que l’on peut concrètement attendre de la médiation du Vatican. En ce sens, l’entretien qui aura lieu de l’autre côté du Tibre avec le secrétaire d’État du Vatican, le Cardinal Parolin, sera également importante à cet égard.

La valeur symbolique de la rencontre entre le président ukrainien et le Pape ne doit pas être sous-estimée. Zelensky est à la tête d’un pays à majorité orthodoxe, une poignée de main avec le Pontife n’est pas un fait politique secondaire, surtout compte tenu de la délicatesse du moment.

Le sommet au Palazzo Chigi

Mais avant de se rendre au Vatican, le président ukrainien s’arrêtera au cœur de Rome. En effet, en milieu de matinée, une rencontre est prévue au Palazzo Chigi avec Giorgia Meloni. Un sommet à caractère exclusivement politique. Il s’agit de la deuxième rencontre en tête-à-tête entre les deux depuis que la cheffe de «Fratelli d’Italia» a pris ses fonctions à la tête du gouvernement italien. La première a eu lieu le 21 février à Kiev, à la veille du premier anniversaire du début de la guerre. L’objectif de Zelensky au Palazzo Chigi sera d’obtenir des garanties sur le soutien de Rome, jamais remis en cause par la Première ministre. L’Italie devrait fournir davantage d’armes à Kiev et sa position reste conforme à celle de l’UE et de l’OTAN.

La rencontre sera également l’occasion pour Giorgia Meloni de répondre à la polémique sur un prétendu isolement international dû aux propos tenus ces derniers jours par certains ministres français et espagnols. En effet, des représentants des gouvernements de Paris et de Madrid ont exprimé publiquement leur perplexité quant à la capacité de l’exécutif italien à gérer les dossiers de l’immigration et de l’emploi. D’où le spectre d’un isolement qui, dans les intentions de la Première ministre, pourrait être définitivement écarté, grâce aussi à la rencontre à Rome avec Zelensky. Dans la soirée, place à une éventuelle réunion bilatérale entre M. Zelensky et le Président Sergio Mattarella.