(Montréal, dimanche 29 mars 2020) Hier samedi 28 mars, le secrétaire général du Hezbollah Hassan Nasrallah s’est adressé aux Libanais pour la deuxième fois en moins d’une semaine. Comme lors de sa première intervention, il a tenté dans sa prestation d’hier de s’imposer comme le « Guide suprême » de la République (islamique) libanaise dont il rêve depuis les années 1980 et œuvre méthodiquement pour inclure à la « Grande République islamique d’Iran » comme le rappelle cette vidéo:
La semaine dernière, Nasrallah s’est montré ridicule en niant être au courant de la décision de laisser s’enfuir Amer Fakhoury, poursuivi pour avoir fait partie du personnel de la prison de Khiam sous l’occupation israélienne, pour y avoir torturé et tué des résistants libanais… Mais ces crimes présumés qu’il a toujours niés étant proscrits, Fakhoury a échappé au procès devant le tribunal militaire (provoquant la démission du président du tribunal pour dénoncer les pressions politiques!). Fakhoury s’est alors réfugié à l’ambassade américaine d’où il a été exfiltré par hélicoptère jusqu’à Chypre puis vers les Etats-Unis. Pour les Libanais, il est ridicule de dire que le « Guide suprême » n’ait pas été informé de ce deal entre les gouvernements libanais et américain. Il est encore plus ridicule que Nasrallah ait comparé l’héliport de l’ambassade américaine aux points de passage illégaux qu’il contrôle aux frontières syriennes où il s’adonne à tous les trafics.
Le plus ridicule c’est la teneur de son message d’hier, quand il a comparé les appels de ceux qui s’opposaient au maintien des vols avec l’Iran – vols par lesquels le Coronavirus s’est répandu au Liban – et leurs appels au gouvernement de rapatrier les Libanais coincés à travers le monde. Nasrallah s’est montré ridicule en vantant les moyens matériels et médicaux d’un Liban désargenté au chaos qui règne dans les systèmes sanitaires en Occident. Pire encore, il a mis en garde la diaspora libanaise contre « les risques d’effondrement des régimes dans les pays qui se considèrent parmi les puissances mondiales. » « Regardez les Américains qui se plaignent de la rupture des stocks d’armes. Ils ont peur pour leur sécurité et achètent des armes pour se protéger car le régime risque de s’effondrer » a-t-il affirmé. « Dans d’autres pays européens ou africains, le risque de famine s’ajoute aux risques sanitaires et sécuritaires. Des émeutes menacent tous ces pays. Les Libanais seront ainsi mieux protégés dans leur pays d’origine. »
Non seulement Hassan Nasrallah se prend pour le Guide, au moment où le président de la République Michel Aoun est totalement absent, mais en plus il vante sa puissance et rappelle que le Hezbollah a mobilisé 24.500 membres de ses services médicaux pour lutter contre le Coronavirus. Ce faisant, il cherche à terroriser ses opposants en montrant sa puissance présumée. Le standard international stipule que les unités médicales de secours constituent le tiers des effectifs des armées. Ce qui revient à dire que le Hezbollah disposent de 75.000 combattants!
Selon plusieurs observateurs de la scène libanaise, « il est ridicule de croire aux mensonges propagandistes du Hezbollah. » Certes, le Parti de Dieu dispose toujours de moyens de nuisance, mais il a été saigné en Syrie et il est dans la ligne de mire de la communauté internationale. Il cherche donc à restaurer son image et sa puissance à travers sa propagande et son engagement contre le Coronavirus, mais il n’a plus les moyens financiers de faire face aux crises qui le cernent. Le plus grave dans son discours d’hier reste selon un ancien diplomate libanais « son ingérence dans les affaires intérieures des pays de la diaspora. » Notre source interprète ainsi sa mise en garde contre des émeutes de la faim en Afrique, en Europe et aux Etats-Unis comme « un appel à ses militants et sympathisants qui y vivent pour amorcer ces émeutes et déstabiliser les régimes. » Selon cette lecture, « plus le chaos se répand en Occident, plus l’étau se desserre sur l’Iran. » C’est du ridicule qui tue.
Sanaa T.