France. Emmanuel Macron devant les armées: budget, nucléaire… Ce qu’il faut retenir des annonces présidentielles

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(Rome, 20.01.2023). Le chef de l’Etat a confirmé un budget de 400 milliards d’euros pour les armées sur les sept prochaines années, et a annoncé vouloir les transformer pour protéger la France des dangers du siècle.

Lors de ses vœux aux armées prononcés ce vendredi 20 janvier sur la base aérienne de Mont-de-Marsan dans les Landes, Emmanuel Macron a annoncé une augmentation du budget des armées d’un tiers pour la période 2024-2030, portant ce dernier à 400 milliards d’euros. En tenant compte des recettes extrabudgétaires, il pourrait atteindre 413 milliards, un effort financier massif dans l’outil de défense national. Le budget de 295 milliards d’euros sur la période 2019-2025 avait déjà mis fin à des années de coupes budgétaires dans les armées.

Cette allocution a eu lieu alors que la guerre en Ukraine a mis en lumière des faiblesses dans le dispositif militaire français depuis plus d’un an. « La Loi de programmation militaire traduit les efforts du pays en faveur de ses armées […] ces efforts seront à proportion des dangers, c’est-à-dire considérables », puisque partout dans le monde, « les menaces sont multiples et s’agrègent » a ainsi établi Emmanuel Macron lors de sa prise de parole. « Après avoir réparé les armées, nous allons les transformer », a-t-il donc promis, assurant que « la France dispose et disposera d’une armée face aux périls du siècle ».

Des investissements massifs dans le nucléaire et le renseignement

Pour effectuer cette transformation, il faudra « privilégier la rapidité d’action et la montée en puissance, car nous ne choisirons pas les conflits que nous aurons à mener », a affirmé le président. L’objectif selon Emmanuel Macron : « Nous devons avoir une guerre d’avance », pour « être prêts à des guerres plus brutales, plus nombreuses et plus ambiguës à la fois », a commenté le président devant un parterre de hauts gradés.

Ces augmentations serviront notamment le budget du renseignement, qui augmentera de 60 % sur sept ans. Les budgets de la Direction du renseignement militaire (DRM) et de la Direction du renseignement et de la sécurité de la défense (DRSD) seront notamment doublés, a-t-il déclaré lors de ses vœux aux armées. Les capacités cyber seront « très sensiblement renforcées » pour disposer d’une capacité « de premier rang ».

Avec cette nouvelle loi de programmation militaire (LPM), le chef de l’Etat veut aussi « renforcer notre dissuasion » nucléaire, « un élément qui fait de la France un pays différent en Europe ». Les efforts de modernisation de la dissuasion nucléaire française, auxquels 5,6 milliards d’euros de crédits de paiement sont consacrés en 2023, seront ainsi poursuivis.

Tenir tête à la Chine et agir avec l’Europe

L’Outre-mer fera lui aussi l’objet d’investissements supplémentaires en termes d’équipements et d’effectifs, car la marche du monde met nombre de ces territoires, particulièrement dans le Pacifique et l’océan Indien, « aux premières loges des possibles confrontations de demain », a souligné le président de la République. La France doit « disposer de forces de souveraineté renforcées pour pouvoir donner un coup de griffe à celui qui voudrait s’en prendre à nos intérêts », notamment dans l’Asie-Pacifique, où les visées expansionnistes de la Chine inquiètent, fait par ailleurs valoir l’Elysée.

Si la présidence assure que les besoins capacitaires français ne seront pas calqués sur ceux de l’Ukraine, le pays devra en revanche pouvoir agir dans un cadre européen, avec ou sans l’OTAN, ce qui implique de pouvoir déployer une capacité interarmées de 20.000 hommes. Il s’agira également de combler les lacunes dans le domaine des drones et des munitions rôdeuses, ou encore d’investir dans le quantique et l’intelligence artificielle. La France compte également renforcer de 50 % ses capacités de défense aérienne, a indiqué Emmanuel Macron lors de son allocution.

La LPM, dont la nouvelle enveloppe budgétaire sera toutefois tempérée par l’inflation et l’explosion des coûts de l’énergie, devrait être soumise au vote du Parlement d’ici l’été.

(L’EXPRESS)