Ukraine (suite): les Russes pourraient effectuer une frappe nucléaire sur Kherson ou détruire le barrage de Kakhovka, selon l’ambassadeur d’Ukraine en France

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Vadym Omelchenko accuse également l’armée russe de «se servir de civils comme bouclier», dans une interview accordée au Parisien.

L’ambassadeur d’Ukraine à Paris ne mâche pas ses mots. Dans une interview accordée au Parisien  parue samedi, le représentant de Kiev à Paris estime que les frappes russes ciblant les infrastructures énergétiques en Ukraine ne sont «pas une nouvelle stratégie». Il s’agit de «bombardements barbares», selon un mode opératoire propre à Moscou. «C’est le choix d’un homme qui n’a pas de limites, capable d’accepter les pertes dans ses rangs et de tuer des civils sans scrupule», affirme le diplomate. «Rappelez-vous la tragédie d’Alep. Ils ont détruit les infrastructures, bombardé les hôpitaux pour faire fuir les habitants et prendre le contrôle de villes vides».

Le diplomate ne croit pas si bien dire lorsqu’il affirme que «les coupures d’électricité par vagues commencent». Dans la nuit de vendredi à samedi, 36 tirs de roquette sont tombés sur des sites fournisseurs d’énergie. Face à ces attaques, «le peuple ukrainien se mobilise très fortement», et les restrictions demandées par les autorités sont «acceptées sereinement» par la population, se félicite Vadym Omelchenko. Depuis mi-octobre, les Ukrainiens ont déjà volontairement réduit leur consommation d’électricité de 5% jusqu’à 20% en moyenne certains jours et dans certaines régions, selon le patron d’Ukrenergo.

Destruction du barrage de Kakhovka ?

Le diplomate va même plus loin : «On ne peut pas exclure la possibilité d’une frappe nucléaire tactique» au moment où les troupes ukrainiennes reprendront la cité stratégique, alerte-t-il. La prudence de la France, dont le président Emmanuel Macron a averti qu’il ne répondrait pas en cas d’attaque nucléaire sur le sol ukrainien, le déçoit-elle ? «J’ai entendu beaucoup de critiques à ce propos. Je ne les partage pas», répond l’ambassadeur. «Ce qui compte pour nous, ce ne sont pas les paroles mais les actes. La position de la France nous satisfait : une position de partenaire à part entière».

Le diplomate met enfin en garde contre les relais de la propagande russe dans l’Hexagone. «Voici comment les distinguer. Si vous entendez un expert plaider pour un cessez-le-feu et exhorter l’Ukraine à négocier, sachez que vous avez affaire à ce réseau d’influence russe», déclare-t-il. Tout économiste qui estimerait que «la crise économique et la crise énergétique sont étroitement liées à la guerre en Ukraine» est également un écho de la propagande de Moscou. «Ces deux choses ne sont pas si corrélées», affirme le diplomate, alors que la France s’attend à un hiver rude sur fond de crise énergétique.

(Le Figaro)