À Pékin, le président Xi Jinping a annoncé la clôture du XXe congrès du Parti communiste chinois (PCC), réuni devant quelque 2.300 délégués et censé tracer l’avenir politique de la Chine pour les cinq prochaines années. Ce congrès doit aussi couronner le président Xi Jinping, pour un nouveau mandat. Parmi les images à retenir, le départ de la cérémonie de l’ancien président Hu Jintao.
La scène s’est déroulée juste après l’entrée des journalistes, tenus à l’écart jusqu’ici du Grand Palais du peuple, et il semblerait bien que l’ex-président chinois ait été emmené contre son gré. Munis de jumelles, les journalistes ont en tout cas pu voir deux hommes demander à Hu Jintao de se lever. L’homme, âgé de 79 ans, parais alors refuser ou en tout cas hésiter, puis il finit par s’en aller, escorté par ses deux gardiens, après avoir glissé quelques mots au président Xi Jinping et donné une tape sur l’épaule de Li Keqiang, le Premier ministre. Difficile de tirer une conclusion – on sait que Hu Jintao est malade. Ce qui est sûr, c’est que cette scène, devant les caméras et alors qu’aucun des rangs du Congrès n’a bougé, sème la confusion dans une cérémonie qui laisse traditionnellement peu de place aux imprévus. Certains commentateurs parlent d’humiliation pour celui qui fut président de 2003 à 2013, s’il s’agit bien d’une expulsion.
Le départ de Hu Jintao, matérialisé par une chaise vide à gauche du président, est intervenu avant les votes des amendements au statut du Parti et l’introduction à l’unanimité de la pensée de Xi Jinping sur le socialisme aux caractéristiques chinoises. Dans les médias chinois, la scène n’a pas été ébruitée.
Sont désormais attendus les noms qui devraient être donnés demain dimanche du prochain comité permanent autour de Xi Jinping. L’actuel président s’apprête à faire un troisième mandat, une première depuis Mao, après avoir éliminé ses ennemis, ce qui a fait grincer des dents dans le Parti.
Une liste de 205 noms
Quant à la composition du nouveau comité permanent, elle sera présentée dimanche. Pour l’instant, rien n’a filtré. Six hommes devraient apparaître demain aux côtés du président chinois. Une liste du comité central a été publiée il y a une heure par Le Quotidien du peuple. Elle comporte 205 noms, mais il en manque certains. Par exemple, celui de Wang Yang considéré comme une des voix les plus libérales du Parti, qui a atteint l’âge de la retraite. Certains pressentaient le président d’une des assemblées comme Premier ministre.
En revanche, Wang Yi, qui a le même âge que Wang Yang, lui reste le ministre des Affaires étrangères. Li Qiang, le patron du PCC de la ville de Shanghai, qui est un ami de Xi Jinping, est aussi sur cette longue liste. Ce qui sera scruté demain, c’est surtout combien de proches du président actuel figurent dans ce comité permanent.
Xi Jinping renforce sa mainmise sur l’appareil d’État
Le Congrès réaffirme le rôle central du camarade Xi Jinping au sein du Parti communiste chinois. Tous ses membres devront « atteindre un niveau élevé de compréhension de son action » et la défendre en toute occasion. Autrement dit, le régime chinois grave encore un peu plus dans le marbre la doctrine conservatrice de son n°1. Sera-t-il désigné, comme seul Mao Zedong l’avait été avant lui : leader du peuple ? On le saura demain lors d’une conférence de presse très attendue. Après des mois de tractations secrètes, les noms des sept véritables patrons du pays, ceux qui composent le Comité permanent du bureau politique, vont être rendus publics. Et l’on sait déjà que Xi Jinping a fait le ménage. Quatre de ses membres sortant, dont le Premier ministre, Li Kequiang, considéré comme l’un des tenants de la ligne réformiste, sont mis sur la touche. Xi Jingping devrait en profiter pour nommer plusieurs de ses fidèles aux plus hauts postes du pouvoir.