(Rome, Paris, 19 octobre 2022). La junte tente de renforcer sa position en modifiant la Constitution. Goita veut centraliser tous les pouvoirs, en éliminant le fédéralisme et l’autonomie régionale. En même temps, il militarise la police contre d’éventuels coups d’État
Le chef de la junte militaire, le colonel Assimi Goita, cherche à consolider son régime au Mali, en modifiant directement la constitution du pays. Selon le journaliste Francesco Bussoletti, expert des questions de Défense et Sécurité dans le quotidien italien «Difesa & Sicurezza», ces derniers jours, le projet du nouveau texte a été présenté, sur lequel le secret le plus strict est maintenu. Cependant, certaines informations ont tout de même filtré et ne sont pas encourageantes quant à l’avenir de la démocratie dans le pays africain. Le document contiendra 195 articles et conduira l’Etat sahélien vers le présidentialisme et la centralisation du pouvoir, plutôt que sur le fédéralisme ou l’autonomie régionale, ce qui constitue, encore une fois, un affront à l’encontre des Touareg. De plus, ce sera le président qui dictera au gouvernement la ligne politique à suivre. Parallèlement, une nouvelle loi est en cours de discussion visant à militariser la police. Cette dernière, restera sous le contrôle du ministère de la Sécurité, mais recevra la même formation que les militaires. Objectif : standardiser les procédures pour renforcer l’efficacité des forces de sécurité. Surtout en cas de tentative de putsch.
Goita, tout en comptant sur le soutien du groupe Wagner, sait qu’il serait difficile de déjouer une tentative de coup d’État. Surtout à ce stade, où le mécontentement populaire s’accroît fortement
La « russification » du Mali avec de plus en plus de liberté et d’autonomie accordées aux entrepreneurs du groupe Wagner et le renforcement de l’emprise de Goita sur le pouvoir au moins jusqu’en 2024, alimentent en fait le mécontentement au sein du pays africain. En outre, la mise au placard du fédéralisme et de l’autonomie régionale augmentera la colère des Touareg qui, depuis dix ans, réclament l’indépendance de la région du Nord, ou tout au plus un statut spécial. Goita, en effet, est conscient que le changement de la Constitution est une étape très risquée. En effet, il n’est pas exclu qu’il y ait des tentatives de coup d’État, dont, d’ailleurs, les djihadistes de l’ISGS ou du JNIM pourraient également profiter pour étendre leur influence tant dans le pays qu’au Sahel. Par conséquent, il cherche à se renforcer avant tout sur le plan militaire. Notamment parce qu’il est bien conscient que les « musiciens » de Wagner, bien que bien formés et équipés, sont trop peu nombreux pour contrer efficacement les soulèvements populaires de grande ampleur.