Coronavirus: l’amateurisme des dirigeants se paie tôt ou tard, car la colère populaire est en embuscade

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Roma, Beyrouth (26 mars 2020) La pandémie du Covid-19 a mis à nu l’amateurisme des dirigeants de plusieurs pays qui font semblant de gouverner. Ce constat est valable à tous les pays de l’Extrême-Orient au Continent américain en passant par le Moyen-Orient et l’Europe, le Continent le plus touché.

En effet, la crise sanitaire a démontré une absence flagrante de la clairvoyance chez les dirigeants, qui multiplient les erreurs dans leur politique de lutte contre le Coronavirus. L’absence de clairvoyance et d’anticipation est doublée d’un manque de solidarité inter-étatique et d’un manque de coordination et d’information à l’échelle de la planète.

Les premiers pays touchés par le Covid-19 ont tenté de minimiser son ampleur pour des raisons économiques et d’image, sans prévenir leurs partenaires du danger qui les menace. Les mesures prises pour empêcher le virus de se répandre à grande échelle étaient ainsi insuffisantes, ce qui a accéléré la profusion des cas à partir de la Chine jusqu’en Italie et toute l’Europe, et l’Iran et tout le Moyen-Orient. Ce foisonnement n’étonne pas les spécialistes qui rappellent que « la Chine était devenue l’usine de l’Occident, et les entreprises chinoises sont présentes sur tous les continents. Ces échanges sont le meilleur vecteur de la transmission du Covid-19 ».

Selon nos sources, le premier cas de Coronavirus, un ingénieur français travaillant dans le secteur de l’automobile, a été évacué de Wuhan en août 2019 et soigné en France. Mais officiellement, la Chine n’a révélé l’ampleur de l’épidémie qu’en décembre. Ce temps perdu était pourtant précieux pour empêcher la tuerie en masse qui se propage sur la Planète.

A travers les échanges commerciaux, industriels et touristiques, la Chine a exporté le Covid-19 et contaminé plusieurs pays dont l’Iran, qui demeure le principal foyer dans la région. Depuis Qum, le sanctuaire chiite, la République islamique a distribué ce virus vers le Liban, l’Irak et la Syrie. Mais là aussi, les intérêts stratégiques des régimes et l’absence de transparence ont contribué à la diffusion du virus. Les dirigeants de ces pays seront responsables des centaines, voire des milliers de victimes potentielles et devront en payer le prix. Mais comme il s’agit de pays dictatoriaux, la facture sera encore plus lourde et sans doute violente et sanguinaire.

Quant à l’Europe, ses dirigeants ne sont pas mieux lotis. L’Italie et l’Espagne, débordées par le nombre des victimes, souffrent du manque de solidarité européenne et de l’impréparation des structures médicales et sanitaires. Une situation qui ébranle ces Etats et les menace de faillite économique, comme l’a admis le président du Conseil italien Giuseppe Conte. En Belgique, les révélations se multiplient sur la destruction des stocks de masques médicaux sans être renouvelés, par soucis d’économie. En France, les polémiques se multiplient entre les chercheurs et les politiques, et le gouvernement est tiraillé entre le sauvetage économique et le salut de la population.

Pris de court par l’ampleur de l’épidémie et le manque de matériel indispensable (masques, gants, blouses…), Paris a ordonné un confinement total de la population et promis de mesures économiques et fiscales pour aider les entreprises à passer le cap. Or, l’économie a déjà un genou à terre, et selon les observateurs, « le gouvernement n’aura pas les moyens d’honorer ses promesses. Il craint d’en faire les frais lors des prochaines échéances électorales ». Déjà, des dizaines de citoyens veulent poursuivre l’Etat pour avoir organisé le premier tour des municipales (le 15 mars) en les exposant au danger. Plusieurs présidents et assesseurs de bureaux de vote ont été contaminés.

Aussi, l’évolution de la situation économique et de la courbe du chômage déterminera les chances d’une réélection du président Macron pour un nouveau mandat à l’Elysée en 2022. C’est justement pour augmenter ses chances que le pouvoir recourt aux ordonnances et se passer de débat parlementaire en profitant de l’état d’urgence sanitaire. Le gouvernement français a ainsi adopté, mercredi 25 mars, 25 ordonnances économiques, sociales et judiciaires, pour faire face aux conséquences économiques et sociales de la crise sanitaire. Mais des voix s’élèvent déjà pour accuser l’Exécutif de vouloir modifier la loi du travail sans débat. Ses mesures, et plus particulièrement celles relatives à l’aménagement du droit du travail, ne font pas l’unanimité.

Les accusations formulées vont de l’amateurisme (stratégique) à l’opportunisme (politique). Elles fusent de l’extrême gauche, de la gauche et de la droite. Autant dire que le parti présidentiel et ses alliés sont « dos au mur » et doivent lutter sur trois fronts simultanément: le Covid-19 et ses conséquences humaines et sociales, la crise économique qui en découlera, et la colère croissante des électeurs. Aux milliers de morts du Coronavirus s’ajoutent une chute vertigineuse de la croissance économique et une flambée du chômage, dans les mois à venir, ce qui menace de raviver la colère des Gilets jaunes. D’autant plus que le gouvernement cherche, à travers ses ordonnances, à modifier la législation sur le travail et passer la durée hebdomadaire de 35 heures à 60 heures. C’est une « hérésie qui place la France sur un volcan », estiment plusieurs syndicalistes qui déplorent les maladresses de la porte-parole du gouvernement Sibeth Ndiaye. « C’est le résultat de l’amateurisme politique du nouveau monde » ironise un ancien député français au Parlement européen. Pour faire face à ses difficultés et sauver les meubles, le président français lance l’opération « Résilience » et engage l’armée pour venir en aide aux populations et aux services publics.

Pour sa part, le président américain Donald Trump redoute les effets de l’épidémie sur ses chances de réélection, à l’automne prochain, alors que l’épidémie se répand aux Etats-Unis et risque de les transformer en un nouveau foyer. Il vient d’annoncer un plan de sauvetage économique de près de deux trillions de dollars. Parallèlement, son administration continue de reprocher à la Chine son manque de transparence et la rétention d’informations concernant le Covid-19 pendant plusieurs mois, et pointe la responsabilité de Pékin dans la pandémie actuelle. Après la guerre commerciale, c’est une « guerre froide » autour du Coronavirus qui s’engage. Mais le bras de fer que Trump engage avec la Chine ne lui garantirait pas la victoire. Lui aussi a fait preuve d’amateurisme, accusent les démocrates. Les plus brillants hommes d’affaires, banquiers et négociants ne font pas nécessairement de bons présidents, encore moins de bons stratèges. « Ce même constat est valable pour les généraux, les maréchaux et les religieux, car à chacun son métier » ironise un diplomate libanais.

Paolo S (Roma) et Magdi W (Beyrouth)