France-affaire Merah: pourquoi six femmes ont-elles été arrêtées à Toulouse et Albi dix ans après les faits ?

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(Rome, 04 octobre 2022). Six femmes, proches du djihadiste Mohammed Merah et soupçonnées de séjours en Syrie, entre 2013 et 2014, ont été arrêtées à Toulouse et Albi. Leur garde à vue peut durer 96 heures.

Dix ans après l’affaire Merah, la justice n’en a pas tout à fait fini avec les proches du djihadiste toulousain abattu par le Raid en mars 2012.

Ce mardi 4 octobre, six femmes, membres de la « jihadosphère » du terroriste Mohammed Merah, ont été interpellées, entre Toulouse et Albi, et placées en garde à vue au commissariat de Toulouse. Cinq d’entre elles ont été arrêtées à leur domicile et la sixième s’est présentée au poste de police, répondant à une convocation.

Ce coup de filet, programmé de longue date, est le résultat d’une enquête menée par le parquet national antiterroriste (PNAT) sur des soupçons de séjours en Syrie qu’auraient effectué, entre 2013 et 2014, ces six personnes âgées aujourd’hui entre 31 et 43 ans.

Il est notamment question du financement de ces séjours dans un contexte international où l’État Islamique étendait son périmètre d’influence en Syrie, préparant depuis le territoire du Châm, les attentats de Paris, en novembre 2015, notamment. L’enquête du PNAT est confiée à la sous-direction antiterroriste (Sdat). Elle est ouverte depuis 2014 pour « pour association de malfaiteurs terroriste délictuelle et soustractions des parents à leurs obligations légales ».

Soupçonnées depuis plusieurs années par la justice antiterroriste, plusieurs d’entre elles, proches de l’islam radical, avaient déjà été entendues puis relâchées sans aucune charge retenue. Mais de nouveaux éléments ont amené les enquêteurs à les réentendre.

Selon nos informations, l’existence d’un projet terroriste ou d’une attaque imminente sur le sol français n’est pas mise au jour, à ce stade des investigations.

Ces six personnes ne sont pas membres de la famille Merah mais font bel et bien partie de la sphère d’influence de l’ex-clan du terroriste toulousain.

Après 2012, l’enquête sur les supposés soutiens de Mohammed Merah dans la région toulousaine a donné lieu à de nombreuses interpellations et auditions. Sur la base de certains profils, les enquêteurs ont poursuivi leurs investigations en ouvrant d’autres dossiers, en annexe de l’affaire Merah.

Entre 2014 et 2015, les Essid, Clain, Barnouin, ex-figures de la cellule d’Artigat (Ariège) s’étaient envolés vers la Syrie avec femmes et enfants, craignant d’avoir des comptes à rendre dans les crimes terroristes du djihadiste toulousain. Les frères Clain et Sabri Essid auraient trouvé la mort en Syrie en 2019. L’Albigeois Thomas Barnouin a été arrêté par des combattants kurdes en 2017. De leur côté, Jennifer Clain et Anne-Diana Clain, respectivement, la nièce des frères Clain et leur sœur, sont toujours écrouées en attente de leur procès. Jennifer Clain, 31 ans, avait été arrêtée en 2019, à son retour en France.

Les gardes à vue de ces six femmes interviennent dans un contexte particulier où la France a été, dernièrement, condamnée par la Cour européenne des droits de l’Homme concernant sa politique « au cas par cas » des rapatriements des femmes et enfants de djihadistes.

Dans l’affaire Merah, seul Abdelkader Merah a été condamné définitivement pour complicité des crimes de son frère, à 30 ans de réclusion criminelle en 2019. Comme le prévoit le Code pénal dans les affaires de terrorisme, la garde à vue de ces six femmes peut durer quatre-vingt-seize heures.

Par Frédéric Abela. (LA DEPÊCHE)