L’armée de l’air suédoise intercepte le vol du président Poutine de retour de Kaliningrad

0
404

(Rome, Paris, 02 septembre 2022). Des sources non confirmées rapportent qu’un chasseur de l’armée de l’air suédoise a intercepté le vol du président Vladimir Poutine revenant de l’oblast de Kaliningrad tard hier soir, jeudi 1er septembre.

Le numéro un du Kremlin s’était rendu dans la journée dans l’enclave russe sur la Baltique où il a visité le quartier général de l’école navale Nakhimov. La visite officielle a été soutenue par un impressionnant dispositif de sécurité impliquant divers moyens aériens des Vks, les forces aérospatiales russes. Un avion de transport Antonov An-72, accompagné de deux Sukhoi Su-35 armés de missiles, a survolé la Baltique et est arrivé à Kaliningrad dans la soirée du 31 août, rejoint au matin du 1er septembre par un Tupolev Tu-214 transportant à son bord vraisemblablement des agents des services secrets chargés d’assurer la sécurité du premier ministre russe. Le président Poutine a, quant à lui, volé à bord d’un avion de transport VIP, un Ilyushin Il-96-300PU, accompagné d’un deuxième avion identique pour des raisons de sécurité : de cette manière, il n’est impossible de savoir dans quel avion se trouve le président.

Selon le décryptage de Paolo Mauri du quotidien italien «Il Giornale/Inside Over», les avions ont survolé la mer Baltique, en restant soigneusement en dehors des espaces aériens interdits de la Suède, de la Pologne et des pays baltes, qui depuis le début du conflit ont fermé le transit aux avions russes. Selon des informations du quotidien italien «La Répubblica», un chasseur suédois a décollé pour intercepter et escorter le vol présidentiel sur le chemin du retour vers Moscou, mais pour l’heure, ni le ministère de la Défense de Stockholm ni celui de Russie n’ont fait de déclaration.

En fait, si tel était le cas, il ne s’agirait pas d’un « accident » tel que la pénétration dans l’Adiz (Air Defence Indentification Zone) ou même dans l’espace aérien national, mais plutôt d’une routine normale dictée par le climat de tension actuel entre la Russie et l’Occident.

Le 31 août, également dans l’oblast de Kaliningrad, l’aviation navale russe a organisé un exercice avec ses chasseurs Sukhoi Su-24M et Su-30SM engagés dans des bombardements et des attaques contre des cibles terrestres qui ont duré toute une journée et une nuit. Le Kremlin rapporte que plus de 20 sorties ont été effectuées au cours de l’exercice impliquant plus de 10 équipages de vol et plus de 50 techniciens et ingénieurs.

La reconnaissance électronique de l’OTAN et de la Suède surveille constamment l’activité militaire dans l’enclave depuis des mois : différents types d’avions qui captent les signaux électroniques et radio ennemis survolent quotidiennement la Baltique surplombant Kaliningrad pour observer attentivement les manœuvres russes et enregistrer les signaux permettant ainsi à l’Alliance d’obtenir des données précieuses visant à adapter ses défenses électroniques ou ses systèmes d’attaque. En outre, nous pouvons affirmer que ce qui se passe dans cette région particulière de la Fédération, coincée entre les pays de l’OTAN, est le véritable test décisif des tensions entre la Russie et l’Alliance.

Dans l’attente d’une confirmation (ou d’un démenti) des autorités suédoises ou russes sur ce qui s’est passé hier, nous pouvons toutefois affirmer que l’action de l’armée de l’air de Stockholm ne doit pas surprendre. La Suède est en train d’adhérer à l’OTAN, mais avant cela, elle a une longue histoire de tensions accumulées avec la Russie qui s’expliquent par la perception d’insécurité perçue et causée par le réarmement russe et le coup d’État en Crimée en 2014, ainsi que par des questions historiques/culturels ancrées au XVIIIe siècle. Puis, ces dernières années, Moscou a violé à plusieurs reprises le ciel suédois par des actes démonstratifs intimidants en réponse à la proximité croissante de Stockholm avec l’OTAN : à une occasion récente, des chasseurs-bombardiers Su-24M, très probablement armés d’engins nucléaires à chute libre, ont été interceptés par des avions de chasse suédois en état d’alerte, pour les escorter hors de l’espace aérien suédois sur l’île de Gotland, située presqu’au milieu de la mer Baltique devant Kaliningrad. Cette action a suscité de vives protestations à Stockholm, qui a déclaré prendre l’incident « très au sérieux », ajoutant que « la conduite de la Russie est non professionnelle et irresponsable ».

Au même sujet : Des jets russes équipés de têtes nucléaires au-dessus de la Suède

Si l’interception du vol présidentiel russe était confirmée, on pourrait dire que la Suède a « rendu égal » à Moscou un geste symbolique adressé au président Poutine. Le silence des deux prétendants est toutefois quelque peu suspect, et donc ouvert à des interprétations allant de «fake news» à une volonté spécifique de dissimuler ce qui s’est passé afin d’éviter tout embarras international de toute nature.

La mer Baltique, qui a longtemps été, avec la mer Noire et l’Arctique, l’une des frontières les plus chaudes dans l’affrontement entre la Russie et l’Occident, avec l’entrée de la Suède et de la Finlande dans l’Alliance atlantique, deviendra une « mer fermée de OTAN » conduisant ainsi la flotte russe et l’armée de l’air de Moscou à se voir complètement encerclées par des « forces hostiles ». Ceci, dans l’état actuel des relations internationales, n’entraînera pas un engorgement des forces russes, le libre passage – maritime ou aérien – étant toujours garanti par le droit international, mais rapprochera la « menace » perçue par le Kremlin des frontières de la Fédération, si la Suède et la Finlande décident d’héberger d’importantes bases de l’Alliance, comme c’est le cas pour d’autres pays qui en font partie.

Il faut toutefois rappeler que si Helsinki et Stockholm ont décidé de rompre leur neutralité historique pour se ranger du côté du camp occidental, c’est uniquement en raison de l’affirmation russe devenue une véritable agressivité à partir de 2014 (l’annexion de la Crimée), ou plutôt, pour être plus précis, à partir de 2008 (avec l’intervention en Géorgie). La Suède, par exemple, s’est toujours montrée hésitante face à cette éventualité, et même à la mi-février dernier, le gouvernement de Stockholm s’y est dit opposé : mais le déclenchement de la guerre en Ukraine a cependant renversé cette posture, faisant entrer définitivement le pays scandinave dans les bras de l’OTAN.