(Rome, 22 août 2022). Pavel Filatyev a fui l’armée russe et raconte dans un journal de guerre son quotidien de soldat en Ukraine.
« Physiquement, je suis fatigué, mais je suis moralement soulagé que de nombreuses personnes aient pu apprendre la vérité ». Ces mots sont ceux de Pavel Filatyev, un soldat d’élite de l’armée russe, qui a fui les combats et qui a publié au début du mois d’août un très long journal de bord intitulé ZOV, comme les lettres visibles sur les véhicules de l’armée russe.
Son unité, le 56ème régiment d’assaut aérien de la garde, a participé au premier assaut sur l’Ukraine. Après avoir reçu des munitions et de la morphine en cas de blessure, le soir du 23 février, au milieu de la nuit, lui et ses camarades soldats sont positionnés dans la ville d’Armiansk, sans savoir précisément ce qu’ils vont devoir y faire.
« À 4 heures du matin, nous avons entendu les premiers tirs de lance-roquettes Grad. C’était un tel déluge de feu que nous savions que c’était sérieux », explique-t-il à BFMTV.
« Cela faisait un an que nous vivions dans l’idée que l’OTAN menaçait la Russie. Alors à ce moment-là, j’ai cru qu’on allait combattre des troupes de l’OTAN ».
« J’ai dénoncé le mensonge du gouvernement russe »
Leur premier objectif était la ville de Kherson: d’abord le pont, puis l’aéroport. « À chaque fois, on n’était au courant des objectifs qu’au dernier moment. Les deux premières semaines, nous n’avions même pas de sacs de couchage, nous dormions à même la terre », raconte l’ancien soldat.
Pas d’eau potable, ni de nourriture: après plusieurs jours d’occupation, des membres de l’armée russe ont commencé à voler tout ce qu’ils trouvaient, affirme-t-il. « J’ai vu que beaucoup n’ont pas résisté à la tentation de voler des notebooks, des smartphones. Beaucoup l’ont fait parce que leur salaire ne leur permet pas de les acheter. Tout le monde se servait dans les magasins », explique Pavel Filatyev.
« J’ai dit non à la guerre », dit celui qui se présente comme un lanceur d’alerte plutôt qu’un déserteur, affirmant « qu’il n’y avait pas de néonazis en face de nous. J’ai dénoncé le mensonge du gouvernement russe ».
Ses révélations font désormais de lui une cible pour le Kremlin. Pavel Filatyev a été obligé de fuir la Russie. À nos confrères du Guardian, il dit espérer que la guerre prendra fin grâce à de grandes mobilisations populaires comme celles à l’époque de la guerre du Vitenam.