(Paris, 29 juillet 2022). Le Pacte de Varsovie a marqué l’histoire du XXe siècle en définissant la montée et la chute de l’Union soviétique. Sa désintégration était l’un des six symboles tangibles de la fin de l’empire de Moscou, qui n’a culminé que plus tard avec la désintégration complète de l’URSS et du système socialiste. Une fin qui a non seulement abouti à la conclusion d’une longue saison de confrontation entre blocs en Europe, mais aussi au début d’une série de réactions en chaîne qui ont conduit les anciens États satellites du Kremlin à choisir la voie de l’Occident, en particulier celle de l’OTAN.
Selon l’analyse d’un groupe de journalistes, actifs et ordonnés, dans le quotidien italien «Inside Over», la fin du Pacte de Varsovie, en ce funeste 1er juillet 1991, a été vécue par des contemporains avec des sentiments mitigés. Pour certains, c’était la fin d’un cauchemar. Pour d’autres, la fin d’un rêve. Pour d’autres encore, la reconquête d’une Europe paraissant libérée du joug soviétique. Pour d’autres, enfin, le début d’un monde unipolaire dans lequel les États-Unis, sortis vainqueurs de la guerre froide, régneraient sur le « monde libre » après des décennies de conflits et d’oppositions stratégiques et idéologiques.
La guerre en Ukraine, avec le « rideau de fer » qui semble s’abattre sur l’Europe, a ressuscité d’anciens fantômes qui semblaient avoir disparu depuis ce fameux juillet 1991. L’idée d’un empire russe, non plus soviétique, toujours à la recherche de la formation d’une zone d’influence alternative à l’OTAN et au-delà de ses propres frontières nationales, est apparue comme un indice inquiétant d’une histoire qui semble vouée à se répéter. Un traumatisme que les pays membres du Pacte de Varsovie n’ont jamais complètement métabolisé, au point qu’aujourd’hui, grâce également au soutien des États-Unis, ils apparaissent comme les principaux défenseurs de l’intransigeance atlantique à l’égard de toute demande émanant de Moscou. Il s’agit d’une réaction naturelle, qui s’enracine non seulement dans une opposition historique à l’empire tsariste, mais aussi dans la crainte d’être à nouveau considéré comme faisant partie d’un bloc dirigé par le Kremlin. En effet, certaines des actions de Vladimir Poutine rappellent ce qu’était l’empire soviétique. Ne serait-ce que pour l’idée, prônée par le gouvernement russe, de tenter de reconstruire une zone d’influence capable d’apporter ces « garanties de sécurité » demandées par Sergueï Lavrov et d’autres ministres et jugées indispensables par les dirigeants moscovites. Des garanties de sécurité qui, cependant, ont tracé une situation beaucoup plus similaire à la situation pré-Pacte qu’à la réalité actuelle.
Une forme de retour vers le passé qui, en raison des conditions survenues ces dernières années, était presque impossible à restaurer. Un affrontement stratégique qui n’a plus ce substrat idéologique qui avait opposé l’URSS et les États-Unis à l’époque de la guerre froide et qui confirme au contraire combien la formation de ces États satellites était une nécessité bien plus stratégique qu’une nécessité politique ou culturelle.
Aujourd’hui, les conditions ne semblent pas réunies pour revenir à un passé où Moscou était la capitale d’un empire à projection européenne. L’absorption d’anciens adhérents de Varsovie par l’OTAN et l’Union européenne est la preuve que la Russie pourra difficilement retrouver un parapluie protecteur sur l’Europe de l’Est comme elle l’a fait à la fin de la guerre froide. Quoi qu’il en soit, le cadre stratégique de cet accord est encore vivant aujourd’hui dans la mémoire des pays situés en deçà de l’URSS, mais aussi dans la capitale russe, où les héritiers de l’école Soviétique sont conscients que la présence d’une zone tampon entre la Fédération et l’OTAN est l’exigence primordiale du Kremlin.