Une coupure totale du gaz russe, un scénario jugé plus probable par le ministre français Bruno Le Maire

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(Rome, 10 juillet 2022). Le gouvernement français se prépare à une coupure totale des approvisionnements en gaz russe, scénario jugé le plus probable dans ses projections actuelles, a déclaré dimanche le ministre des Finances Bruno Le Maire, rapporte le média français «Les Echos Investir».

Avec environ 17% de ses approvisionnements en provenance de Russie, la France est moins dépendante du gaz russe que plusieurs de ses voisins, mais le gouvernement a néanmoins élaboré des plans d’urgence pour faire face à un tarissement des livraisons dans le sillage de la crise provoquée par l’invasion de l’Ukraine.

Une coupure totale du gaz russe est particulièrement problématique en ce moment car le parc nucléaire français peinerait à prendre la relève, de nombreux réacteurs étant à l’arrêt pour des opérations de maintenance.

« Je pense que la rupture totale de l’approvisionnement de gaz venu de Russie est une vraie possibilité et nous devons nous préparer à cette option », a dit Bruno Le Maire en marge d’une conférence aux 22e Rencontres économiques d’Aix-en-Provence (Bouches-du-Rhône). « Je pense qu’il serait complètement irresponsable d’écarter cette option ».

Un peu plus tôt à Aix en Provence, il a qualifié une coupure totale de la fourniture en gaz russe d’«option la plus probable».

Bruno Le Maire a souligné que la première ligne de défense consistait à réduire la consommation énergétique des ménages et des entreprises.

« La meilleure, c’est la sobriété, la meilleure façon de se préparer à ces coupures, c’est d’être très attentif à notre consommation d’énergie. Ça vaut pour les administrations, ça vaut pour les entreprises, ça vaut pour les particuliers », a-t-il dit.

Vient ensuite la construction de nouvelles infrastructures, comme le projet de terminal méthanier flottant permettant de re-gazéifier le gaz naturel liquéfié importé de l’étranger.

De manière plus drastique, le gouvernement regarde aussi, entreprise par entreprise, pour déterminer lesquelles pourraient être contraintes de réduire leur production pour économiser de l’énergie, a ajouté Bruno Le Maire.

Selon la «Rai News», l’Union européenne discutera le 26 juillet d’un plan d’urgence pour l’hiver prochain afin de tenter d’assurer un approvisionnement suffisant en gaz pour surmonter les pics de demande de chauffage et d’électricité.

L’hiver pourrait être encore plus difficile si Moscou décidait d’arrêter les flux, en envisageant des options pour importer du gaz d’ailleurs.

Bloomberg, cité par la Rai News, a également publié une enquête sur la situation du gaz en Allemagne, soulignant comment la poursuite de l’arrêt de l’approvisionnement via Nord Stream 2 (techniquement pour maintenance et pendant 10 jours), pourrait conduire le gouvernement d’Olaf Scholz à des mesures telles que le rationnement.

Alors que Moscou nie utiliser l’énergie comme arme, le calcul de Poutine est aussi simple que cynique. L’Europe cherche désespérément à reconstituer le stockage pour garder les foyers chauffés et les usines en marche pendant l’hiver. Ainsi, plus tôt Moscou prendra des mesures pour perturber davantage les marchés du gaz, plus les prix augmenteront et plus la Russie aura le temps pour en récolter les fruits.

« La Russie a tellement de cartes à jouer », a déclaré Olga Khakova, directrice adjointe du « Global Energy Center de l’Atlantic Council ». « Ils essaient de maximiser les outils dont ils disposent ».

Alors que le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, a déclaré que la Russie serait en mesure d’augmenter les flux de pipelines vers l’Allemagne si les pièces en cours de maintenance étaient réparées, de son côté, Robert Habeck, ministre allemand de l’Economie, ne s’attend pas à un changement.

C’est un signe que Berlin est conscient qu’il lui reste peu d’options.

« L’Allemagne a commis une grave erreur qu’elle soit si dépendante d’un seul pays pour son approvisionnement énergétique, et ce pays est la Russie », a déclaré Habeck dans une interview. « Il a fallu des décennies pour construire la dépendance vis-à-vis du gaz russe et nous cherchons à changer cela en quelques mois », a-t-il dit.