(Rome, Paris, 27 juin 2022). Plusieurs missiles russes de très haute précision ont frappé la capitale ukrainienne : voici comment fonctionnent-ils et pourquoi ils pourraient donner un tournant important aux attaques de Moscou
Ces dernières heures, Vladimir Poutine est revenu frapper la capitale de l’Ukraine, Kiev, avec une salve de missiles (au moins 14) comme on n’en avait pas vu depuis le 6 juin dernier. Deux immeubles résidentiels ont été touchés ainsi que d’importantes colonnes de fumée causées par les bombardements d’universités, de restaurants et de galeries d’art ont été observées. A ce jour, le bilan de cette attaque fait état de sept morts. L’armée de l’air ukrainienne a fait savoir que les Russes ont attaqué avec des missiles Kh-101 de haute précision, explique Alessandro Ferro dans les colonnes du journal italien «Il Giornale».
Pourquoi ils sont si destructeurs
S’ils sont les plus chers de Russie, il doit y avoir une raison : en plus de pouvoir voler jusqu’à 5.500 kilomètres, ils disposent de systèmes de guidage avancés et sont capables d’atteindre des cibles avec une importante précision. Cela pourrait être le tournant que souhaite Poutine, afin de tenter de gagner la guerre dans le Donbass et répondre à l’aide occidentale qui fournit à Zelensky des armes et un système de défense contre l’armée russe. Ceux qui ont frappé Kiev ont été tirés depuis la mer Caspienne : leur fonctionnement nécessite que les avions de chasse Tupolev 95 et 160 prennent simplement l’air et, une fois qu’ils ont atteint la hauteur appropriée, lancent ces missiles.
Leur développement
Comme le rappelle le portail spécialisé Missilethreat, le Kh-101 (ainsi que le 102) a été conçu comme un missile de croisière à longue portée pour remplacer les anciens Alcm Kh-55 et Kh-555. « Il se déplace sur une trajectoire de vol à basse altitude sous des systèmes radar et infrarouge, et son utilisation de matériau composite absorbant les signaux radars, rend difficile la détection du missile », expliquent les experts. Ils sont si précis car ils utilisent la navigation électronique par satellite Glonass (l’équivalent russe du GPS) et le guide du terminal « TV ». Ils ont été conçus par des ingénieurs soviétiques à la fin des années 1980 et développés à la fin des années 1990. Le Kh-101 a été testé avec succès en août 2003 mais n’est entré en service que dix ans plus tard, en 2013.
« Ils volent à hauteur d’arbre »
En outre, ce système de missile est composé de matériaux spéciaux capables d’«absorber» le signal radar pour ne pas être détecté. Il en va de même avec les capteurs infrarouges, c’est pourquoi Kiev n’aurait pu en neutraliser qu’un (sur 14) lors de la récente attaque. En contournant les systèmes de défense, il sera difficile pour l’Ukraine de pouvoir contrer cette nouvelle et efficace menace russe. La longueur d’un missile est d’environ sept mètres et demi, pesant près de 2.500 kg et peut aussi voler à des « niveaux à hauteur d’arbre », entre 30 et 60 mètres, mais en moyenne, il avance à une altitude de six mille mètres. Enfin, la durée de la mission estimée à environ 10 heures de vol, est également très performante.