Que sont ces «robots tueurs» de Poutine et comment fonctionnent-ils ?

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(Rome, 30 avril 2022). Ces derniers jours, Vladimir Poutine a menacé d’une réponse « foudroyante » de Moscou contre quiconque oserait s’immiscer dans les événements qui se déroulent en Ukraine. Le président russe a utilisé des termes emblématiques, dans des phrases qui ont immédiatement déclenché les signaux d’alarme. « Si quelqu’un a l’intention d’intervenir de l’extérieur et de créer des menaces qui sont inacceptables pour nous, alors qu’il sache que notre réponse à ces attaques sera rapide et fulgurante », a tonné le chef du Kremlin, ajoutant qu’il disposait de tous les outils nécessaires pour le faire. Des outils « dont personne d’autre ne peut se vanter de disposer » et qui pourraient être utilisés « si nécessaire ».

A lire : Le bluff de Poutine sur l’utilisation «d’outils dont personne d’autre ne peut se vanter de disposer»

Poutine n’a pas donné plus de détails sur les outils dont il a parlé, comme le souligne Federico Giuliani dans le quotidien «Il Giornale/Inside Over», ouvrant ainsi la voie à diverses hypothèses et possibilités. Entre les armes hypothétiques, et ceux qui, au contraire, affirment que le dirigeant russe bluffe, une nouvelle hypothèse a émergé ces dernières heures qui mérite d’être étudiée. C’est ce qu’a souligné au média «Adnkronos» Fabrizio Battistelli, sociologue président de l’Institut international de recherche sur les archives du désarmement (Iriad).

Les robots tueurs

En laissant une seconde de côté à la fois l’hypothèse du bluff et l’utilisation d’armes nucléaires tactiques, voici une troisième voie possible. Il s’agirait, pour l’essentiel, de la même voie annoncée en 2018, « lorsque Poutine faisait référence à des armes inégalées et révolutionnaires, que la Russie, il y a 4 ans, aurait été capable de produire », a déclaré Battistelli.

« S’il s’agit effectivement d’armes jamais vues auparavant, on peut se demander s’il s’agit d’engins autonomes, comme ceux que la Russie et les États-Unis étudient. Des dispositifs sans contrôle humain, connus en termes journalistiques sous le nom de robots tueurs, dotés d’une capacité d’intelligence artificielle capable d’identifier la cible et de décider de tirer de manière autonome », a poursuivi Battistelli.

En général, les robots tueurs – que nous allons tenter de mieux expliquer – sont des armes conventionnelles et contournent les accords «New Start» signés entre la Russie et les États-Unis. De par leurs caractéristiques, elles n’engageraient donc plus la responsabilité humaine mais celle artificielle des machines. Eh bien, il n’y a pas de législation spécifique sur les armes de ce type.

Fonctionnement et utilisation

Les robots tueurs ne sont rien de plus que des drones tueurs capables d’atteindre des cibles spécifiques en s’appuyant sur l’intelligence artificielle (IA). Ces dernières années, Poutine avait identifié le développement d’armes basées sur l’IA comme l’une des priorités militaires de la Russie.

Moscou semble disposer d’essaims d’armes autonomes de nouvelle génération, bien que nous ne sachions pas si elles ont déjà été utilisées ou seront utilisées à l’avenir dans le conflit ukrainien. Ce qui est certain, c’est que peu de temps avant le déclenchement de la guerre en Ukraine, les forces russes ont testé leurs propres nouveaux drones « en essaim », ou des armes autonomes sans pilote, capables de suivre et d’abattre les avions ennemis.

Le 15 mars, le Bulletin «of the Atomic Scientists» avait parlé d’un drone de fabrication russe, le KUB-BLA, potentiellement capable de sélectionner et de toucher des cibles via des coordonnées saisies, ou de manière autonome. En d’autres termes, lorsque des soldats remettent à ce drone une image téléchargée, le système pourrait reconnaître et classer les objets détectés en temps réel grâce à l’intelligence artificielle. Il semble que les analystes aient repéré un KUB-BLA sur le champ de bataille ukrainien. Seraient-ce les outils cités par Poutine ?