Jorge Moreira, un Portugais de 43 ans, a été arrêté par les autorités espagnoles ce jeudi 21 avril. L’homme est recherché par le Liban « pour un délit de terrorisme et usage d’explosifs entraînant la mort, avec une peine maximale prévue de réclusion à perpétuité », selon le tribunal espagnol.
Les autorités espagnoles ont annoncé jeudi l’arrestation et le placement en liberté provisoire d’un Portugais recherché par Interpol en lien avec l’explosion qui avait fait plus de 200 morts en août 2020 dans le port de Beyrouth.
Jorge Moreira, Portugais de 43 ans, a été arrêté mercredi à Madrid et placé en « liberté conditionnelle » avec « interdiction de quitter le territoire » dans l’attente de l’examen de la demande d’extradition vers le Liban par le haut tribunal espagnol de l’Audience nationale, a indiqué l’un de ses porte-paroles à l’AFP. L’homme est recherché par le Liban « pour un délit de terrorisme et usage d’explosifs entraînant la mort, avec une peine maximale prévue de réclusion à perpétuité », a précisé le tribunal espagnol.
Jorge Moreira avait d’abord été arrêté au Chili à son arrivée à l’aéroport de Santiago à bord d’un vol en provenance d’Espagne, avant d’être immédiatement renvoyé vers Madrid, en coordination avec Interpol, avait annoncé la police chilienne mercredi. Il est soupçonné d’avoir introduit des « éléments explosifs » au Liban, en lien avec l’explosion d’août 2020, selon Christian Saez, responsable de la police de l’aéroport de Santiago.
« La notice rouge à l’encontre de cette personne était en vigueur jusqu’à aujourd’hui (mercredi). De manière générale, elle permet de localiser et arrêter une personne dans un pays étranger », expliquait Maximiliano MacNamara, responsable d’Interpol à Santiago. Selon le quotidien portugais Jornal de Noticias, Jorge Moreira travaillait jusqu’en 2016 pour la Fabrique d’explosifs du Mozambique. C’est en tant que salarié de cette entreprise qu’il aurait passé une commande de nitrate d’ammonium qui devait être acheminé depuis la Géorgie vers le Mozambique, mais qui a fini par être stocké dans le port de Beyrouth. D’après le journal portugais, la Cour d’appel de Porto n’avait pas donné suite, en juin 2021, à la demande d’extradition adressée au Portugal par le Liban, celui-ci n’ayant pas fourni toute la documentation nécessaire dans les délais requis.
Plusieurs centaines de tonnes de nitrate
À l’époque, Jorge Moreira vivait dans le nord du Portugal, entre Paços de Ferreira, où il résidait, et Bragança, où il travaillait comme cadre d’une société de produits surgelés, rapporte encore ce quotidien portugais. L’explosion, le 4 août 2020, de plusieurs centaines de tonnes de nitrate d’ammonium, stockées depuis des années dans le port de Beyrouth « sans mesure de précaution » de l’aveu même des autorités, avait fait plus de 200 morts, dévastant des quartiers entiers de la capitale. L’enquête sur l’explosion est suspendue depuis des mois.
Pointées du doigt pour négligence criminelle, les autorités sont accusées par les familles des victimes et des ONG de la torpiller pour éviter des inculpations. En janvier 2021, une source judiciaire libanaise avait indiqué à l’AFP qu’Interpol avait informé les autorités libanaises avoir émis à leur demande des « notices rouges » contre trois personnes liées à l’explosion. Selon cette source, les notices, réclamées par le juge libanais Ghassan Khoury, concernaient le propriétaire et le capitaine d’un navire qui avait transporté une grande cargaison de nitrate d’ammonium à l’origine de l’explosion, ainsi qu’un homme d’affaires portugais à l’origine de la commande de cette cargaison.
Les 2.750 tonnes de nitrate d’ammonium étaient arrivées au port de Beyrouth en novembre 2013 sur un bateau battant pavillon moldave, parti de Géorgie à destination du Mozambique. Les autorités portuaires les avaient stockées dans un entrepôt délabré aux murs fissurés, selon des responsables libanais, tandis que le « Rhosus », immobilisé après le lancement de poursuites contre le propriétaire, a fini par couler dans le port en 2018. (La Dépêche)