En appel, le Tribunal spécial pour le Liban (TSL) a reconnu coupables deux sympathisants du Hezbollah pour l’attentat perpétré contre l’ancien Premier ministre libanais Rafic Hariri en février 2005, ce jeudi 10 mars, à La Haye.
Au terme d’un procès fleuve, Hussein Oneissi et Hassan Merhi avaient été acquittés en première instance en août 2020, rappelle notre correspondante à La Haye, Stéphanie Maupas, comme le rapporte le site de «Radio France Internationale».
Mais jeudi 10 mars, les deux hommes ont été finalement reconnus coupables en appel de complot en vue de commettre un acte de terrorisme et de complicité d’homicide intentionnel, pour leur participation à l’établissement d’une fausse revendication, lancée juste après l’attentat, qui avait fait 21 morts et 226 blessés en février 2005.
Rafic Hariri, Premier ministre libanais jusqu’à sa démission en octobre 2004, avait été tué lorsqu’un kamikaze avait fait sauter une camionnette remplie d’explosifs au passage de son convoi blindé à Beyrouth
« La chambre a décidé à l’unanimité d’annuler les acquittements de M. Merhi et M. Oneissi. Nous déclarons à l’unanimité M. Merhi et M. Oneissi coupables », a déclaré Ivana Hrdlickova, juge présidente du TSL, qui avait déjà condamné à la perpétuité en 2020 par contumace un autre membre présumé du Hezbollah, Salim Ayyash, notamment pour homicide intentionnel.
En acquittant les deux hommes lors du procès en première instance, les juges avaient invalidé les pièces à conviction prouvant, selon l’accusation, leur rôle dans une fausse revendication de l’attentat à Al Jazeera.
Ces preuves, basées sur un nombre important d’échanges avec différents téléphones portables utilisés par les accusés dans les heures qui ont suivi l’assassinat de Rafic Hariri, ont finalement convaincu la chambre d’appel.
La chambre d’appel a déclaré dans un communiqué avoir « conclu que la chambre de première instance avait commis des erreurs de droit invalidant le jugement et des erreurs de fait ayant entraîné un déni de justice ».
De nouvelles audiences seront organisées dans les prochains mois pour débattre de la sentence. En août 2020, l’un des chefs de l’opération, Salim Ayyash, lui aussi jugé par contumace, avait déjà été condamné à la perpétuité.
Mais même si les juges ont immédiatement délivré des mandats d’arrêt contre les deux Libanais, ils ne connaîtront sans doute jamais la prison. Dès la création de ce Tribunal, le Hezbollah avait promis de « couper la main » de ceux qui livreraient les accusés.
Les commanditaires de cet attentat n’ont jamais été clairement identifiés par ce Tribunal, même si le jugement avait effleuré le rôle de la Syrie, tout en précisant qu’il n’y avait pas de preuves directes. Il est désormais trop tard. Faute de financement, le TSL devrait fermer ses portes dans les mois à venir, sans avoir conduit les procès relatifs aux autres attentats de l’époque, ciblant personnalités politiques et journalistes.
En 2006, le gouvernement libanais a accepté de coopérer à la formation d’un tribunal spécial de l’ONU, basé aux Pays-Bas, pour enquêter sur le meurtre de Hariri, comme le rappelle le quotidien italien «Il Post». C’était la première fois qu’un tribunal international était créé pour identifier les individus responsables d’un attentat terroriste. Le tribunal a alors formulé ses demandes d’arrestation de certains citoyens libanais, tous membres du Hezbollah, qui a cependant toujours rejeté les accusations portées contre eux, rejetant la responsabilité de l’attentat sur les services secrets israéliens.
Hariri était un musulman sunnite et selon de nombreux observateurs, il reviendrait bientôt à la tête du gouvernement, qu’il avait quitté quelques mois avant d’être tué. Son assassinat, note le média italien, a été un moment historique pour le Liban : des dizaines de milliers de personnes sont descendues dans la rue pour manifester contre le nouveau gouvernement, le tenant pour responsable et exigeant le retrait immédiat des troupes syriennes qui occupaient le pays depuis plus de 29 ans.