Israël simule une attaque contre l’Iran, les États-Unis renforcent les Émirats

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(Rome, Paris, 04 février 2022). Une frappe aérienne a été simulée par l’armée de l’air israélienne contre d’hypothétiques centrales nucléaires iraniennes. Pendant ce temps, les États-Unis envoient des moyens pour défendre les Émirats

L’armée de l’air israélienne a mené un exercice simulant une attaque massive sur un site du programme nucléaire iranien, rapporte en exclusivité le média «Kan News». Le raid simulé il y a deux semaines a engagé des dizaines d’avions de chasse. Un officier de l’US Air Force a participé en tant qu’observateur. L’exercice comprenait divers scénarios, y compris le ravitaillement en vol pour rendre l’action continue, les frappes à longue portée et les réponses aux missiles anti-aériens.

Selon Emanuele Rossi du quotidien «Formiche», Israël et les Etats-Unis étudient depuis un certain temps un plan secondaire, de nature offensive, dans le cas où les choses tournent mal avec l’Iran. Dans les prochaines semaines, une étape définitive est attendue dans le processus diplomatique de recomposition du JCPOA, l’accord pour le gel du programme nucléaire iranien signé en 2015 et mis en grande difficulté par le retrait unilatéral décidé en 2018 par l’administration Trump.

Les responsables israéliens et américains de divers rangs et secteurs – politique, militaire, renseignement – entretiennent un dialogue constant. Jérusalem veut éviter que Washington ne conclue un accord trop désavantageux pour ses propres intérêts – qui voient Israël déterminé à contenir la République islamique, identifiée comme un ennemi existentiel de l’État hébreu.

C’est aussi la raison pour laquelle Jérusalem va de l’avant, tout comme elle l’a pratiqué à travers des opérations clandestines menées par le Mossad – souvent en coopération ou en partage avec la CIA. Ainsi, tout récemment, Téhéran a communiqué à l’Agence internationale de l’énergie atomique le transfert de la production de centrifugeuses du site de Karaj – endommagé par un sabotage attribué au Mossad – vers Ispahan. Pour les Iraniens, ce site peut garantir une plus grande sécurité.

Les Israéliens voient la menace iranienne plus large que le dossier nucléaire lui-même, poursuit Emmanuel Rossi. Téhéran, par le biais des Pasdaran, contrôle en fait un réseau de milices qui suivent un agenda plus ou moins hétéro-dirigé depuis l’Iran (avec quelques variations, étant donné que ces milices acquièrent de plus en plus d’indépendance, renforcées par l’aide militaire et … non militaire iranienne).

Dans ce contexte – où l’atteinte du niveau de dissuasion nucléaire ferait de l’Iran un acteur beaucoup plus difficile à endiguer – l’actualité centrale concerne les attentats de la milice yéménite Houthi, liée aux Pasdaran, contre les Émirats arabes unis, nouveaux alliés d’Israël depuis les accords abrahamiques.

La recomposition du JCPOA, les actions des milices chiites et les exercices israéliens, ne sont qu’en apparence des dossiers séparés ; faisant plutôt partie d’un même dossier complexe et articulé, dans lequel les États-Unis sont contraints d’évoluer pour éviter de voir des alliés stratégiques (comme Jérusalem et Abou Dhabi), se tourner vers d’autres acteurs rivaux comme la Russie ou la Chine, ou agir en toute indépendance avec le risque d’une large déstabilisation. Alors que pour Washington, l’équilibre est nécessaire dans le quadrant, pour pouvoir tout gérer à distance et se consacrer ailleurs.

Ces derniers jours, le Pentagone a décidé d’envoyer le destroyer lance-missiles « USS Cole » et plusieurs avions de chasse aux Emirats, afin de confirmer son intérêt pour la question sécuritaire d’Abou Dhabi mise en crise en raison des attaques continues des Houthis. Des attaques qui n’ont jusqu’à présent produit que des dégâts mineurs grâce à l’interception de certains missiles par le système de défense aérienne américain.

Ce renforcement de la présence américaine dans la zone, est un moyen de rassurer en cas de besoin les Emirats, qui entre-temps, sont en discussion avec Israël pour l’acquisition du radar Green Pine (qui opère en modes simultanés de recherche/détection et de guidage des missiles. Il peut détecter des cibles jusqu’à 500 km de distance se déplaçant jusqu’à 3 000 m/s, ndlr) et peut-être du bouclier aérien Iron Dome.

Des moyens pour se défendre des drones et missiles que les Yéménites ont mis au point grâce aux composants fournis par l’Iran. Un schéma qui ne déplaît pas Washington, qui contribue à fournir des renseignements aux deux alliés visant à anticiper les mouvements iraniens.