Le délire du terroriste islamiste: «des vidéos d’exécutions ? Comme en regardant Netflix»

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(Rome, Paris, 16 janvier 2022). Interrogé par les juges à Paris Mohamed Abrini, le terroriste belge d’origine marocaine impliqué dans les attentats du Bataclan et de Zaventem, justifie les tueries et les viols : « Ce qui est radical pour vous, c’est l’islam normal pour moi »

« L’islam enseigné par le prophète n’est pas compatible avec la démocratie ». Les propos de Mohamed Abrini, le djihadiste belge d’origine marocaine accusé d’être impliqué dans les attentats du Bataclan et de l’aéroport de Zaventem, résonnent dans la salle d’audience du Palais de justice de Paris, comme le rapporte Alessandra Benignetti dans le quotidien «Il Giornale». C’est ici que s’est ouvert en septembre dernier le procès des attentats du 13 novembre 2015 au cours desquels 130 personnes ont perdu la vie. Vingt prévenus sont présents à la barre, parmi eux se trouve Salah Abdeslam, l’unique survivant du commando qui a massacré la salle de concert du boulevard Voltaire, le Stade de France et plusieurs bars et restaurants de la capitale française. Il a été testé positif au Covid et pour cette raison son interrogatoire a été reporté.

Entre-temps, doit être entendu par le président du Tribunal spécial, Jean-Louis Périès, l’ami d’enfance de Salah, âgé de 37 ans, qui a accompagné le « boucher » du Bataclan à Paris pour perpétrer le massacre. Pour les juges, il n’est en aucun cas un personnage de second plan. En plus d’être complice des frères Abdeslam dans les attentats de Paris, il est également accusé de faire partie de la cellule qui a organisé l’attentat du 22 mars 2016 contre l’aéroport de Bruxelles Zaventem, où 32 personnes ont perdu la vie. Il s’agit du « troisième », celui capturé par les caméras de surveillance alors qu’il sortait des terminaux avec un chapeau, arrêté le 8 avril de la même année à Anderlecht, aux portes de la capitale belge. Ce n’est donc pas un hasard si, comme le soulignent les médias français, il figure en tête de liste des personnes à interroger.

Abrini ne regrette rien, au contraire. C’est un fleuve en crue et il se lance dans un véritable sermon. « La charia, prêche-t-il, est la loi divine et est au-dessus de la loi des hommes ». Et s’il était libre, ajoute-t-il, il irait vivre « dans un pays où la loi islamique est appliquée ». « Ce qui est radical pour vous, pour moi, c’est l’islam normal, insiste-t-il ». Originaire de Berchem-Sainte-Agathe, une de ces banlieues bruxelloises où Mohammed est le prénom sur le registre de l’état civil, avant de devenir terroriste il fait des allers-retours en prison pour des larcins et délits de droit commun. Il fume du cannabis, boit, sort en discothèque et joue au casino. Occasionnellement, il travaille comme technicien ou serveur.

Il fréquente tous les jours le bar « Les Béguines » à Molenbeek, tenu par les frères Abdeslam, qui ne s’intéressaient alors qu’au trafic de drogue. C’est ici qu’il sait qui sera le coordinateur des attentats du 13 novembre, Abdelhamid Abaaoud, aux côtés d’un autre djihadiste, Ahmed Dahmani. « A l’époque (en 2014) – raconte-t-il en répondant aux questions de M. Périès – il y avait chaque jour une nouvelle vidéo de propagande ». « C’est comme les jeunes qui suivent la série sur Netflix, ils veulent savoir ce qui se passe ensuite ». Dommage que, dans ce cas précis, il s’agisse de séquences d’exécutions. 6.628 images de propagande radicale ont été retrouvées par les enquêteurs sur son téléphone portable.

La même année 2014, alors qu’il est en prison, il découvre que son frère cadet, Souleymane, parti combattre en Syrie sous les drapeaux de l’État islamique, a été tué. A ce moment-là, Abrini commence à fréquenter les mosquées, à lire le Coran. Il se radicalise. Il pense qu’il devrait aussi s’enrôler pour combattre les infidèles. Et il se rend réellement en Syrie, du 23 juin au 9 juillet 2015, quelques mois avant d’accompagner les frères Abdeslam à Paris pour tuer au nom d’Allah. C’est lui qui l’avoue devant les juges dans le nouvel interrogatoire qui s’est tenu le 12 janvier dernier.

« Il est allé là-bas pour combattre un régime corrompu, celui de Bachar al Assad », dit-il à propos de son frère. Peu importe que la brigade dont il faisait partie ait été le protagoniste de crimes odieux, même contre des civils : « C’est la guerre, c’est comme ça, c’est le devoir de tous les musulmans de faire le djihad ». Le djihad, continue-t-il de se justifier, fait partie de l’islam. C’est un devoir de protéger les opprimés. Le djihad est un devoir pour tous les musulmans, même s’il se transforme en guerre de conquête ». « Ceux qui se font exploser sont une réponse au bombardement ». « Au point de blâmer les gens qui s’assoient dans les « terrassas » ou écoutent un concert ? », objecte le président de la Cour, ajoute Alessandra Benignetti dans son article.

« La guerre c’est comme ça – continue Abrini – il y a aussi eu des décapitations en France. Vous avez vous-mêmes décapité votre roi ». Le viol des femmes yézidies pour le terroriste condamné à la réclusion à perpétuité n’est pas non plus à blâmer. « Vous appelez ça un viol, mais c’est quelque chose qui se passe dans toutes les conquêtes. Quand il s’agit d’Alexandre le Grand ou de Napoléon, les historiens les appellent des plans de naissance. J’accepte tout cela, comme vous acceptez toute l’histoire de France, avec ses pages lumineuses et ses pages sombres ».

Lorsque le président lui demande s’il est nécessaire de se faire exploser pour tuer autant d’infidèles que possible, comme il l’a écrit dans son serment d’allégeance à l’État islamique, Abrini répond qu’il n’en est pas capable. « Mais je suis prêt à prendre les armes, ajoute-t-il, pour aller me battre. Les attentats sont la réponse à la violence ». « Je n’ai tué personne, je n’étais pas en France », se défend-il. Une phrase répétée jusqu’à l’obsession tout au long de l’audience. Pour les massacres, en revanche, aucun mot de condamnation. Et pour les victimes, pas de pitié.