La Finlande préfère le F-35 au Rafale

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(Rome, Paris, 10 décembre 2021). Helsinki a annoncé la signature d’un contrat de 8,4 milliards d’euros avec l’américain Lockheed Martin pour 64 avions de combat F-35. Une nouvelle défaite cuisante en Europe pour le Rafale.

Une fois de plus, le Rafale doit s’incliner. Ce vendredi, la Finlande a annoncé avoir choisi le F-35 américain pour renouveler sa flotte. La commande porte sur 64 appareils F35-A pour un montant de 8,4 milliards d’euros. Il s’agit du plus gros contrat d’armement de l’histoire du pays.

Produits par Lockheed Martin, les F-35, avions furtifs de cinquième génération, viendront remplacer la soixantaine de F/A-18 qui équipent actuellement l’armée de l’air finlandaise. Les nouveaux avions de combat devront voler jusqu’en 2060. Ils auront notamment la charge de sécuriser une frontière de 1.300 kilomètres avec la Russie.

Suprématie en Europe

« Le F-35 a répondu aux exigences en matière de préparation, de coopération industrielle et de coût, a déclaré le ministre de la Défense Antti Kaikkonen, lors d’une conférence de presse. En comparant les capacités militaires, le système global du F35 était le meilleur pour répondre à nos besoins. Ses capacités de combat, de renseignement et de résilience étaient les meilleures ».

Dans le dossier finlandais, le F-35 avait pour concurrent l’Eurofitghter Typhoon, le Gripen de Saab, le Super Hornet de Boeing et surtout le Rafale de Dassault. L’avion américain signe ainsi une deuxième victoire en quelques mois sur le territoire européen face à son adversaire français. En juin, Lockheed Martin avait déjà arraché une commande, par la Suisse, de 36 appareils, alors que le Rafale avait un temps été donné vainqueur.

L’Europe est le terrain de jeu favori de l’avionneur américain. Celui-ci vient de porter à neuf le nombre de contrats passés avec des nations européennes. Avant la Suisse et la Finlande, le Royaume-Uni, les Pays-Bas, la Belgique, la Norvège, le Danemark, l’Italie et la Pologne avaient déjà fait le choix du F-35.

Le Rafale, qui vient de signer son plus gros succès à l’export avec la commande de 80 unités par les Emirats arabes unis, contre un chèque de 16 milliards d’euros, n’est toutefois pas complètement bredouille sur le Vieux continent. Dassault a enregistré cette année une commande de 24 appareils – en deux temps – de la part de la Grèce. Le mois dernier, Emmanuel Macron a acté l’achat, par la Croatie, de 12 avions d’occasion. Mais l’avion français ne s’est jamais imposé sur le marché européen quand son rival américain était sur les rangs.

Réactions amères

La Finlande, qui n’est pas membre de l’Otan afin de garder une certaine neutralité face à son voisin russe, a toutefois un partenariat étroit avec l’Otan depuis 1994, qui s’est encore renforcé au cours des années passées face à l’attitude agressive de la Russie. La Finlande participe ainsi à la Force de réaction de l’OTAN (NRF) renforcée. Le pays souligne ainsi qu’il sera en phase avec ses voisins du Danemark et de Norvège, qui sont aussi équipés en F-35.

L’autre partenaire, la Suède, qui espérait consolider son partenariat avec Helsinski avec le, Lockheed Gripen de Saab, s’est déclarée déçue mais s’est engagée à poursuivre les coopérations avec son « partenaire le plus proche en matière de sécurité et de défense ». Boeing aussi a commenté un choix douloureux, en soulignant que la société misait toujours sur un intérêt international important pour son Super Hornet. De son côté, Dassault Aviation s’est désolé qu’une fois encore, il faille constater et regretter « une préférence américaine en Europe ».

Quant aux Finlandais, ils ont justifié leur choix en évoquant une offre moins chère avec une efficacité opérationnelle supérieure, des possibilités d’évolution de capacités, une sécurité d’approvisionnement et un fort potentiel pour l’industrie du pays avec la création de 4.500 emplois directs. Lockheed Martin a promis d’installer en Finlande des installations de fuselage et de composants ainsi que de maintenance. Une coopération est même promise pour l’assemblage final des moteurs de l’avion avec Pratt and Whitney. Outre, l’achat des avions de chasse, le contrat porte aussi sur l’armement jusqu’en 2035.

Le F-35 termine l’année en beauté

Pour le F-35, l’année 2021 se termine en tout cas sur de beaux succès à l’exportation. La Suisse a annoncé avoir ajusté les contrats d’acquisition pour ses 36 avions F-35A afin d’actualiser les taux de change, portant la facture à 6,035 milliards de francs (5,79 milliards d’euros) pour les avions de combat et à 1,98 milliard de francs (1,9 milliard d’euros) pour les unités du système de défense sol-air Patriot de Raytheon. Ces crédits d’engagement doivent être soumis au Parlement suisse l’an prochain, sachant qu’un mouvement contre l’avion de chasse tente de réunir les 100.000 signatures nécessaires à une nouvelle consultation populaire pour ou contre l’avion.

Enfin le Canada, qui doit renouveler aussi renouveler sa flotte d’avions de chasse et qui avait mis en compétition le F-35, le Super Hornet de Boeing et le Gripen du suédois Saab, semble avoir éliminé Boeing, ce qui laisse la voie quasi libre au chasseur américain.

Le F35 équipe 15 pays dans le monde. Hors d’Europe et des Etats-Unis, l’avion multirôle, dont les diverses versions cumulent 730 exemplaires à ce jour, est en Israël, au Japon, en Corée du Sud, en Australie et à Singapour. Plus l’avion est vendue, plus son prix de revient chute, Lockheed évoquant une baisse du coût de l’heure de vol de 44 % depuis 2015.

Par Florian Maussion, Anne Bauer. (Les Echos)