(Rome, 06 décembre 2021). Le président turc : « Nous voulons améliorer les relations avec les États du Golfe »
L’un des objectifs diplomatiques de la Turquie est de rétablir et d’améliorer les relations avec les États du Golfe. C’est ce qu’a déclaré le président turc, Recep Tayyip Erdogan, aux journalistes présents à son arrivée à l’aéroport de Doha, la capitale du Qatar, selon l’agence italienne «Nova News». « Nous nous félicitons de toute tentative de rouvrir le dialogue et d’éliminer les malentendus », a déclaré le chef de l’Etat turc, faisant référence aux désaccords diplomatiques avec les pays du Golfe. Erdogan s’est également arrêté pour parler des relations entre la Turquie et le Qatar, qu’il a qualifiées d’«historiques» et destinées à «s’améliorer». D’après ce qui a été révélé par le président turc, Ankara et Doha ont déjà conclu des accords importants dans divers domaines (de l’économique au militaire) auxquels s’ajouteront ceux qui seront signés demain, à l’issue de la réunion prévue avec le L’émir Tamim ben Hamid al Thani. Un sujet de discussion important sera la gestion de l’aéroport de Kaboul, la capitale de l’Afghanistan, qu’Ankara et Doha souhaiteraient gérer conjointement. Au cours du voyage diplomatique, Erdogan rendra visite également au commandement général de la base militaire de Doha, où sont présentes des unités des armées de la Turquie et du Qatar.
Les relations entre la Turquie et le Qatar, établies en 1972, ont atteint un haut niveau d’entente au cours de la dernière décennie. En effet, Ankara et Doha se sont mis d’accord sur plusieurs scénarios entre le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord, comme celui de la Libye (où les deux parties ont soutenu l’ex gouvernement Sarraj d’unité nationale reconnu par la communauté internationale) et de la Syrie (où elles soutiennent l’opposition au président Bachar al Assad). Par ailleurs, en 2017, lors du déclenchement de la crise du Golfe qui a isolé le Qatar des pays voisins (CCG) en raison de ses liens avec l’Iran et les Frères musulmans, la Turquie a soutenu Doha avec une aide économique et humanitaire. Récemment, ajoute Nova News, avec la visite de Mohammed ben Zayed Al Nahyan, le prince héritier des Émirats arabes unis, à Ankara, la Turquie a œuvré dans le sens de réduire les tensions et les rivalités avec Abou Dhabi et Riyad.
La visite du président Erdogan chez l’allié du Golfe intervient au milieu d’une grave crise économique en Turquie : avec un taux de change de 13,77 livres turques pour un dollar américain et une inflation à 21 %, Ankara fait face à une période de difficultés économiques qui pourrait coûter cher à Erdogan sur le plan politique, au vu des sondages qui voient le Parti de la justice et du développement (AKP) en baisse dans les intentions de vote. La politique monétaire et financière d’Erdogan, engagé à réduire continuellement les taux d’intérêt dans l’espoir d’atténuer les effets de la crise sur la population, (le taux d’intérêt national est à 15 % après les réductions de ces dernières semaines), ainsi que le choix impopulaire de limoger Lefti Elvan, désormais ancien ministre du Trésor et des Finances, a conduit Ankara à envisager la possibilité de se tourner à nouveau vers son allié qatari. Déjà en 2018, face à la crise monétaire et de la dette de la Turquie, le Qatar a investi environ 15 milliards de dollars dans le pays méditerranéen et a signé un partenariat financier entre la Banque centrale du Qatar et son homologue turque, donnant ainsi vie à l’économie de l’allié.