Défense, sécurité et plus encore. Ainsi les relations entre le Maroc et Israël se renforcent

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(Rome, 24 novembre 2021). La coopération entre le Maroc et Israël, qui a commencé avec l’adhésion de Rabat aux accords abrahamiques et après que l’Algérie voisine a reçu le soutien total de l’Iran, est renforcée

Le ministre israélien de la Défense Benny Gantz est arrivé en fin de soirée du 23 novembre à l’aéroport de Rabat dans ce qui est considéré, par les analystes locaux, comme une visite historique et loin d’être symbolique, quelques jours après le premier anniversaire de la reprise des relations entre le Maroc et Israël, scellé le 10 décembre 2020 sous l’égide de Washington dans le cadre des accords abrahamiques, et qui représente donc un renforcement de ceux-ci.

Comme le souligne Massimiliano Boccolini dans son analyse dans «Formiche», il s’agit de la deuxième visite d’un ministre israélien au Maroc, quelques mois après celle de Yair Lapid, chef de la diplomatie israélienne, qui a eu lieu le 11 août dernier. Mais la visite de Gantz est plus significative dans un contexte de grandes tensions entre le Maroc et l’Algérie sur la question du Sahara occidental, déclenchées par la reconnaissance de la souveraineté marocaine sur la région par les États-Unis et par un certain nombre de pays arabes et africains.

Un an après la normalisation entre les deux États, ce sont sans conteste les questions relatives à la coopération en matière de défense et de sécurité qui renforcent la nouvelle relation entre les deux pays. L’État hébreu est également l’un des principaux exportateurs mondiaux de drones armés. Toutefois, les ventes de drones armés et de certaines technologies de pointe doivent être approuvées par le ministère de la Défense dirigé par Gantz. Les deux parties ont convenu de formaliser la coopération en matière de sécurité dans un protocole d’accord exposant des plans visant à établir un comité conjoint pour approfondir la coopération dans des domaines, tels que l’échange de renseignements, la recherche et la formation militaire conjointe, soulignant que le protocole signé ne comprend pas d’accords spécifiques, mais permet aux entreprises de défense israéliennes d’échanger avec le Maroc.

Gantz a en effet signé un accord de sécurité qui permettra donc aux industries militaires israéliennes d’entrer en contact avec leurs homologues marocaines. Ainsi Rabat, qui fait l’objet ces derniers mois de menaces de la formation séparatiste du Front Polisario au-delà du mur de défense, renforce le secteur de sa défense. La question de la menace iranienne a également été abordée dans les pourparlers entre les dirigeants, notamment après que Téhéran était le seul gouvernement de la région à soutenir la décision de l’Algérie de rompre les relations diplomatiques avec Rabat.

La défense et la sécurité n’ont pas été les seuls sujets abordés à Rabat. La question de l’énergie a occupé une place importante au cours des discussions entre les parties. La société israélienne Ratio Petroleum avait récemment annoncé un partenariat avec Rabat pour l’exploration d’hydrocarbures au large de Dakhla.

Le ministre israélien de la Défense a commencé sa visite officielle dans la matinée du mercredi 24 novembre en se rendant au mausolée de Rabat, où se trouvent les tombes des dirigeants marocains décédés Mohammed V et Hassan II. « Nous travaillerons tous ensemble pour un avenir meilleur et pour le partenariat et la paix entre les nations et les peuples », a écrit Gantz dans un message publié sur son compte Twitter.

La visite du ministre israélien au mausolée Mohammed V fait suite à l’appel du président de l’Institut du monde arabe (IMA), Jack Lang, à reconnaître le défunt roi Mohammed V comme « Juste parmi les nations », pour avoir protégé la communauté juive pendant la Seconde Guerre mondiale, sous le régime de Vichy.

« Permettez-moi en ce moment d’espérer qu’une des personnalités fortes du monde arabe qui a marqué son désir permanent de respect de toutes les religions, je pense au Roi Mohammed V, qu’il soit enfin reconnue comme Juste parmi les Nations. Comme on le sait, il a protégé les juifs marocains contre le régime de Vichy. Cela n’a rien à voir avec la façon dont les juifs algériens ont été torturés, enfermés, maltraités, relégués depuis l’abrogation du décret Crémieux », a déclaré M. Lang, lors de l’inauguration officielle, lundi 22 novembre, de l’exposition-événement « Les Juifs d’Orient, une histoire plurimillénaire », en présence du président français Emmanuel Macron et de nombreuses personnalités du monde politique et culturel, ainsi que ainsi que des représentants des trois religions monothéistes.

Avant son départ de Tel-Aviv, Gantz a évoqué « un voyage important au Maroc qui revêt une signification historique car il s’agit de la première visite officielle d’un ministre de la Défense israélien dans ce pays. Nous signerons des accords de coopération et continuerons de renforcer nos relations. Il est très important que ce voyage soit un succès ».

A 13h00 le 24 novembre, ajoute Massimiliano Boccolini, Gantz s’est entretenu avec son homologue marocain, Abdellatif Loudiyi, ministre chargé de l’administration de la défense nationale. Les deux responsables ont signé un accord de coopération en matière de sécurité, visant à « établir la pierre angulaire des futures relations de sécurité entre Israël et le Maroc », a indiqué une source locale, ajoutant que « jusqu’à présent, il y avait une certaine coopération, mais ici nous allons vraiment la formaliser. Il s’agit d’une déclaration publique de notre partenariat ».

Gantz a ensuite rencontré le lieutenant général Belkhir El Farouk, inspecteur général de l’armée marocaine, tandis qu’à 15h30, le ministre israélien a assisté à un déjeuner offert en son honneur en présence du ministre marocain des Affaires étrangères Nasser Bourita et de hauts responsables de la sécurité marocaine et israélienne. Dans l’après-midi, il s’est finalement rendu à Salé pour visiter la 1ère brigade d’infanterie parachutiste, puis a conclu sa visite par une dernière rencontre avec le chef de la diplomatie marocaine, M. Bourita.