(Rome, 12 novembre 2021). Cela n’a pas été pris pour acquis, compte tenu du moment délicat et des difficultés objectives liées à trois dossiers
L’Italie a réalisé un petit miracle diplomatique lors de la Conférence internationale de Paris sur la Libye, contribuant de manière décisive à la rédaction d’un texte de compromis accepté par les Libyens, bien que boycotté par la Turquie, sauvegardant ainsi le processus électoral. Cela n’allait pas de soi, compte tenu du moment délicat et des difficultés objectives liées à trois dossiers : d’abord, l’obscur processus électoral libyen ; deuxièmement, l’échec du retrait des forces étrangères, des combattants et des mercenaires ; troisièmement, la délicate question du respect des droits de l’homme et de la non-reconnaissance du statut de réfugié par la partie libyenne. Désormais, la balle est revenue sur le terrain des Libyens, appelés à un engagement sans équivoque de la part de tous les acteurs, tant en Tripolitaine qu’en Cyrénaïque, sous peine de sanctions internationales de la part du Conseil de sécurité de l’ONU.
La tentative téméraire de la France de forcer le vote en organisant le premier tour de l’élection présidentielle le 24 décembre et du second tour en concomitance avec les législatives a ainsi été contrecarrée. Une formulation qui a suscité les perplexités des Libyens (partagées par l’Italie et récemment aussi par les Nations unies), qui voyaient le risque que cette démarche amène le Parlement de Tobrouk à ne pas convoquer les législatives. L’Italie, en revanche, a proposé un langage plus souple (accepté par les Libyens) avec une référence au « début » des élections présidentielles et législatives en Libye le 24 décembre avec la nécessité que les résultats soient « annoncés ensemble ». Un langage qui laisse le champ libre à plusieurs options : les Libyens vont désormais trancher. Il convient également de noter la référence au fait que les élections doivent être « inclusives », une terminologie qui vient en aide au Premier ministre Abdelhamid Dabaiba, incapable de se porter candidat en raison de l’article 12 controversé de la loi sur l’élection présidentielle promulguée par Tobrouk. Comme l’a souligné le Premier ministre Mario Draghi dans son discours à la Conférence, « après des années de conflit, le peuple libyen doit pouvoir s’exprimer dans le cadre d’élections libres, transparentes et crédibles ». M. Draghi a rappelé la nécessité d’un cadre juridique et électoral commun sur lequel les autorités libyennes compétentes doivent travailler ensemble dans les jours et semaines à venir.
Il convient de mentionner que la coprésidence libyenne n’était pas initialement envisagée. A l’occasion des réunions préparatoires de la Conférence, la délégation libyenne (dont participation a été rendue possible grâce à l’engagement de l’Italie en cette fin) a rappelé que la coprésidence de Tripoli était une condition préalable indispensable. La demande libyenne (sur laquelle Français et Allemands hésitaient dans un premier temps) a ensuite été acceptée par tous les coprésidents, qui ont en même temps demandé des modalités de participation pleinement représentatives, incluant alors toutes les instances de l’exécutif de transition unifié (Conseil Présidentielle et Gouvernement d’unité nationale). Il est intéressant de noter qu’aux côtés du président Mohamed Menfi et du Premier ministre Abdelhamid Dabaiba à Paris, il y avait également la ministre des Affaires étrangères, Najla el Mangouch, d’abord suspendu par le Conseil présidentiel (avec une interdiction de voyager) et immédiatement réintégrée par le gouvernement unifié (qui a ainsi précisé qui était responsable à Tripoli).
La Rédaction. (Nova News)