Liban: le bilan des affrontements à Beyrouth s’élève à six morts et 60 blessés, l’armée s’est déployée

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(Rome, 14 octobre 2021). Ce matin, des militants des mouvements chiites Amal et Hezbollah se sont rassemblés devant le palais de justice
Le bilan des affrontements armés en cours dans la capitale du Liban, Beyrouth, s’élève à six morts et au moins 60 blessés. Cela a été rapporté par la chaine «Al Arabiya», citée par l’agence «Nova News». Ce matin, des centaines de militants des mouvements chiites Amal et Hezbollah, dont plusieurs hommes armés, se sont rassemblés devant le palais de justice, dans le quartier de Tayyouné, pour protester contre le mandat d’arrêt émis contre le député, Ali Hassan Khalil, considéré comme le droit bras du président du parlement Nabih Berry, dans le cadre de l’enquête sur l’explosion du port de Beyrouth qui a eu lieu le 4 août 2020. Selon les médias libanais, la manifestation des deux mouvements chiites a été organisée pour exercer une pression politique sur le juge Tarek Bitar, chargé d’enquêter sur l’explosion du port de Beyrouth.
Selon les informations du journal libanais « L’Orient le Jour », les affrontements ont commencé peu après 11 heures (12h00 en Italie) lorsque des coups de feu ont été entendus depuis le quartier voisin de Tayyouné, une zone dans laquelle se trouve le siège du tribunal de Beyrouth. Après les coups de feu, la situation a rapidement dégénéré, avec des fusillades et des hommes armés dans les rues. Donnant sa version des faits sur le début des affrontements, l’armée a indiqué sur Twitter que « lorsque les manifestants (du Hezbollah et d’Amal) se dirigeaient vers le palais de justice de Beyrouth, ils ont été pris pour cible dans les quartiers de Tayyouné et Badaro ». Une version similaire a été fournie par le Hezbollah et Amal dans une déclaration commune. Selon les deux formations, « vers 10h45, les manifestants, qui participaient à une manifestation pacifique (mais armés, ndlr), se dirigeaient vers le tribunal pour dénoncer la politisation de l’enquête sur l’explosion du port de Beyrouth et ont été pris pour cible par des tireurs d’élite positionnés sur les toits des immeubles lorsqu’ils ont atteint le rond-point de Tayyouné ».
D’après ce que l’on peut lire dans la note émise par les deux mouvements chiites, « des coups de feu ont suivi, tuant plusieurs manifestants et blessant grièvement d’autres ». Dans la note, Amal et le Hezbollah affirment que « cette agression par des groupes armés organisés vise à conduire le pays vers une discorde planifiée dont sont responsables les instigateurs, ainsi que ceux qui se cachent derrière le sang des victimes de l’explosion, afin d’obtenir des réalisations politiques ». Après la première fusillade, les manifestants rassemblés devant le tribunal ont commencé à quitter les lieux, tandis que les forces spéciales de l’armée se sont rapidement déployées devant le bâtiment. Cependant la fusillade s’est poursuivie dans laquelle des membres d’Amal et du Hezbollah étaient également impliqués. En fin de matinée, l’armée a appelé les civils à évacuer les rues des quartiers où se déroulaient les combats, et prévenu qu’elle tirerait sur toute personne armée.
Les responsables politiques doivent prendre les mesures nécessaires pour mettre fin aux affrontements armés en cours dans la capitale libanaise, a déclaré le ministre libanais de l’Intérieur Bassam Maoulaoui lors d’une réunion du Conseil central de sécurité. « Nous devons faire le nécessaire pour contrôler la situation », a réitéré le ministre s’adressant aux responsables politiques. « La paix civile n’est pas un jeu. Nous devons prendre toutes les mesures nécessaires », a déclaré Maoulaoui, invitant les médias à apporter leur soutien en diffusant de « vraies nouvelles ». « Les forces de sécurité doivent jouer leur rôle et procéder à des arrestations pour que la loi soit appliquée », a insisté le ministre. « Les organisateurs de la manifestation (les mouvements chiites d’Amal et du Hezbollah) nous ont assuré qu’elle serait pacifique, mais un crime a été commis », a conclu Maoulaoui, demandant au gouvernement de prendre toutes les mesures nécessaires « dans le domaine politique et au-delà » afin de contrôler la situation.