France: à six mois de la présidentielle, l’ancien premier ministre Édouard Philippe lance son propre parti

0
337

(Rome, Paris, 09 octobre 2021). Pour l’occasion, l’ancien Premier ministre a invité plus de 2.000 personnes parmi lesquels des macronistes et des parlementaires de droite. Des soutiens qui font grincer pas mal de dents.

Comme le rapporte Hadrien Bect dans son analyse sur «FrancetvInfo», quinze mois après son départ de Matignon, Édouard Philippe lance samedi 9 octobre son propre parti au Havre. L’ancien Premier ministre, qui reste la personnalité politique préférée des Français, va dévoiler le nom et les contours de ce parti. Un congrès fondateur doit aussi avoir lieu avant la fin de l’année.

De nombreux représentants de la majorité macroniste, Christophe Castaner pour LREM, Patrick Mignola pour le Modem, Olivier Becht pour Agir et des députés, sénateurs et maires issus de la droite qui l’ont rejoint, seront présents. Et c’est bien ce qui agace en Macronie, à 200 jours de la présidentielle, jusqu’à Emmanuel Macron lui-même, même si Édouard Philippe a promis de le soutenir s’il se représentait.

La stratégie du « un pied dedans, un pied dehors », « loyal mais libre », selon la formule consacrée par l’ancien Premier ministre est en effet poussée au maximum. Édouard Philippe a été jusqu’à proposer de décaler l’âge de la retraite à 67 ans alors que la réforme voulue par le chef de l’État est dans les limbes. De plus, Édouard Philippe, qui n’a jamais adhéré à En Marche, qui s’est toujours présenté comme un homme de droite à l’heure du dépassement macroniste, crée un parti, de droite.

L’agacement est d’autant plus sensible qu’Édouard Philippe jouit d’une grande popularité parmi les députés marcheurs. Une vingtaine d’entre eux seront d’ailleurs présents aujourd’hui. L’agacement est aussi du côté du Modem et de François Bayrou, qui entend rester le partenaire numéro 1 d’Emmanuel Macron avec qui les relations sont déjà très fraîches.

En Macronie, on soupçonne Édouard Philippe d’avancer ses pions pour 2027 et donc de vouloir succéder au chef de l’État qui ne pourra pas se représenter une nouvelle fois. Et pour cela, la première étape, c’est les législatives de juin 2022 avec l’idée de créer un groupe à l’Assemblée nationale. « Édouard sera la clé de voûte de la majorité », sourit déjà un de ses amis. En clair, il s’agirait de forcer En Marche et le Modem à composer avec les députés pro Édouard Philippe et même avant cela, de peser sur les investitures. « Ce qui agace Bayrou, c’est que c’est beaucoup plus facile de négocier à deux qu’à quatre », analyse un soutien d’Édouard Philippe.

D’autant que certains marcheurs pourraient être tentés de le rejoindre et que ses rangs pourraient grossir aussi en cas d’échec de la droite. La première étape est en effet de miser sur l’incapacité de la droite à se trouver un candidat. « La fin de LR [Les Républicains], c’est bien le 4 décembre ? », ironise un proche de l’ancien Premier ministre, le 4 décembre étant la date à laquelle le parti a prévu de désigner son champion. « Si Valérie Pécresse se fait shooter, certains élus iront chez Édouard », prédit déjà un LR. La poutre chère à Édouard Philippe n’a donc pas encore fini de travailler et les esprits, de s’échauffer.

Selon Mauro Zanon dans le quotidien italien «Il Foglio», les manœuvres en vue de l’élection présidentielle de 2022 ont déjà commencé. Et si la droite gère la variable Zemmour, le centre tente de résorber les déçus en élargissant la majorité macroniste.

Ces dernières semaines, il est très fréquent de croiser Édouard Philippe sur les quais de Seine, devant l’Assemblée nationale, engagé dans de longues conversations avec des députés gaulliste déçus par la confusion au sein du parti des Républicains (LR) et préoccupés par la montée en puissance du polémiste Éric Zemmour. Même l’ancien Premier ministre, qui est redevenu maire de son fief du Havre l’été dernier tout en restant fidèle au président de la République Emmanuel Macron, s’inquiète autant qu’eux des sondages qui donnent Zemmour au second tour de la présidentielle, mais Edourd Philippe tente de les rassurer, en annonçant l’émergence imminente d’un «refuge» pour les modérés et les libéraux de droite.