(Rome, 06 octobre 2021). Des armes américaines aux Kurdes syriens. Après l’approbation du projet de loi par la Chambre, les YPG ont montré des images de certains nouveaux véhicules blindés. Ankara note ce qui est un défi américain à l’intérêt national turc
Le journal gouvernemental turc Daily Sabah publie une nouvelle dans le but d’envoyer un message à Washington sur les préoccupations et le contrôle des priorités d’intérêt national pour Ankara : les Unités de protection du peuple (YPG), les milices kurdes du nord de la Syrie, ont reçu de nouvelles fournitures militaires des États-Unis, comme le décrit Ferruccio Michelin dans son article sur la page de «Formiche».
Il s’agit d’un symptôme d’un problème plus profond, car derrière les liens militaires entre les Kurdes syriens et les Américains se cache le fossé entre la Turquie et les États-Unis. Si pour Washington les YPG sont (et ont surtout été) des partenaires fondamentaux dans la lutte contre l’Etat islamique en Syrie, pour Ankara ce sont des cousins alliés du PKK et donc à considérer comme une organisation terroriste.
L’envoi de quelques véhicules Bradley – unités blindées également utilisées dans la région par les Bérets verts – confirme certains éléments. Le premier est d’ordre technique : la lutte contre l’Etat islamique n’est pas terminée, les Américains pensent que le groupe terroriste est toujours présent dans la zone et fournissent donc des renforts aux YPG, qui sont la composante majoritaire des Forces démocratiques syriennes (formation construit pour combattre le calife).
Le second est un élément de valeur politique et géopolitique. Pour les États-Unis, les Kurdes syriens servent à la fois à maintenir une présence dans le pays, dans la phase où Bachar al Assad a pratiquement mis fin aux combats contre l’opposition (les oppositions) ; phase dans laquelle Washington cherche une voie désengagée pour participer à la reconstruction. En même temps, les Américains savent que ces unités, qui leur sont utiles, sont courtisées par les Russes, qui voudraient les engager à la fois comme partenaire contre les terroristes et apaiser durablement leurs relations avec le régime.
Troisièmement, la relation avec la Turquie. Ankara et Washington n’entretiennent pas de bonnes relations depuis des années, même si les Américains tiennent compte du rôle de la Turquie dans une vaste série de dossiers (allant de la Libye à la Corne d’Afrique et l’Afrique du Nord, au Haut-Karabakh et à l’Ukraine). Poursuivre l’assistance aux Kurdes syriens signifie maintenir un niveau de chantage d’intensité moyenne à faible sur Ankara. En clair, l’administration Biden ne changera pas de stratégie par rapport à l’époque où la précédente a abandonné ses alliés syriens à l’action militaire turque, ce qui n’est pas dans l’intérêt tactique et stratégique, ajoute Ferruccio Michelin, mais elle se montrera plus disponible à leur égard (ne serait-ce que pour des fins de communication).
Le dernier projet de loi sur le budget de la défense, approuvé en septembre par la Chambre, prévoit une aide de 177 millions de dollars aux YPG. Il s’agit d’un montant limité, mais il est suffisant pour maintenir en vie les courageux Kurdes syriens, les maintenir alignés sur les États-Unis et pour maintenir la pression sur la Turquie. Ankara n’accepte pas formellement, mais c’est le prix à payer pour éviter que les États-Unis ne prennent le contre-pied sur d’autres dossiers d’intérêt.