(Rome, Paris, 29 août 2021). Le président de la République a accordé un entretien exclusif au JT de TF1 à l’issue d’un déplacement en Irak. Pour permettre l’évacuation « de milliers » d’Afghans menacés, Emmanuel Macron souhaite des discussions régionales incluant le nouveau pouvoir installé à Kaboul. Des discussions qui n’impliquent pas pour autant une reconnaissance ultérieure des talibans.
Les missions de sauvetages en Afghanistan sont loin d’être achevées. Si la France a pu évacuer, depuis la mi-août, 2800 personnes depuis Kaboul face à l’arrivée des talibans, dont l’intégralité de ses ressortissants, il faudra désormais négocier avec le nouveau pouvoir pour tenter d’évacuer les Afghans restés sur place et désormais menacés de mort dans leur pays.
C’est le message adresse dimanche soir par Emmanuel Macron, à l’occasion d’un entretien exclusif réalisé à l’issue de son déplacement en Irak, et diffusé au JT de TF1. « Il reste plusieurs centaines, plusieurs milliers de femmes et d’hommes à protéger », a estimé le chef de l’État lors de cet entretien. « Nous avons fait le maximum de ce que nous pouvions faire […] « Nous allons construire avec nos partenaires, par des négociations avec les talibans qui maintenant s’imposent, les solutions pour, au fil de l’eau, leur permettre de quitter Kaboul et l’Afghanistan et d’être protégés », a ajouté le président de la République.
« Cela ne préjuge pas d’une reconnaissance » des talibans
Pour tenter de sauver des vies, a insisté Emmanuel Macron, la négociation avec le nouveau pouvoir est inévitable. « Nous avons initié un dialogue avec les talibans », a-t-il confirmé. « Le Qatar a joué un rôle tout particulier depuis plusieurs mois dans ces négociations ».
L’objectif de ces discussions, pour le président de la République, est « d’obtenir les évacuations humanitaires de toutes les femmes et les hommes qui courent un risque. Est-ce que nous y arriverons ? Je ne peux pas le garantir ».
« Aujourd’hui, nous avons des opérations à conduire qui sont ces évacuations de personnes en danger. Soyons lucides, aujourd’hui, ceux qui ont le contrôle de Kaboul, ce sont les talibans. De manière opérationnelle, pratique, nous devons avoir ces discussions. Cela ne préjuge pas d’une reconnaissance », a-t-il précisé. « Nous avons posé des conditions. La première, c’est que les talibans respectent le droit humanitaire et la protection de toutes celles et ceux qui ont le droit d’être protégés par l’asile. La deuxième chose, c’est qu’ils soient très clairs à l’égard de tous les mouvements terroristes. S’ils pactisent avec les mouvements terroristes présents dans la région, ce sera inacceptable pour nous tous. La troisième chose, c’est le respect des droits de l’homme, et en particulier de la dignité des femmes afghanes ».
La France ne quittera pas l’Irak
À l’issue du sommet régional co-organisé ce week-end par la France, Emmanuel Macron a en outre confirmé que les forces françaises, engagées depuis 2014 à travers l’opération Chammal, ne quitteront pas l’Irak, même si les États-Unis devaient décider de se retirer du pays d’ici à la fin de l’année.
« Nous avons des soldats engagés. Nous les maintiendrons aussi longtemps que les forces terroristes seront là et aussi longtemps que les Irakiens nous le demanderont. Si les Américains décidaient de se retirer, nous ne serions pas dépendants de cette décision et nous pourrions totalement maintenir nos troupes aux côtés des Irakiens », a-t-il assuré.
Interrogé, enfin, sur le risque terroriste lié aux bouleversements en Afghanistan, le chef de l’État a rappelé « le risque zéro n’existe pas. Il nous faut toujours être dans la vigilance […] Nous sommes organisés, nous avons renforcé nos moyens, nous travaillons avec les pays amis frappés par le terrorisme. Nous continuerons de le faire, ce risque demeure ».