(Rome, Paris, 16 aout 2021). Vent de panique à Kaboul. Après la prise de la capitale par les talibans dimanche, une foule dense d’Afghans et d’étrangers s’est amassée, lundi 16 août, aux portes et sur le tarmac de l’aéroport de la capitale, au nord-est de la ville. Tous espèrent réussir à fuir le pays tombé dans les mains des fondamentalistes islamistes, vingt ans après avoir été chassés du pouvoir.
Celles et ceux souhaitant quitter l’Afghanistan « doivent être autorisés à le faire », plaident les États-Unis et 65 autres pays dans un communiqué commun. Ils appellent les talibans à faire preuve de « responsabilité » en la matière.
L’aéroport, dernière porte de sortie
Avec la prise de la capitale par les talibans et le départ du président Ashraf Ghani, l’aéroport est devenu la dernière porte de sortie. Plusieurs ambassades occidentales s’y sont d’ailleurs retranchées.
Samedi, un flot continu de personnes a commencé à déferler sur place, espérant réussir à acheter un billet « vers n’importe quelle destination », selon Associated Press (en anglais). La situation n’a cessé d’empirer dans les heures qui ont suivi.
Des photos et vidéos relayées sur les réseaux sociaux montrent ainsi une foule dense amassée, dimanche soir et lundi matin, sur le tarmac de l’aéroport. On y voit notamment des groupes essayant désespérément de monter de force dans une passerelle pour s’introduire dans un avion stationné, comme l’illustre une vidéo relayée par Nicola Careem, chef du bureau d’Asie du Sud de la BBC.
Dans une autre vidéo impressionnante, postée lundi matin par le patron d’un média afghan, plusieurs de personnes essaient de grimper sur le fuselage d’un avion militaire américain en train de décoller.
« Nous avons peur de vivre dans cette ville et nous tentons de fuir Kaboul », a témoigné auprès de l’AFP un jeune homme de 25 ans présent à l’aéroport. « J’ai lu sur Facebook que le Canada accepte des demandeurs d’asile d’Afghanistan. J’espère que je serai l’un d’eux. Comme j’ai servi dans l’armée, j’ai perdu mon boulot, et c’est dangereux pour moi de vivre ici, car les talibans me cibleront, c’est sûr ».
Comme lui, « des Afghans se pressaient devant un guichet de traitement des visas pour tenter d’obtenir un visa pour les États-Unis (…) beaucoup sont venus vers moi en pleurant », rapportait dimanche un correspondant de la chaîne américaine NBC News.
Cette fuite dans l’urgence a plongé l’aéroport dans le chaos. Les ambassades étrangères ont prévenu leurs ressortissants et les citoyens afghans de ne s’y rendre que s’ils en reçoivent l’instruction.
Six mille Américains déployés
Des vidéos comme celle tournée par le journaliste Jawad Sukhanyar montrent lundi matin de nombreuses personnes essayant de rejoindre l’aéroport au pas de course, alors que résonnent dans l’air des tirs. Selon des témoins sur place, des soldats américains auraient tiré en l’air afin de disperser la foule.
Le président américain, Joe Biden, qui avait déployé 5.000 soldats à l’aéroport de Kaboul pour procéder à l’évacuation d’environ 30.000 personnels et auxiliaires de l’administration américaine, a décidé dimanche d’envoyer 1.000 militaires supplémentaires sur place.
Dans ces mouvements de panique, des personnes auraient été blessées et même tuées, rapportent des témoins sur place, sans que ces informations n’aient pour l’heure été confirmées par les autorités. Face à la dégradation de la situation, les vols commerciaux ont été annulés, ont déclaré lundi les autorités aéroportuaires à l’AFP. Seuls sont autorisés les vols militaires.
En dépit des tirs et de ces difficultés croissantes, des personnes poussées par le désespoir continuent de se presser sur le tarmac pour quitter le pays. En cas d’échec, la perspective d’un retour chez eux s’annonce dangereuse. Sur Twitter, la journaliste américaine Jane Ferguson (en anglais) affirme que « ceux qui sont partis à l’aéroport il y a plusieurs heures font maintenant face aux checkpoints des talibans s’ils veulent rentrer chez eux ».
(Photo: WAKIL KOHSAR/AFP/Francetvinfo)