Le double visage de la France

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(Rome, Paris, 30 mai 2021). La France est historiquement un grand pays. Parmi les économies les plus développées du monde, une activité commerciale internationale intense et florissante et des entreprises opérant sur tous les continents, Paris a acquis au fil des ans une renommée de plus en plus grande en tant qu’acteur de premier plan parmi les nations de l’Union Européenne, peut-être à égalité avec la seule Allemagne. En dehors des grands Palais, des salles de réunion des multinationales et des musées majestueux qui racontent son histoire, se trouvent d’autres visages d’un pays qui, en Europe, est peut-être l’emblème de la difficulté de l’intégration et de la complexité de la lutte contre l’injustice sociale. Et parmi les lieux où cet aspect est le plus tangible, il y a la périphérie des grandes villes, souvent dégradées, et plus communément appelées Banlieue (expression tirée de la sémantique médiévale). Un nom qui, malheureusement ces dernières années, a souvent été associé à des attaques terroristes, des activités criminelles et particulièrement à un incubateur d’injustice sociale et de terreur urbaine.

La face cachée de la France

Historiquement et non de manière différente de ce qui se passe également dans le reste de l’Europe, le coût élevé des loyers dans les grandes villes a contraint de plus en plus de personnes qui, pour des raisons professionnelles, se sont venues en métropoles à la recherche d’une maison dans ses environs. Au cours du siècle dernier, ce phénomène a contribué à la naissance de grandes banlieues urbaines, où l’agrégation importante de familles souvent en difficulté économique a engendré une augmentation inévitable de la criminalité et de la criticité quotidienne.

À ce jour, la plupart des banlieues des grandes villes sont habitées par des personnes venues de l’étranger à la recherche d’un emploi, ou par des immigrants de «deuxième» et «troisième» générations. De ce panorama, cependant, n’est presque jamais né un système d’agrégation et d’intégration, mais au contraire il a contribué au renforcement du lien entre des personnes originaires d’un même pays ou partageant la même foi (principalement la foi islamique). Tout cela, a enfin contribué à une plus grande marginalisation sociale et à la naissance de communautés fermées qui, à de nombreuses reprises, ont également donné lieu à l’extrémisme religieux et à la formation de cellules criminelles.

Le drame des jeunes de la banlieue

En février dernier, et comme le rapporte le journal Fanpage, la mort en moins de 24 heures d’une fille et d’un garçon (respectivement 14 et 13 ans) dans le département de l’Essonne de l’Ile-de-France avait suscité l’inquiétude. Les deux cas seraient, en effet, imputables à des épisodes de bagarres résultant de la rivalité entre les gangs ethniques du quartier, responsables chaque année de la mort de dizaines de jeunes sur l’ensemble du territoire français.

Comme le rapporte le journal français Le Monde, la naissance de gangs est un phénomène qui affecte les classes sociales les plus défavorisées des banlieues françaises dès leur plus jeune âge. Et en particulier, ce sont précisément les petits délits et les épisodes de violence qui se produisent à l’adolescence qui sont destinés à marquer tant sur le plan affectif qu’éducatif, des individus qui, à l’âge adulte, seront plus enclins à la récidive et aux comportements extrêmes.

Cependant, bien que le problème soit bien connu dans le pays et que les épisodes liés aux attentats terroristes de ces dernières années aient attiré l’attention internationale sur la situation en France, très peu de mesures ont été prises par les autorités ces dernières années pour limiter le phénomène chez les jeunes. Au contraire, dans de nombreuses situations, les protestations et les insurrections de la population des banlieues ont été réprimées avec violence par les forces de l’ordre pour des raisons de sécurité publique, sans pour autant tenter de résoudre à la source le problème du malaise social.

Dans la France des banlieues, pas d’égalité ni de fraternité

Comme indiqué précédemment, la précarité économique, la forte division intra-communautaire et la faible intégration dans le système social français ont contribué à générer une bombe à retardement au cœur de la (douce) France et de manière généralisée dans toutes les grandes villes, il suffit de penser à ce qui s’est passé en juin dernier à Dijon. Et dans ce scénario, sans changement de rythme clair de la part de la même administration locale et nationale, le sort de la situation semble malheureusement s’orienter vers une aggravation au cours des prochaines années ; aussi et surtout en raison de la dégradation des conditions économiques causées par la pandémie de coronavirus.

De ce point de vue, le sentiment est donc qu’il y aura dans les années à venir un nouveau déséquilibre entre la population des banlieues et celle du reste du pays, remettant en cause les concepts mêmes d’égalité et de fraternité sur lesquels est fondée la république française. Et surtout, mettre en évidence comment, malgré les grands progrès réalisés notamment sur les questions de présence internationale et de puissance géopolitique, sous le profile interne, la France a encore un très long chemin à parcourir.

Andrea Massardo. (Inside Over)