(Rome, 25 avril 2021). La piraterie se poursuit dans le golfe de Guinée. La porte occidentale de la «Méditerranée élargie» est le théâtre d’une nette résurgence du phénomène de piraterie. La marine italienne est engagée depuis longtemps dans une mission de surveillance des eaux et de lutte contre les attaques de navires marchands du monde entier, l’opération Gabinia.
La dernière attaque déjouée par la marine italienne a eu lieu le 21 avril au large des côtes du Nigéria. L’hélicoptère à bord de la frégate Luigi Rizzo a décollé empêchant un groupe de pirates présumés (neuf, à bord d’un bateau à deux moteurs) d’entamer les manœuvres en vue d’un embarquement. Les images de l’hélicoptère montrent la présence d’équipements parfaitement adaptés pour frapper un navire en transit, marquant l’une des opérations classiques dont se targuent les groupes de pirates locaux.
Dans une note, la sous-secrétaire à la Défense Stefania Pucciarelli a tenu à réaffirmer le rôle de la Marine, et en particulier de l’équipage du navire Luigi Rizzo. «Même pendant cette activité délicate, ainsi que dans celle menée le 30 mars dernier en coopération avec les forces navales françaises, ayant conduit à la saisie de six tonnes de cocaïne, l’état-major du Navire Rizzo a démontré sa capacité à mener les délicates activités de dissuasion contre la piraterie et de surveillance maritime avec compétence et professionnalisme ».
Pucciarelli a ensuite confirmé l’importance de la mission non seulement pour la marine mais aussi pour l’Italie, rappelant que la force armée « poursuivra sa mission dans le golfe de Guinée, zone à risque d’attaques de piraterie contre les bateaux et les équipages en transit, mais en même temps, elle constitue une extrême importance pour notre pays, en raison de son lien étroit avec la Méditerranée et des forts intérêts nationaux qui y sont liés ».
La situation dans le golfe de Guinée progressivement plus agitée par rapport aux années précédentes, lorsque la piraterie africaine était notamment liée aux clans opérant dans le golfe d’Aden et au large des côtes somaliennes. Avec la présence de plus en plus constante des navires de diverses flottes militaires étrangères (y compris les navires italiens inclus dans l’opération Atalanta), la piraterie somalienne a été pratiquement anéantie étant donné que cette partie de la côte affecte pratiquement toutes les puissances mondiales. La preuve en est la présence de bases navales et d’unités de Djibouti à la Somalie de pratiquement tous les États intéressés par le passage en toute sécurité de Bab el-Mandeb et de la route de l’Afrique oriental. Contrairement au cas du golfe de Guinée, qui pendant de nombreuses années a été considéré comme une zone importante mais certainement pas centrale dans la hiérarchie de la sécurité maritime internationale. Et ce malgré la présence non seulement de routes commerciales résolument importantes – car quiconque entre en Méditerranée ou se dirige vers l’Europe sans passer par Suez doit nécessairement traverser ces eaux – mais aussi en raison de la présence de nombreuses entreprises et usines pétrolières d’une importance particulière pour l’Italie.
La question devient particulièrement pertinente en raison de l’importance stratégique de l’ensemble de la zone de l’Afrique de l’Ouest. Le golfe de Guinée, avec l’engagement des navires italiens, garantit non seulement la sécurité de la liberté de navigation, mais aussi une présence militaire qui est forcément lié à la politique. Les flottes présentes dans la région sont des avant-postes politiques dans une zone de plus en plus importante pour la sécurité de l’Europe, avec des États qui bordent les zones de crise du Sahel et qui à leur tour, sont affectés par de nombreuses sphères d’influence également présentes dans d’autres régions d’Afrique centrale et septentrionale, à commencer par la France, jusqu’à la Chine et la Turquie.
L’envoi de forces navales dans ce secteur de l’Atlantique sert non seulement de contrepoids à un phénomène que les marines locales ne seraient pas en mesure d’arrêter, mais surtout d’outil de dissuasion contre l’infiltration de puissances extérieures au Contexte européen. Ce n’est pas un hasard si la France elle-même, qui a toujours été réticente à faire venir des forces du reste de l’Europe, a récemment changé d’avis: non seulement parce que la structure de Barkhane n’est plus à la portée de l’engagement économique français, mais aussi parce que les acteurs impliqués commencent à être nombreux et extrêmement capables de pénétrer la région avec une stratégie omniprésente et à long terme. L’engagement maritime dans les pays proches de la ceinture sahélienne, et central à la fois en termes d’investissements et de ressources, devient donc un problème majeur pour tout agenda stratégique européen en Afrique. L’Italie ne fait pas exception.
Lorenzo Vita. (Inside Over)