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Reprise des vols militaires vers la Libye au mépris de l’embargo de l’ONU

(Rome, 15 avril 2021). L’arrivée hier dans le pays de trois avions cargo de l’armée de l’air turque a soulevé des doutes sur de possibles nouvelles violations de l’embargo sur les armes en Libye, quelques heures après l’atterrissage de deux avions militaires envoyés d’Égypte à Sebha, la capitale de la région du Fezzan, dans le sud de la Libye. Un (seul) des avions turcs, selon le site Flightradar, a atterri à l’aéroport civil de Mitiga à Tripoli, tandis que les deux autres se sont dirigés vers la base militaire d’Al Watiyah, à l’ouest de la capitale libyenne. Dans le même temps, le gouvernement turc et l’exécutif national d’unité libyen ont annoncé l’envoi dans ce pays d’Afrique du Nord de 150.000 vaccins contre Covid-19, un cadeau annoncé par Ankara à l’occasion de la visite du Premier ministre libyen Abdelhamid Dabaiba le 12 avril en Turquie. Mais en réalité, l’avion chargé de transporter les vaccins ne semble pas avoir été le seul, du moins selon les photographies publiées sur les réseaux sociaux par le gouvernement de Tripoli et le ministère de la Défense nationale d’Ankara. En revanche, il semble peu probable que trois Airbus A400M, dotés d’un espace de chargement de 340 mètres cubes et d’une capacité de charge allant jusqu’à 37 tonnes, aient été utilisés pour transporter une quantité importante, mais ne transportait probablement pas que des vaccins.

Le doute subsiste donc quant à la cargaison transportée par les deux autres aéronefs, ce qui, selon divers observateurs, pourrait constituer une violation de l’embargo imposé par l’ONU sur les armes. Quelques heures plus tôt, en revanche, deux avions de transport C-130 de l’armée de l’air égyptienne ont atterri à l’aéroport de Sebha, la capitale du Fezzan, sous le contrôle de milices fidèles au général Khalifa Haftar – historiquement soutenues par le Caire. Selon les autorités libyennes et égyptiennes, il s’agissait simplement d’une «aide médicale» non spécifiée contre Covid-19. Toutefois, l’opération libyenne «Vulcano di Rabbia/Volcan de la colère», composée en grande partie des milices de Misrata, a néanmoins qualifié le pont aérien vers le Fezzan de «suspect», dénonçant une «violation» de l’accord de cessez-le-feu en Libye d’octobre 2020, qui prévoit l’expulsion de toutes les forces étrangères du pays. Un autre vol suspect, cette fois en provenance de Syrie, a atterri à Benghazi dans l’est de la Libye au même moment.

Si ces soupçons devaient se confirmer, malgré les progrès enregistrés sur le front politique avec la nomination de la nouvelle autorité exécutive intérimaire, les protagonistes du conflit libyen (les forces de Tripoli et de Cyrénaïque) et leurs sponsors internationaux ne sembleraient pas disposés à stopper l’afflux d’armes et de mercenaires dans le pays, avec le risque d’une nouvelle escalade. En revanche, selon des sources médiatiques ces derniers jours, il semble que le retrait des mercenaires en Libye – en particulier le retrait « trop ​​lent » des forces soutenues par la Turquie, soit parmi les causes d’un prétendu ralentissement des négociations en cours entre la Turquie et l’Égypte pour la normalisation des relations bilatérales. Le nouveau progrès réalisé ayant apparu ces derniers jours par les pourparlers entre Le Caire et Ankara, avec le ministre turc des Affaires étrangères Mevlut Cavusoglu qui a annoncé aujourd’hui la visite officielle d’une délégation turque en Égypte en mai prochain, pourrait indirectement démentir cette rumeur.

La Rédaction. (NovaNews)

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