Les conséquences du retrait américain d’Afghanistan le 11 septembre

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(Rome, 14 avril 2021). Les États-Unis achèveront le retrait des troupes d’Afghanistan d’ici le 11 septembre 2021, exactement vingt ans après l’attaque des tours jumelles qui a déclenché la guerre contre le terrorisme lancée par le président George W. Bush. La nouvelle, publiée par le Washington Post, anticipe d’un jour l’annonce officielle du nouveau locataire de la Maison Blanche, Joe Biden, qui a toujours été un fervent opposant à l’implication américaine en Afghanistan.

Le retrait des troupes américaines du pays asiatique était en fait prévu pour le 1er mai, sur la base de l’accord conclu l’année précédente par le président Donald Trump avec les talibans dans le cadre de l’accord de Doha. La sortie des États-Unis d’Afghanistan s’est accélérée sous l’administration républicaine précédente, qui a réussi à amener le gouvernement de Kaboul, dirigé par le président Ashraf Ghani, et les talibans à la table des négociations, promettant en échange le retrait des forces étrangères du pays.

Il n’est donc pas surprenant que la décision de Biden de reporter le rapatriement des troupes américaines, ne serait-ce que de quelques mois, ait généré la déception des talibans, qui menacent depuis longtemps des représailles contre les contingents américains et de l’OTAN en cas de non-respect des accords. Le gouvernement de Kaboul, quant à lui, craint que le retrait international définitif d’Afghanistan ne laisse le champ libre aux talibans, déjà militairement plus puissants que les forces gouvernementales, faisant reculer le pays des décennies et annulant les réalisations politiques accomplies jusqu’à présent. Avec une référence particulière aux droits des femmes.

Les positions des USA et de l’OTAN

La stratégie américaine en Afghanistan a toujours été basée sur l’approche dite conditionnelle, mais compte tenu des résultats obtenus jusqu’à présent et de la présence américaine prolongée dans le pays depuis vingt ans, Biden a décidé de changer de stratégie. Les talibans ne sont plus perçus comme une menace imminente pour la sécurité américaine et l’implication prolongée des troupes américaines en Afghanistan limite la capacité de Washington à intervenir dans d’autres dossiers, comme la Chine, la Russie ou le changement climatique. D’où la décision du président Biden de quitter l’Afghanistan quels que soient les progrès des pourparlers de paix ou la situation sur le terrain uniquement.

Actuellement, dans le pays asiatique, se trouvent environ 2.500 soldats américains, dont le retrait devrait être achevé le 11 septembre, mais l’un des problèmes à résoudre reste celui des équipements militaires. Comme l’explique Politico, les Américains peuvent avoir des difficultés à récupérer le matériel fourni par l’armée américaine, étant donné le court délai de retrait, mais le laisser à Kaboul pourrait représenter un risque étant donné l’instabilité du gouvernement central.

Mais avant d’avoir une idée claire du plan de retrait américain et des conséquences qu’il aura en Afghanistan, il faudra attendre l’annonce officielle de Biden et la rencontre prévue à Bruxelles entre les Européens, le secrétaire d’État Antony Blinken et le chef du Pentagone Lloyd Austin. Les États-Unis ont promis de se coordonner avec leurs alliés européens dans la définition de leur stratégie de sortie: le contingent allemand est le deuxième en nombre de troupes en Afghanistan et l’Italie elle-même est engagée avec 800 soldats, principalement actifs dans la région de Herat. Rome opère au sein de la mission de l’OTAN et a pour tâche de former les forces gouvernementales, un engagement important mais pas suffisant pour aider Kaboul à s’opposer à toute attaque des talibans.

Mais l’annonce de Biden précipite également l’OTAN, qui devra bientôt décider de son avenir en Afghanistan. Selon les informations actuellement disponibles, le contingent de l’Alliance atlantique pourrait également quitter le pays d’ici septembre dans le sillage des États-Unis.

L’avenir de l’Afghanistan

L’avenir de l’Afghanistan devrait être déterminé par les pourparlers de paix entamés en 2020 sous l’égide des États-Unis à Doha, au Qatar, mais à ce jour, très peu de progrès ont été réalisés sur le front diplomatique, tandis que les talibans continuent de renforcer leur position sur le sol. La différence entre les forces sur le terrain est donc de plus en plus évidente et il est probable que les talibans profiteront du retrait américain et international pour accroître leur pouvoir et faire de moins en moins de concessions au gouvernement de Kaboul.

La même annonce du report du retrait américain a déjà «agité les eaux», les talibans menaçant de ne pas assister aux pourparlers prévus du 24 avril au 4 mai en Turquie et auxquels 21 États (dont l’Italie) devraient participer. En échange de leur présence, les partisans du mollah Omar pourraient exiger la libération de 7.000 talibans et l’annulation des sanctions américaines, demandes déjà présentées par le passé mais restées sans suite à ce jour.

Pourtant, l’avancement rapide des pourparlers de paix est impératif pour l’avenir du pays. Le but de la réunion d’Istanbul est de parvenir à un accord général entre les parties sur le cadre politique de l’Afghanistan, mais selon les rumeurs, les États-Unis souhaiteraient obtenir l’approbation d’un gouvernement intérimaire formé par Ghani et les talibans. Le président afghan, quant à lui, veut proposer un plan qui conduirait d’abord à la cessation des hostilités et seulement ensuite, à des élections et la rédaction d’une nouvelle Constitution. Un plan qui ne satisfera certainement pas les talibans.

Pour le moment, il est difficile d’imaginer ce qui se passera en Afghanistan. Tout dépendra de la décision de l’OTAN, du résultat des pourparlers d’Istanbul et surtout des talibans. Vont-ils respecter les accords de paix ou tenteront-ils de reprendre le contrôle du pays par des moyens militaires, conscients que le redéploiement des forces américaines dans la région réduira sa capacité de réaction ?

Futura D’Aprile. (Inside Over)