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Turquie: premier raid contre les positions kurdes en Syrie depuis 17 mois

(Rome, 21 mars 2021). Les Forces démocratiques syriennes, dominées par les Kurdes, ont été prises pour cibles samedi dans le nord de la Syrie, selon l’OSDH.

L’aviation turque a mené samedi soir des frappes aériennes contre une zone tenue par les milices kurdes dans le nord de la Syrie, les premières depuis 17 mois, a indiqué l’Observatoire syrien des droits de l’Homme (OSDH), cité dans la page du quotidien «24heures». «Un avion de combat turc a pris pour cibles des positions militaires des Forces démocratiques syriennes (FDS, dominées par les kurdes) dans le village de Saida, près de la localité d’Ain Issa», a précisé l’OSDH. «Il s’agit des premiers raids aériens depuis l’opération Source de la paix» lancée en octobre 2019 par Ankara et des groupes syriens alliés contre les FDS dans le nord de la Syrie, a indiqué à l’AFP le directeur de l’OSDH, Rami Abdel Rahmane. L’opération, interrompue après deux accords négociés par Ankara avec Washington, puis avec Moscou, avait permis à Ankara de s’emparer d’une bande frontalière de 120 kilomètres de largeur en territoire syrien et d’une trentaine de kilomètres de profondeur. La ville d’Ain Issa et ses environs sont toutefois restés aux mains des forces kurdes. Ces raids interviennent alors que les combats font rage aux abords de cette localité stratégique, selon l’OSDH. «Les affrontements se poursuivent entre les deux camps depuis 24 heures (…) les forces turques ont du mal à avancer tandis que les FDS ont réussi à détruire un char turc», a indiqué à l’AFP Rami Abdel Rahmane, cité par la même source. Les Unités de protection du peuple (YPG), partie intégrante des FDS, sont considérées par Ankara comme l’extension syrienne du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), un groupe classé comme «terroriste» par Ankara et ses alliés occidentaux. Mais cette milice kurde a aussi été en première ligne dans la lutte armée contre le groupe État islamique (EI) en Syrie, avec l’appui de la coalition internationale anti-jihadistes. Afin d’enrayer l’expansion territoriale des YPG dans le nord de la Syrie, Ankara y a mené depuis 2016 trois offensives militaires visant à la fois l’EI et les combattants kurdes. Ces opérations lui ont permis de contrôler un territoire de plus de 2000 km2 dans le nord de la Syrie, notamment la région d’Afrine, l’un des trois cantons de la région «fédérale» kurde autoproclamée en 2016.

La guerre civile en Syrie, qui vient d’entrer dans sa dixième année, a commencé le 15 mars 2011, lorsqu’une partie de la population a commencé à manifester et à exiger la démission du président syrien, Bachar al-Assad. Dans ce contexte, l’armée du régime syrien a été assistée par Moscou et soutenue par l’Iran via les milices libanaises du Hezbollah. De l’autre côté, cependant, les forces rebelles ont reçu le soutien surtout d’Ankara. Les dernières offensives se sont principalement concentrées à Idlib, où un cessez-le-feu établi par la Russie et la Turquie est actuellement en vigueur, le 5 mars 2020. L’objectif de l’accord était de mettre fin à l’offensive des mois précédents et d’encourager le retour des personnes déplacées et réfugiés dans la dernière enclave placée sous le contrôle de groupes rebelles. Au cours de l’année écoulée, la trêve a été violée à plusieurs reprises, mais l’accord entre Moscou et Ankara a évité le risque d’une violente offensive à grande échelle.

La guerre a fait plus de 388.000 morts et des millions de déplacés, qui selon des experts, le chiffre dépasserait les 450.000 morts et 13 millions de Syriens soit presque la moitié de la population ont fui leur foyer depuis 2011. Plus de 5,5 millions d’entre eux sont réfugiés au Liban, en Turquie, en Jordanie et dans d’autres pays de la région.

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