Syrie: Assad commet un nouveau «crime contre l’humanité soft», mais bénéficie toujours de l’impunité et des vaccins fournis par Israël !

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Syria's President Bashar al-Assad (R) waves as he arrives with Syrian Defense Minister General Ali Habib (C) and Chief of Staff General Dawoud Rajha to attend a dinner to honour army officers on the 65th Army Foundation anniversary in Damascus August 1, 2010. REUTERS/Sana (SYRIA - Tags: ANNIVERSARY POLITICS MILITARY) - RTR2GZ1H

(Rome, Paris, 02 mars 2021). Alors que la justice allemande a jugé plusieurs officiers du régime pour leur implication dans les crimes contre l’humanité, une plainte contre le régime a été déposée en France pour son usage de gaz toxique contre des civils, et que la responsabilité du régime et de ses agents libanais (Hezbollah, Courant Patriotique Libre…) dans l’explosion du port de Beyrouth du 4 août dernier ne fait plus de doute, Bachar Al-Assad commet un nouveau crime d’un nouveau genre: un « crime soft » qui va changer définitivement la démographie et l’identité de la Syrie dans les années à venir.

En effet, le Conseil du peuple (Parlement) a approuvé, le 1er mars, une nouvelle loi relative à l’état civil, qui remplace la loi de 2007. Composée de 79 articles, cette loi se caractérise par son aspect politique et sécuritaire, sous couvert de modernisation d’un état civil centralisé et informatisé. Mais en réalité, cette loi a une visée sécuritaire et démographique, donc politique, en faveur du régime.

Selon le ministre de l’Intérieur du régime, cette loi centralise non seulement l’état civil mais aussi les amendes et autres peines. Ainsi, les naissances, les mariages, les décès, les divorces, seront centralisés et informatisés afin d’éviter les erreurs et de faciliter les démarches. Mais le plus important reste la limitation de la validité des cartes d’identité à dix ans. Les Syriens doivent demander le renouvellement de leur carte dans un délai compris entre 30 jours et six mois avant son expiration. Cette mesure prive 13 millions de syriens exilés ou déplacés de leur identité et ultérieurement de leur nationalité. Le régime persiste à modifier la démographie du pays en accélérant la naturalisation des familles des miliciens irakiens, iraniens et afghans qui combattent à ses côtés. Pis encore, cette mesure intervient quelques mois avant les élections présidentielles, et Assad fait tout pour se faire réélire, notamment en excluant, grâce à cette mesure, plus de la moitié de la population du scrutin.

Si l’objectif de cette loi semble être démographique et politique, il est aussi sécuritaire. Car le régime force les Syriens qui vivent dans les régions qu’il contrôle à effectuer les démarches indispensables au renouvellement de leur carte d’identité ou à la correction de leur état civil. Il lui sera ainsi facile de les traquer et d’arrêter ses opposants ou ceux qu’il considère comme tels.

Après l’usage du gaz toxique une vingtaine de fois en toute impunité, et l’utilisation des barils explosifs au quotidien, après avoir fait plus de 800.000 morts (le compteur des Nations unies bloqué sur 375.000 morts depuis 2015 !), 13 millions de déplacés, plus de 250.000 disparus et des millions de mutilés, et après avoir brûlé les archives du cadastre dans certaines régions pour expulser les propriétaires et les remplacer par les « nouveaux colons iraniens », notamment dans les zones stratégiques comme Homs et Damas, le régime commet un « crime soft » dont les effets se ressentiront sur le moyen et long terme.

S’il est normal que Bachar Al-Assad puisse bénéficier de l’appui sans faille de son protecteur russe (contrairement aux Occidentaux, les Russes ne lâchent par leurs alliés) et de son allié iranien, les Syriens ne comprennent pas le silence complice de la communauté internationale et sa complaisance à son égard. Ils ne comprennent pas non plus la fourniture de milliers de doses de vaccin contre le Covid-19 par … Israël. En effet, plusieurs sources ont affirmé que l’Etat hébreu a fourni le vaccin russe à Damas, dans le cadre du récent « échange de prisonniers » après qu’une israélienne se soit perdue lors d’une promenade dans le Golan, au milieu des champs de mines, pour se retrouver entre les mains des soldats d’Assad… Le gouvernement israélien a promis de tout faire pour obtenir sa libération. La médiation russe a fait le reste… Une histoire rocambolesque…

Selon des opposants Syriens, bien que « soft », le dernier crime contre le peuple syrien est encore plus grave pour le pays, mais aussi pour la région. Car le changement démographique et identitaire fera de la Syrie une extension iranienne, peuplée d’une majorité de chiites et constitue une continuité territoriale entre l’Iran, l’Irak et le Liban. Ce qui constitue une menace pour Israël – si l’on croit les promesses iraniennes d’enrayer l’Etat juif de la carte – et crée un foyer d’instabilité sur le long terme en ravivant la guerre ancestrale entre les deux branches de l’Islam.

Magdi W.