Explosion sur un bateau israélien: le mystère qui agite le Golfe

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(Rome le 01 mars 2021). Une nouvelle explosion mystérieuse met le feu dans les eaux du golfe Persique et aux relations entre l’Iran et Israël. Ces derniers jours, un cargo battant pavillon des Bahamas mais appartenant à l’Israélien Rami Unger, le MV Helios Ray, a été touché par l’explosion alors qu’il se trouvait dans les eaux du golfe d’Oman. La même zone, a été en 2019 le théâtre d’incidents très similaires contre des porte-conteneurs et des pétroliers. L’épisode reste toujours enveloppé de mystère. Comme le rapporte l’Associated Press, Dryad Global, une société qui s’occupe du renseignement maritime, estime que, dès les premières analyses, il peut s’agir d’une « activité asymétrique de la part de l’armée iranienne ». Cette hypothèse serait soutenue à la fois par les accusations des dernières années par la marine américaine contre l’Iran pour des événements similaires, et par la tension renouvelée dans la région avec l’attaque américaine contre les milices pro-iraniennes en Syrie.

Pour enquêter sur l’explosion, Israël a envoyé des responsables de la Défense à Dubaï, où le navire a accosté pour subir des réparations. Le bateau a deux trous à gauche et deux à droite. Selon les premières informations publiées par les responsables américains présents dans la zone, les trous dus aux explosions seraient situés juste en dessous de la ligne de flottaison. Les Américains pensent également que l’Iran est derrière l’attaque. Téhéran n’avait pas immédiatement répondu aux allégations, même si le journal Kayhan, lié à la partie la plus intransigeante de la politique iranienne, a publié un rapport indiquant qu’Ungar, l’homme d’affaires propriétaire du navire affecté, entretient des relations très étroites avec Yossi Cohen, chef de le Mossad.

Les accusations contre l’Iran ont une signification très importante. Tout d’abord parce qu’elles arrivent à un stade où, comme expliqué ci-dessus, l’Iran est revenu au centre des tensions au Moyen-Orient. Joe Biden veut parvenir à un accord sur le programme nucléaire iranien, mais l’attaque en Syrie a clairement montré que ces négociations ne sont pas aussi évidentes qu’elles ne pourraient le paraître. En effet, de nombreux segments de la politique américaine et israélienne ne sont pas favorables à la conclusion d’un accord avec un pays qui n’a pas encore montré de signes de ralentissement sur le front de son programme atomique. Cet accord entre Téhéran et Washington est crucial pour Israël, le gouvernement de Benyamin Netanyahu voulant tout sauf le retour des États-Unis au 5+1 après la sortie de Donald Trump.

Outre la question de l’énergie nucléaire iranienne, qui est étroitement liée en raison des tensions, il existe aussi une question particulièrement importante pour Israël concernant le contrôle de la mer. Comme déjà évoqué, l’État hébreu a accentué le rôle de la marine en raison de l’importance de la mer dans la survie même du pays. 90% de son commerce se fait par voie maritime et le passage de Bab el Mandeb et du canal de Suez est essentiel pour le trafic commercial. Si ces scénarios devenaient à haut risque, les problèmes seraient bien nombreux: d’une part, la marine israélienne serait forcée d’intervenir dans les eaux où la menace est la plus élevée, mais avec le danger d’une escalade continue avec l’Iran, ce qui pourrait conduire à scénarios de conflit beaucoup plus vastes et plus inquiétants, de l’autre, il existe un problème économique: comme l’écrit Haaretz, les compagnies maritimes pourraient augmenter considérablement les tarifs d’assurance avec une augmentation inévitable de la valeur des marchandises échangées.

Un scénario qui, cependant, ne doit pas être considéré comme dangereux uniquement pour Israël, étant donné que le pétrole iranien ainsi qu’une grande partie du transport maritime mondial passent également par ces voies maritimes. Une escalade peut donc être très risquée pour les deux parties, avec des effets secondaires sur l’ensemble du marché mondial.

Quoi qu’il en soit, Israël et la République islamique d’Iran ont depuis longtemps les yeux rivés sur la mer, considérée comme le domaine où une nouvelle ère de conflit de faible intensité entre les deux États pourrait s’ouvrir. La marine israélienne a augmenté le nombre de ses navires de surface et sous-marins pour mieux contrôler les routes de la Méditerranée et de la mer Rouge, mais récemment, elle semble avoir pénétré jusqu’à Ormuz. L’Iran, a pour sa part au sein de la Marine des Gardiens de la Révolution, une arme extrêmement flexible et capable de frapper les routes navales, les terminaux pétroliers, les plates-formes offshore et les pays voisins. Une confrontation frontale est difficile: mais les deux pays maintiennent l’option d’une confrontation.

Lorenzo Vita. (Inside Over)