L’ancien ministre israélien Moshe Yaalon met en garde contre l’Iran et le Hezbollah

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(Rome le 09 février 2021). La décision de la Ligurie (une région en forme de croissant, au nord-ouest de l’Italie, ndlr) de définir le Hezbollah comme une organisation terroriste est « le bon choix », explique Moshe Yaalon, ancien ministre israélien de la Défense et ancien chef d’état-major des Forces de défense israéliennes. Le nouvel accord nucléaire avec l’Iran ? Voici ce qu’il doit inclure.

La semaine dernière, le Conseil régional de Ligurie a approuvé l’ordre du jour, présenté par le conseiller Angelo Vaccarezza et par d’autres membres du Cambiamo («Changeons», est un parti politique italien, ndlr) ! du gouverneur Giovanni Toti, qualifiant le Hezbollah comme une organisation terroriste dans son intégralité.

Le document, comme expliqué sur (le site) Formiche.net, engage le président de la région de Ligurie à «prendre des mesures dans les forums appropriés, au parlement et au gouvernement, pour s’assurer que l’Italie, comme déjà décidé dans le contexte européen par l’Allemagne, les Pays-Bas, La Grande-Bretagne et l’Autriche, reconnait officiellement le Hezbollah comme une « organisation terroriste » dans son intégralité».

Aux applaudissements de l’ambassade d’Israël à Rome que témoigne un appel téléphonique entre l’ambassadeur Dror Eydar et le gouverneur Toti, s’ajoute celui de Moshe Yaalon, ancien ministre israélien de la Défense et ancien chef d’état-major des forces de défense israéliennes. Le général connaît bien le Hezbollah, aussi bien en politique, que sur le terrain: pendant la guerre du Liban de 1982, il a été blessé à la jambe alors qu’il dirigeait une opération des forces spéciales du Sayeret Matkal contre les milices du Hezbollah. Le ligurien «est le bon choix», commente «Bogie» Yaalon sur (le site) Formiche.net.

Pourquoi ?

Le Hezbollah est une branche armée de l’Iran, qui fait partie de la politique iranienne « d’exportation de la révolution ». C’est un mélange entre un mouvement politique, une milice armée et une organisation terroriste, et il est impossible de les séparer. L’Etat libanais, en fait, a été «kidnappé» par le régime iranien, à tel point qu’une décision du Hezbollah de lancer une guerre contre Israël ou de commettre des actes terroristes contre des cibles israéliennes sera prise à Téhéran et non à Beyrouth. Le régime iranien utilise le Hezbollah comme un bras stratégique et il est prêt à tout pour arriver à ses  fins, quitte à sacrifier l’État libanais et ses citoyens.

Plusieurs gouvernements européens, dont le gouvernement italien, soutiennent la distinction entre la branche politique et la branche militaire et craignent que l’interdiction de cette dernière ne représente également un danger pour les forces armées engagées au Liban, au sein de la mission de la FINUL. Mais en avril de l’année dernière, l’Allemagne a décidé d’interdire le Hezbollah, et n’a pas subi les représailles redoutées.

Les gouvernements européens qui font la distinction entre le « bras politique » et le « bras militaire » du Hezbollah commettent une grave erreur en permettant au Hezbollah de poursuivre ses activités terroristes et de perpétrer une situation contraire à « l’ordre mondial », en se dotant d’un gouvernement, d’une loi et d’une armée dans un Etat souverain. Les gouvernements européens qui ferment les yeux sur les attentats du Hezbollah et hésitent à le qualifier d’organisation terroriste, par crainte d’attaques terroristes. D’après mon expérience, quiconque se soumet au terrorisme, le terrorisme le rattrape. La manière de lutter contre le terrorisme où qu’il se trouve, c’est d’unir les forces et de coopérer avec tous les pays engagés dans «l’ordre mondial».

On a qualifié le Hezbollah de « bras de l’Iran ». Parlons de l’Iran. Le nouveau président américain Joe Biden n’exclut pas un retour aux négociations sur l’accord nucléaire mais souhaite d’abord un engagement de Téhéran. Washington n’exclut pas un pacte plus contraignant que le JPCOA de 2015. Serait-ce suffisant à votre avis ?

Le régime iranien et ses aspirations à l’hégémonie dans la région qui exporte la révolution vers les pays du Moyen-Orient (comme le Liban, la Syrie, l’Irak et le Yémen) devient la source d’instabilité la plus importante dans la région. Le désir de l’Iran de posséder une force nucléaire militaire est lié à cette perception et suppose que si l’Iran acquiert une telle capacité, les pays du monde s’abstiendront à s’y confronter (comme c’est le cas avec la Corée du Nord) et permettront au régime de prendre le contrôle du Moyen-Orient, et pas seulement. L’accord nucléaire de 2015 était minime et n’incluait pas les dimensions militaires possibles du projet, les violations du régime dans le domaine du développement et de la production de missiles ainsi que dans le domaine des armes et de la propagation du terrorisme. Tout nouvel accord doit inclure ces éléments.

Téhéran en sera là ? Permettez-moi d’en douter.

D’après mon expérience, le moyen d’amener le régime iranien à accepter ces conditions pour un tel accord est d’exercer une pression conjointe sur le régime: des sanctions économiques importantes, un isolement politique du régime et une menace militaire crédible.

Ces derniers jours, le ministre iranien des Affaires étrangères Mohammad Javad Zarif a déclaré que le chef de la diplomatie européenne Josep Borrell, pourrait agir comme « chorégraphe » et coordonnerait les actions de Téhéran et de Washington. Pas exactement un compliment à l’Union européenne, qui a toujours pris la défense de l’accord JPCOA mais qui ne semble pas avoir beaucoup de poids dans les négociations d’aujourd’hui, du moins à en juger par les propos du ministre Zarif.

Toute renonciation des pays européens et en particulier des pays P5 + 1 pourrait conduire à une situation similaire à celle de la Corée du Nord. Et ce serait une grave erreur historique.

Gabriele Carrer. (Formiche)