Turquie-S 400: sanctions américaines. Outre le gouvernement turc, Moscou et Téhéran protestent

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Les États-Unis sont passés de facto à des voies de fait vers la Turquie: le secrétaire d’État Mike Pompeo a annoncé des sanctions contre l’agence gouvernementale d’Ankara qui s’occupe de l’achat d’armes en représailles à l’acquisition du système de missiles Russe S-400. « Malgré nos avertissements, la Turquie a progressé avec l’achat à la Russie et les tests du système S-400 », a déclaré le chef de la diplomatie américaine sur Twitter. « Les sanctions contre l’industrie de défense de la Turquie montrent que les Etats-Unis appliqueront pleinement les lois fédérales américaines. Nous ne tolérerons aucune transaction significative avec le secteur de la défense russe », a assuré Pompeo. La réaction d’Ankara a été immédiate, qualifiant les sanctions d’«injustes»: « Nous appelons les Etats-Unis à revoir la décision injuste des sanctions et réaffirmons que nous sommes prêts à traiter la question par le dialogue et la diplomatie, conformément à l’esprit d’alliance », a fait savoir le ministère des Affaires étrangères.

Même Moscou, par la bouche du chef de la diplomatie Sergej Lavrov, est intervenu contre les mesures jugées « illégitimes », pointant du doigt la « démonstration de l’arrogance américaine envers le droit international ». « Et bien sûr – a souligné le ministre russe des Affaires étrangères – cela n’améliore pas la position internationale des Etats-Unis ».

« Nous condamnons fermement les récentes sanctions américaines contre la Turquie et sommes avec son peuple et le gouvernement », a écrit le ministre iranien des Affaires étrangères Mohammad Javad Zarif sur Twitter, dénonçant « la dépendance américaine aux sanctions et le mépris de la loi internationale ».

L’achat du système de missiles de défense russe par Ankara a été répertorié par plusieurs pays occidentaux, qui ont mis en évidence son incompatibilité avec les systèmes de l’OTAN. En réponse à la livraison de la première batterie l’année dernière, Washington avait suspendu la participation de la Turquie au programme de production du chasseur F-35 ultramoderne, estimant que les S-400 pourraient percer des secrets technologiques.

Jusqu’à présent, le président Donald Trump avait évité d’imposer des sanctions à Ankara mais, au vu des adieux à la Maison Blanche, les rumeurs d’une adoption imminente de mesures restrictives similaires se sont multipliées. La semaine dernière, le président turc Recep Tayyip Erdogan a souligné qu’une telle démarche aurait été « irrespectueuse » de la part de Washington envers « un partenaire très important de l’OTAN ». Et il avait fait allusion à une éventuelle amélioration des relations bilatérales une fois que le nouveau président Joe Biden prendra ses fonctions. (La Repubblica)