(Rome 11 décembre 2020). Normalisation avec Israël et souveraineté sur le Sahara occidental. Pour le Maroc, le jeu est double, et Trump a été le médiateur. Tous les détails.
« Un autre tournant HISTORIQUE aujourd’hui ! Nos deux GRANDS amis, Israël et le Royaume du Maroc, ont décidé d’établir des relations diplomatiques complètes; un énorme pas en avant pour la paix au Moyen-Orient ! »: c’est ce qu’écrivait le président américain Donald Trump – avec beaucoup de majuscules – sur Twitter, après avoir annoncé qu’il avait reconnu la souveraineté du Maroc sur le Sahara occidental. Le territoire est disputé entre Rabat et le Front Polisario, une organisation militante et un mouvement politique qui a déclaré son indépendance en proclamant la République arabe sahraouie démocratique.
L’activité conflictuelle entre l’armée marocaine et les combattants du Front a récemment éclaté à nouveau, puis se dirige vers une rapide désescalade – il est possible que l’annonce de Trump puisse raviver les affrontements et créer davantage de tension dans une zone très délicate ? Sur ces colonnes, la vice-ministre italienne des Affaires étrangères, Marina Sereni, a expliqué que compte tenu de la sensibilité de la situation régionale « nous ne pouvons pas laisser surgir de nouvelles tensions et risques de conflits armés autour de la définition du statut juridique des territoires du Sahara occidental ».
La décision de Trump semble être un match commercial. L’administration américaine sortante semble intéressée à accélérer les processus d’inclusion des pays arabes et islamiques dans le cadre des normalisations en cours avec l’Etat juif. Le Maroc devient ainsi le cinquième pays – après l’Egypte, la Jordanie, les Emirats Arabes Unis, Bahreïn et le Soudan – à ouvrir des relations avec Israël. Rabat a suivi la ligne tracée en août dernier par Abou Dhabi qui, avec Bahreïn, a ensuite signé (le 15 septembre) les accords dits abrahamiques à Washington. Les Émirats arabes unis, la Jordanie et Bahreïn ont récemment ouvert des représentations diplomatiques à Laâyoune, la ville la plus représentative du Sahara occidental: un geste qui touche les revendications marocaines.
Le Maroc a contrôlé et gouverné la majeure partie du Sahara occidental depuis 1975, mais il revendique également l’étendue des territoires désertiques du sud – la raison étant que ces terres sont riches en phosphates et en potentiels gisements d’hydrocarbures. Né en 1973, le Front Polisario mène des actions de guérilla pour réclamer l’indépendance du Sahara Occidental, l’Algérie utilisant cette quête d’autodétermination pour poursuivre des intérêts géostratégiques contre ses voisins. Bien que les Nations Unies soient présentes depuis 1991 avec une mission spéciale, la Minurso, aucune solution de stabilisation n’a été trouvée.
Ferruccio Michelin. (Formiche)