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Emmanuel Macron: «la liberté d’expression n’est pas négociable pour nous»

(Rome 16 novembre 2020). Emmanuel Macron ne change pas sa ligne : la France ne fera pas de concessions sur les caricatures. Le chef de l’Etat regrette même ce lundi la relative timidité du soutien international après les derniers attentats dans le pays, et réaffirme que la France n’allait pas « changer » son droit sur la liberté d’expression « parce qu’il choque ailleurs ».

Dans un entretien publié par la revue en ligne Le Grand Continent, le chef de l’Etat relève que, « il y a cinq ans, quand on a tué ceux qui faisaient des caricatures, le monde entier défilait à Paris et défendait ces droits ». « Là, nous avons eu un professeur égorgé, plusieurs personnes égorgées. Beaucoup de condoléances ont été pudiques », souligne-t-il, en faisant référence à la mort du professeur Samuel Paty le 16 octobre et de trois personnes à Nice le 29.

« Les fondamentaux sont perdus »

Dans un article du quotidien américain The New York Times, le président français s’est aussi plaint de la couverture par plusieurs médias de langue anglaise des récents attentats. « Lorsque la France avait été attaquée il y a cinq ans, toutes les nations du monde nous avaient soutenus », a-t-il déclaré. « Et quand je vois, dans ce contexte, de nombreux journaux qui je pense viennent de pays qui partagent nos valeurs, qui écrivent dans un pays qui est l’enfant naturel des Lumières et de la Révolution française, et qui légitiment ces violences, qui disent que le cœur du problème, c’est que la France est raciste et islamophobe, je dis : les fondamentaux sont perdus », a ajouté le président français. Selon le journaliste du New York Times, Emmanuel Macron a accusé les médias anglophones, et américains en particulier, de chercher « à imposer leurs propres valeurs à une société différente », de ne pas comprendre « la laïcité à la française – une séparation active de l’Eglise et de l’Etat qui date du début du XXe siècle ».

« Ceci me choque »

« Et, a-t-il expliqué dans un autre entretien au Grand Continent, on a eu, de manière structurée, des dirigeants politiques et religieux d’une partie du monde musulman – qui a toutefois intimidé l’autre, je suis obligé de le reconnaître – disant : « ils n’ont qu’à changer leur droit. Ceci me choque ». Le chef de l’Etat fait ainsi référence aux appels à manifester contre la France et lui-même lancés dans plusieurs pays musulmans après ses propos défendant le droit à la caricature prononcés au cours de l’hommage national à Samuel Paty.

Pour Emmanuel Macron, « c’est précisément parce que la haine est interdite dans nos valeurs européennes, que la dignité de la personne humaine prévaut sur le reste, que je peux vous choquer, parce que vous pouvez me choquer en retour. Nous pouvons en débattre et nous disputer parce que nous n’en viendrons jamais aux mains puisque c’est interdit et que la dignité humaine est supérieure à tout ». Mais « nous sommes en train d’accepter que des dirigeants, des chefs religieux, mettent un système d’équivalence entre ce qui choque et une représentation, et la mort d’un homme et le fait terroriste – ils l’ont fait –, et que nous soyons suffisamment intimidés pour ne pas oser condamner cela », poursuit-il.

« Le combat » de l’Europe pour les libertés

« Ne nous laissons pas enfermer dans le camp de ceux qui ne respecteraient pas les différences. C’est un faux procès et une manipulation de l’Histoire », réagit Emmanuel Macron. De ce fait, « le combat de notre génération en Europe, ce sera un combat pour nos libertés. Parce qu’elles sont en train de basculer », avertit-il dans cet entretien accordé à la revue éditée par le Groupe d’études géopolitiques, une association indépendante domiciliée à l’École normale supérieure (ENS).

(20minutes)

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