L’explosion-catastrophe du Port de Beyrouth a détruit des quartiers entiers de la façade maritime de la capitale. Les quartiers les plus touchés sont Gemayzé, Saïfi, Mar Mekhaël, Modawar et Ashrafieh (Gitawy, Sagesse, Akkaoui…), majoritairement chrétiens. Le centre-ville a aussi subi des dégâts importants. Mais, tout comme Beyrouth-Ouest (à majorité musulmane), le centre-ville a été relativement épargné puisque le souffle de l’explosion a été résorbé, côté sud et sud-est par le silo à blé, entièrement détruit.
A peine la capitale tente-t-elle de se relever et de retrouver ses esprits que les habitants des quartiers les plus sinistrés ont-ils été démarchés par des spéculateurs pour leur acheter leurs biens détruits. Ces spéculateurs seraient des intermédiaires d’une mafia politico-financière qui tente d’investir dans l’immobilier, dans un objectif bien plus stratégique: changer l’identité de Beyrouth grâce à l’argent « halal » venu d’Iran, et à l’argent de la drogue et autres trafics, et de la grande corruption.
Selon les habitants démarchés, les acheteurs leur ont proposé des prix bien supérieurs aux prix pratiqués, avec la promesse de payer « cash », au moment où le Liban souffre d’une crise financière aiguë et d’un manque drastique de liquidité qui ont contraint les banques à restreindre les retraits et autres opérations commerciales. D’où, les habitants s’interrogent légitimement sur ces spéculateurs, sur leurs commanditaires et leur identité, sur les réels objectifs et les moyens conséquents mis en place pour les atteindre.
De fait, plusieurs sources affirment que les commanditaires sont liés au président du Parlement Nabih Berri et son épouse Randa, qui disposeraient de plusieurs milliards de dollars, le fruit des détournements des fonds attribués à la Caisse de reconstruction du Sud, mais aussi de la mainmise sur des kilomètres de plages de la région de Tur (Sud), où ils ont construit des centres commerciaux et des centres balnéaires sur le domaine publique maritime… Ils sont accusés d’avoir placé d’importantes sommes dans des paradis fiscaux. Selon des sources bancaires à Genève, Berri avait déjà en 2011 plus de 3,5 milliards de dollars à la HSBC. D’autres sources accusent le Hezbollah de vouloir investir l’argent de l’Iran et de la drogue pour modifier l’identité de Beyrouth, en achetant les quartiers chrétiens, dans un projet de transformation démographique semblable à celui exécuté en Syrie par l’axe syro-iranien. D’autres encore redoutent de nouveaux projets immobiliers semblables à Solidaire (centre-ville).
De ce fait, une campagne de sensibilisation est lancée à Beyrouth pour mettre en garde contre cette hégémonie qui ne dit pas son nom. Des affiches invitent les propriétaires à ne pas vendre leurs biens, quel que soit le prix proposé, et promettent que Beyrouth renaîtra de ses cendres comme à son habitude.
Il convient de rappeler que le Hezbollah avait investi d’importantes sommes pour acquérir de vastes parcelles dans la région d’Iklim el-Kharoub, qui sépare Beyrouth du Sud, afin de réaliser la jonction territoriale entre ses différents fiefs. Les incendies de forêts qui ravagent régilièrement ces régions visent ainsi à contraindre les propriétaires à céder et à vendre leurs terrains calcinés. Le même scénario avait été utilisé dans la montagne du département de Jbeil (Byblos) pour relier les villages chiites du département au fief du Hezbollah de la Békaa à travers Yamouneh notamment.
Par tous les moyens, les Libanais sont appelés à résister à toutes les tentatives de soumettre leur pays à l’Iran. Bien qu’ils se sentent abandonnés par la communauté internationale, ils gardent toutefois la foi et espèrent pouvoir compter sur la diaspora libanaise pour sauver le pays et son patrimoine historique, et garder son identité plurielle.
Sanaa T.