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Defense One : Trump aurait un plan visant à détacher l’Italie et d’autres pays de l’UE

(Rome, 10 décembre 2025). Une version inédite de la stratégie de sécurité nationale de l’administration Trump, révélée par «Defense One», dévoile un plan diplomatique «ambitieux» : renforcer les liens avec certains pays européens, dont l’Italie, afin de les éloigner de l’influence de l’Union européenne. Le document détaille une vision alternative des relations transatlantiques, marquée par une volonté de redéfinir le rôle de Washington en Europe

Le magazine américain «Defense One», qui publie de larges extraits sur son site web, a eu accès à une version inédite d’un document non publié.
«Collaborer davantage» avec des pays comme l’Italie, l’Autriche et la Pologne «dans l’objectif de les éloigner de l’Union européenne». C’est l’un des passages de la version étendue de la stratégie de sécurité nationale élaborée par l’administration Trump, qui n’avait pas encore été rendue publique. Cette version inédite du document a été consultée par «Defense One», qui publie de longs extraits sur son site web, tel que rapporté par l’agence italienne «AGI».

Outre l’appel à la fin d’une «OTAN en expansion constante», la version intégrale détaille la volonté de l’administration Trump de «rendre sa grandeur à l’Europe», tout en incitant les membres européens de l’OTAN à se libérer du soutien militaire américain.

Le texte part d’un diagnostic alarmiste : selon ses auteurs, l’Europe ferait face à une «disparition de la civilisation», conséquence des politiques migratoires et d’une supposée «censure de la liberté d’expression». À partir de ce constat, la stratégie propose de recentrer les efforts diplomatiques américains sur certains États jugés plus réceptifs. L’Autriche, la Hongrie, l’Italie et la Pologne y sont explicitement désignées comme des nations avec lesquelles les États-Unis devraient «intensifier leur collaboration dans l’objectif de les éloigner de l’Union européenne».

Cette stratégie esquisse un repositionnement profond de la diplomatie trumpienne : plutôt que de miser sur les alliances historiques qui ont structuré l’ordre occidental depuis la Seconde Guerre mondiale, elle cherche à redistribuer les équilibres européens en misant sur des gouvernements plus souverainistes et moins alignés sur Bruxelles.

Le document suggère également de soutenir les partis politiques, mouvements et figures culturelles et intellectuelles «œuvrant pour la souveraineté nationale et la préservation ou le retour aux modes de vie européens traditionnels», à condition qu’ils demeurent favorables aux États-Unis, tel que indiqué dans le document, consulté par «Defense One».

En cherchant à fragmenter l’UE et à encourager les forces politiques les plus sceptiques de l’intégration européenne, Washington prend le risque de fragiliser l’un de ses piliers stratégiques traditionnels. Cette redéfinition de priorités, marquée par la défiance envers l’Europe et par une ouverture relative envers la Russie, soulève une question centrale : jusqu’où l’Amérique de Trump est-elle prête à redessiner l’architecture des alliances occidentales, même au prix d’affaiblir le front européen et de brouiller davantage le rapport de force avec le Kremlin ?

Au-delà de son apparente volonté de «rééquilibrer» les relations transatlantiques, cette stratégie traduit surtout un glissement profond : l’érosion assumée du lien privilégié avec les partenaires européens au profit d’un redéploiement géopolitique moins lisible, où la distance vis-à-vis de Bruxelles coïncide avec une posture plus conciliante envers Moscou.

Durant l’été, le président Trump a fait la une des journaux en déplorant l’exclusion de la Russie du G8 (devenu G7) qu’il a qualifiée de «très grosse erreur». Il a même suggéré d’y intégrer la Chine pour former un «G9», toujours selon «Defense One».

L’exemple britannique illustre parfaitement ce basculement. Londres, longtemps considéré comme l’allié le plus solide et le plus naturel de Washington, se retrouve aujourd’hui en décalage croissant avec la nouvelle orientation impulsée par Trump. L’Ukraine en est devenue le point de friction le plus visible : alors que le Royaume-Uni s’est imposé comme l’un des soutiens européens les plus fervents à Kiev, la nouvelle stratégie américaine tend à relativiser l’enjeu ukrainien et à privilégier un rapport plus pragmatique, voire conciliant avec Moscou.

Pour la première fois depuis des générations, la relation anglo-américaine semble se heurter à des visions stratégiques fondamentalement divergentes. La rupture n’est pas totale, mais elle rompt avec une continuité quasi organique qui, depuis la Seconde Guerre mondiale, avait aligné Washington et Londres sur l’essentiel des grandes crises internationales. Autrement dit, le Royaume-Uni porte encore l’héritage de sa confrontation séculaire avec la Russie impériale. Voir les États-Unis se rapprocher de Moscou brouille donc les repères d’une alliance qui reposait justement sur une lecture commune des ambitions russes.

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