(Rome, 08 décembre 2025). Alors que les lignes diplomatiques autour du conflit ukrainien se déplacent à grande vitesse, Volodymyr Zelensky se retrouve au cœur d’un jeu de pressions inédites : d’une part, les faucons européens cherchent à maintenir le cap de l’affrontement avec Moscou ; de l’autre, Washington, sous l’impulsion de Donald Trump, pousse désormais pour une négociation accélérée incluant des concessions majeures. Entre dépendance militaire vis-à-vis de ses alliés et risques politiques internes, le président Zelensky voit son espace stratégique se réduire, tandis que les prochaines heures pourraient redéfinir le rapport de forces au sein du bloc occidental
La journée politique sur la question ukrainienne s’ouvre sur des propos acerbes en provenance des États-Unis. Donald Trump, promoteur d’un nouveau plan de paix négocié avec Moscou, a exprimé sa «déception» face au fait que le président ukrainien Volodymyr Zelensky n’ait pas encore examiné la proposition de Washington. «Son entourage l’apprécie beaucoup. Cela convient parfaitement à la Russie», a déclaré le président, signe de tensions croissantes autour des négociations, écrit Enrico Oliari dans le portail italien «Notizie Geopolitiche».
Selon des analystes cités par les médias internationaux, le point le plus controversé du plan, à savoir le retrait volontaire des forces ukrainiennes du Donbass, rendrait toute ouverture de la part de Zelensky politiquement risquée. Accepter formellement un repli, expliquent ces sources, pourrait l’exposer à de vives accusations internes de trahison des intérêts nationaux, y compris de la part de ceux qui critiquent actuellement sa gestion du conflit. Dans le même temps, ignorer ou refuser la demande d’entamer des négociations avec l’équipe de Trump devient de plus en plus difficile, selon les mêmes analystes.
Le président ukrainien s’est rendu aujourd’hui au Royaume-Uni pour une série d’entretiens avec le Premier ministre britannique Keir Starmer, le président français Emmanuel Macron et le chancelier allemand Friedrich Merz. La délégation de Kiev a fait savoir que Zelensky avait reçu la version officielle du plan américain, tandis que le dirigeant ukrainien a réaffirmé que sur le Donbass et les garanties de sécurité, «aucun accord n’a encore été trouvé».
Le président français Emmanuel Macron a souligné la nécessité d’une action concertée entre l’UE, l’Ukraine et les États-Unis, tandis que le Premier ministre britannique Keir Starmer s’est dit opposé à toute pression exercée sur Zelensky pour qu’il accepte le plan américain : «Sur l’Ukraine, c’est l’Ukraine qui décide», a-t-il insisté. Pour Emmanuel Macron, «les sanctions contre la Russie commencent à porter leurs fruits», un leitmotiv qui circule depuis près de quatre ans. Le chancelier allemand Friedrich Merz a quant à lui réaffirmé l’importance d’une «paix juste», exprimant son «scepticisme» quant à certains aspects du plan Trump «qui méritent d’être discutés».
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Malgré leurs efforts pour le pousser à la guerre, même lorsqu’il souhaitait négocier pour l’éviter, le président ukrainien continue de flirter avec les principaux faucons européens, qui, comme le suggère le slogan «Réarmer l’UE», ont clairement tout intérêt à ce que le conflit se poursuive.
La mission diplomatique s’est ensuite rendue à Bruxelles, où le président ukrainien rencontrera dans la soirée Ursula von der Leyen, Mark Rutte et Antonio Costa, tandis que demain, Zelensky sera accueilli à Rome par Giorgia Meloni.
Selon un expert italien sollicité sur la question, «si les pressions extérieures s’accentuent et que les marges financières de Kiev se resserrent, la capacité du président ukrainien à préserver son autonomie décisionnelle deviendra le véritable test de la prochaine phase du conflit».
La Commission européenne s’attend à ce que le Conseil européen, les 18 et 19 décembre, approuve le prêt «Réparations» destiné à soutenir Kiev, financé par les intérêts générés par les avoirs russes gelés.
La porte-parole Paula Pinho a assuré que la proposition est «à l’épreuve des tribunaux» et vise à répondre aux préoccupations d’Euroclear et des opérateurs financiers, en les rassurant quant aux risques potentiels pour l’attractivité des marchés européens.
Au terme de cette séquence diplomatique intense, une certitude s’impose : l’Ukraine n’est plus seulement actrice, mais aussi objet des tensions internes au sein du camp occidental. Entre un axe européen déterminé à prolonger la confrontation et une Maison-Blanche qui mise sur la négociation, Zelensky avance sur une ligne de crête où chaque choix comporte un coût stratégique.
La situation continue d’évoluer rapidement, la pression s’accentuant sur le gouvernement ukrainien et Washington plaidant en faveur d’une solution négociée : la marge de manœuvre de Kiev semble plus réduite que jamais. Les prochaines 48 heures de diplomatie européenne pourraient s’avérer décisives.