(Rome, 22 novembre 2025). À quelques jours du Thanksgiving, la pression monte sur l’Ukraine. Donald Trump a officiellement posé un ultimatum à Kiev : «accepter son plan de paix d’ici le 27 novembre, faute de quoi l’aide militaire américaine sera suspendue. Une proposition immédiatement saluée par Vladimir Poutine, qui y voit une base possible pour mettre fin au conflit. Mais derrière ce texte en 28 points, élaboré dans l’ombre et marqué par l’influence de Moscou, se joue un bras de fer diplomatique qui pourrait redéfinir l’équilibre stratégique de l’Occident
Six jours pour une nouvelle paix estampillée Donald Trump. Six jours pour savoir si Volodymyr Zelensky acceptera un plan qui a un parfum de capitulation ou s’il décidera d’aller de l’avant, sans son allié le plus puissant. Six jours pour savoir si l’Europe saura se relever après le énième piège tendu par les États-Unis. Le plan de paix américain pour l’Ukraine pourrait marquer un tournant dans l’histoire de l’Occident. Après le flot de rumeurs et d’indiscrétions, la situation semble désormais plus claire. Le président américain a de facto confirmé le plan, exhortant Kiev à l’accepter d’ici jeudi prochain, jour de Thanksgiving, écrit le quotidien italien «La Stampa».
Vladimir Poutine a démontré que Moscou participe également aux manœuvres dans le cadre du projet de 28 points. «Ce plan peut servir de base pour mettre fin au conflit», annonça le Tsar, avant d’énoncer sa menace : «Si Kiev ne l’accepte pas, nous conquerrions davantage de territoires ukrainiens». La démarche de Trump s’inscrit dans une stratégie bien précise, initiée par le sommet avec Poutine à Anchorage, passe par la rencontre manquée de Budapest et reposant sur un canal, celui du Kremlin, resté constamment ouvert.
À sa troisième tentative, le magnat a encore changé de tactique. Il ne s’est pas exposé en première ligne, misant sur une nouvelle rencontre avec Poutine. Il œuvra en coulisses, dépêchant son fidèle Steve Witkoff, l’homme de la phase préparatoire cruciale du processus de paix pour Gaza.
Si l’Ukraine refuse, la menace est claire : Kiev pourrait se retrouver seule face à une Russie enhardie et un Occident fracturé. Si elle accepte, c’est le spectre d’une paix dictée par la force qui s’imposerait. Dans les deux cas, l’ultimatum de Trump révèle une évidence brutale : le conflit ukrainien n’est plus seulement une guerre de tranchées, mais une partie d’échecs où chaque décision peut redessiner le visage de la région.
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Les révélations filtrées dans différents médias internationaux ont fait le reste, dessinant un plan sur lequel Trump ne s’est exprimé clairement que dans un second temps : «Jeudi est le jour idéal pour l’accepter», déclara-t-il à Fox News, minimisant ainsi les importantes concessions territoriales exigées de Kiev en échange de la paix : «de toute façon, l’Ukraine les perdra probablement sous peu». Sur un point, Washington est resté aligné sur l’UE et Kiev : celui des sanctions contre Moscou.
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En réalité, l’ultimatum de Trump vise non seulement Kiev, mais il teste aussi la capacité de l’Europe à peser sans Washington, tout en sondant jusqu’où Moscou est prêt à aller pour verrouiller ses gains territoriaux. Pour l’Ukraine, accepter ou refuser revient à choisir entre deux risques stratégiques majeurs. Pour l’Occident, c’est un rappel sec : la stabilité européenne dépend désormais de décisions prises bien au-delà de ses frontières. Ce plan de paix n’est peut-être qu’une offre, mais surtout un message. Il redéfinit déjà le champ de la bataille diplomatique.