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L’Iran renforce l’arsenal russe avec une nouvelle génération de drones, le Shahed-107

(Rome, 20 novembre 2025). Face à l’usure du conflit en Ukraine, Moscou renforcerait son arsenal avec le Shahed-107, un drone de nouvelle génération fourni par l’Iran. L’apparition de ce nouveau drone, désormais utilisé par la Russie en Ukraine, marque un tournant : plus petit, moins coûteux et produit potentiellement en série, il renforce la capacité de Moscou à frapper la logistique et les arrières du front ukrainien sur de longues distances. Doté d’un moteur à pistons, d’une ogive de 8 à 9 kg et d’une portée allant jusqu’à 800 km, il pourrait être produit en Russie et déployé en grand nombre

De nouveaux modèles de drones iraniens utilisés par les forces armées russes ont commencé à apparaître sur le front ukrainien. Plus petit et avec un rayon d’action plus limité (mais également bien moins coûteux à produire) que son grand frère, le Shahed-136, le Shahed-107 représente le choix idéal pour mener des attaques de moyenne portée contre les infrastructures logistiques et les arrières du front ukrainien, nous explique Duccio Fioretti du média italien «Formiche.net».

Ce drone semble disposer d’une ogive d’environ 8 à 9 kilogrammes et d’un système de navigation basé sur une antenne CRPA à quatre éléments pour GPS et GLONASS. D’après certaines analystes, le Shahed-107 serait une version plus avancée du précédent Shahed-136, déjà utilisé par le Hezbollah contre Israël et observé en Irak. D’après ces estimations, le drone serait lancé par une catapulte fixe, aurait un rayon d’action d’environ 800 kilomètres, une altitude maximale de 3.000 mètres, une vitesse de croisière d’environ 120 km/h et un poids total d’une trentaine de kilogrammes. L’agence de presse iranienne Mehr, quant à elle, avance des chiffres bien plus élevés, évoquant une portée de plus de 1.500 kilomètres.

Des images publiées par des opérateurs ukrainiens montrent un drone doté d’un fuselage cylindrique, d’ailes rectangulaires montées sur la partie supérieure et doté d’une caractéristique queue en croix. La principale différence par rapport aux modèles précédents réside dans le passage d’un moteur électrique à un moteur à pistons, un choix qui augmente l’autonomie mais rend le drone plus facilement détectable sur le plan acoustique et thermique. Cette configuration rappelle celle de plusieurs systèmes occidentaux, notamment le drone américain «Disruptor» de la famille Phoenix Ghost, qui présente des solutions aérodynamiques similaires.

Selon l’analyste Konrad Muzyka, la doctrine de déploiement russe évolue rapidement. Des unités comme le groupe Rubicon opèrent jusqu’à vingt kilomètres derrière les lignes ukrainiennes, ciblant les éléments logistiques et les capacités clés de la défense ukrainienne. Parallèlement, des unités de manœuvre engagent des objectifs jusqu’à dix kilomètres de profondeur. Cette évolution a entraîné une augmentation des pertes ukrainiennes parmi le personnel logistique et les opérateurs de drones, tandis que les pertes d’infanterie, déjà plus lourdes, augmentent plus lentement.

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Au cours de l’année 2025, la Russie a également commencé à tester des versions modifiées du Shahed-136, utilisés pour frapper des cibles mobiles telles que des trains en mouvement, grâce à des systèmes de guidage avec intervention humaine. Le Shahed-107 pourrait devenir l’outil idéal pour standardiser cette capacité à moindre coût et avec un stock de munitions beaucoup plus important. Déployé à grande échelle, il offrirait aux forces russes une plateforme simple à produire, adaptée aussi bien aux cibles statiques qu’aux cibles mobiles, et utile pour saturer des zones jusqu’ici relativement épargnées par des attaques continues.

L’apparition du Shahed-107 représente donc une nouvelle avancée dans la stratégie russe fondée sur le recours massif à des systèmes sans pilote peu coûteux et en grand nombre. Ce développement pourrait rapidement se traduire par une menace constante pour l’arrière du front ukrainien, et renforce dramatiquement la capacité russe à frapper en profondeur, y compris dans des zones jusque-là jugées «relativement sûres».

Selon une source italienne, cette pression accrue sur l’arrière-front ukrainien rend d’autant plus cruciale la perspective d’un «plan de paix» promu par Donald Trump, actuellement au cœur d’intenses controverses.

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Si ce plan, évoqué comme une feuille de route de 28 points prévoyant des concessions territoriales et une réduction de l’armée ukrainienne, venait à être mis en œuvre, il pourrait légitimer de facto une victoire stratégique de la Russie, et normaliser son usage de drones bon marché comme le Shahed-107. Autrement dit, ce n’est pas seulement un cessez-le-feu qui est négocié, mais une paix réarrangée selon un rapport de force renforcé par la «supériorité technologique russe».

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