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Un plan confidentiel entre Washington et Moscou : les 28 points censés mettre fin à la guerre en Ukraine

(Rome, 19 novembre 2025). Un plan de paix secret, élaboré en coulisse entre Washington et des émissaires du Kremlin, refait surface dans le dossier ukrainien. Selon des sources relayées par Axios et Reuters, l’administration Trump travaillerait à une feuille de route en 28 points visant à mettre fin au conflit, malgré les démentis du Kremlin. Les discussions, menées discrètement à Miami, suscitent autant d’espoirs que de réserves, alors que Kiev et les alliés européens restent prudents face aux concessions territoriales et sécuritaires potentiellement envisagées

Ces derniers jours, une nouvelle orientation diplomatique émerge clairement dans le conflit ukrainien. Les États-Unis de Donald Trump seraient en train de préparer un plan de paix en 28 points, élaboré en étroite consultation avec la Russie. La révélation provient de sources officielles américaines et russes citées par le portail «Axios» et confirmées par un rapport de l’agence Reuters, écrit Francesca Salvatore dans «Il Giornale».

Cette initiative est menée par l’envoyé américain Steve Witkoff, présenté comme le principal interlocuteur de la partie russe, dirigée par le représentant Kirill Dmitriev. Les deux hommes auraient tenu des discussions pendant plusieurs jours à Miami fin octobre, lors d’une réunion de trois jours (du 24 au 26 octobre), selon Dmitriev, qui a déclaré que cette fois-ci «la position russe est véritablement prise en compte».

D’après des documents publiés par «Axios», le plan couvre quatre grands domaines : la paix en Ukraine, les garanties de sécurité, la stabilité européenne et les relations futures entre les États-Unis, la Russie et l’Ukraine. Il a également été rapporté que la Maison Blanche a déjà commencé à informer ses partenaires européens et le gouvernement ukrainien de ce projet, bien qu’à un stade préliminaire.

Selon la presse transalpine, Doha et Ankara seraient aussi impliqués dans la rédaction de ce «nouveau plan Trump». «La médiation qatarie et turque a contribué à mettre fin à la guerre à Gaza et pourrait contribuer à mettre fin à la guerre en Ukraine», aurait déclaré une source au portail «Axios».

Du côté ukrainien comme du côté européen, la prudence reste néanmoins de mise. Il n’est pas encore clair si Kiev acceptera les conditions que le document semble suggérer, notamment celles relatives aux positions territoriales et à l’appartenance à des alliances militaires. Un ensemble de propositions avait déjà émergé, exigeant de l’Ukraine qu’elle renonce formellement à son adhésion à l’OTAN et reconnaisse implicitement la souveraineté russe sur les régions occupées, propositions qui figuraient dans un projet datant d’avril 2025, affirment certaines sources.

Une autre piste est apparue cet été : en août dernier, lors d’un sommet entre Donald Trump et Vladimir Poutine, la Russie s’est montrée ouverte à l’idée de garanties de sécurité pour l’Ukraine similaires à l’article 5 de l’OTAN. Cependant, Poutine avait déjà exprimé de fortes réserves quant à un cessez-le-feu rapide, insistant sur le fait que tout accord devait tenir compte de la position de la Russie sur le terrain et des «négociations approfondies nécessaires».

Ainsi, l’acharnement militaire russe n’est pas en contradiction avec les pourparlers évoqués en coulisses : il en est plutôt le moteur stratégique, affirme un analyste italien. Avant d’ajouter : «pour la Russie, la poursuite des offensives sur le terrain sert à renforcer sa position dans d’éventuelles négociations, en imposant de nouveaux faits accomplis avant toute concession diplomatique».

Dans les faits, ce plan intervient alors que le conflit sur le terrain continue d’évoluer : Moscou a réalisé des progrès dans certaines zones et, selon Dmitriev, la Russie estime avoir renforcé sa position dans les négociations. Toutefois, aucune rencontre entre un haut gradé de l’Armée américaine, Daniel Driscoll, et des représentants russes n’est prévue à la suite des entretiens de ce dernier en Ukraine. Dmitri Peskov l’a affirmé, démentant les rumeurs. «La Russie et les États-Unis ont discuté d’une solution pacifique à la question ukrainienne en Alaska, et depuis lors, aucun développement n’a eu lieu», a déclaré le porte-parole du Kremlin.

À première vue, explique «Politico», la décision d’envoyer Driscoll à Kiev pouvait sembler inhabituelle, mais ce vétéran et fidèle allié du vice-président J.D. Vance est récemment devenu une figure importante au Pentagone et pourrait désormais jouer un rôle de plus en plus crucial.

Alors que les informations autour de ce plan restent partielles et parfois contradictoires, l’initiative montre néanmoins que des canaux diplomatiques, bien qu’informels, demeurent ouverts entre Washington et Moscou. Reste à savoir si ces discussions discrètes pourront se transformer en un véritable processus de paix accepté par toutes les parties. Entre prudence, scepticisme et intérêts stratégiques opposés, l’avenir du projet dépendra moins des intentions affichées que de la capacité des acteurs à surmonter leurs lignes rouges. Pour l’heure, la guerre se poursuit, et la paix demeure un horizon encore incertain.

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