(Rome, 15 novembre 2025). Alors que la pression militaire russe s’intensifie sur plusieurs fronts, l’Ukraine multiplie les mesures d’urgence pour ralentir l’avancée ennemie et protéger ses infrastructures stratégiques. Entre destructions de routes, retraits tactiques et bombardements incessants, Kiev doit aussi gérer une nouvelle crise nationale : un scandale de corruption qui ébranle le secteur énergétique et pousse Zelensky à annoncer une vaste réorganisation
L’armée ukrainienne, confrontée à des difficultés croissantes sur le front, a tenté de stopper l’avancée de l’armée russe en détruisant la route reliant Selidove à Pokrovsk, une ville théâtre de combats depuis des semaines. L’objectif est «d’empêcher les Russes d’utiliser cet axe pour s’infiltrer dans la ville avec des véhicules légers», a expliqué l’armée de Kiev, qui fait également face à une situation difficile dans les régions de Zaporizhia et de Dnipropetrovsk. «Afin de sauver la vie de nos soldats, nos unités se sont retirées de la localité de Novovasylivske vers des positions défensives plus avantageuses», a admis l’armée, faisant état de «violents combats», comme le rapporte «Il Tempo».
Moscou, de son côté, a célébré la «libération du village de Yablokovo dans la région de Zaporizhia» et a poursuivi ses bombardements incessants sur l’Ukraine. Dans la nuit de vendredi à samedi, les régions de Kherson, Dniepr et Tchernihiv ont été prises pour cible. Cette dernière s’est retrouvée plongée dans le noir après un raid qui a endommagé une importante centrale énergétique. Mais la Russie cherche également à frapper les lignes ferroviaires, comme l’a indiqué Oleksii Kuleba, vice-Premier ministre chargé des infrastructures, qui estime à au moins 800 le nombre d’attaques russes contre l’infrastructure ferroviaire ukrainienne depuis le début de l’année. «Plus de 3.000 installations ferroviaires ont été endommagées», a-t-il souligné, «et ce que nous avons observé lors de ces attaques de plus en plus intenses, c’est que les Russes cherchent avant tout à tuer les conducteurs de train». Depuis le 1er janvier 2025, les dégâts sont estimés à environ un milliard de livres sterling, mais «si l’on considère uniquement les trois derniers mois, le nombre d’attaques a triplé», a précisé Kuleba.
Parallèlement, le président ukrainien Volodymyr Zelensky est toujours aux prises avec le scandale de corruption impliquant la société nucléaire ukrainienne Energoatom, qui a entraîné la démission de deux ministres. Le Bureau national anticorruption d’Ukraine (NABU) et le Parquet spécialisé anticorruption (SAP), ont également requis l’arrestation de l’ancien vice-Premier ministre Oleksiy Chernyshov, accusé d’être impliqué dans le scandale et d’enrichissement illicite. Zelensky, outre le fait de se désolidariser de toutes les personnes mises en cause et de condamner leurs actions, a annoncé la restructuration des principales entreprises publiques du secteur énergétique, à commencer par Energoatom.
«Toutes les conditions doivent être réunies d’ici une semaine pour la formation d’un nouveau conseil de surveillance professionnel et pour une restructuration complète du conseil d’administration», a déclaré Zelensky sur les réseaux sociaux. Ukrhydroenergo, l’entreprise publique chargée de la production d’énergie hydroélectrique, sera également concernée par cette réorganisation : un concours sera lancé pour nommer un nouveau directeur général. Naftogaz, la société nationale de pétrole et de gaz d’Ukraine, fera aussi l’objet d’un concours pour attribuer les postes de son conseil de surveillance, afin qu’il puisse entrer en fonction dès janvier 2026.
Face à l’offensive russe qui gagne en intensité et au scandale qui fragilise l’appareil étatique, Kiev se retrouve engagé dans une double bataille : militaire et institutionnelle. Les prochaines semaines seront décisives pour déterminer si les mesures d’urgence prises et les réformes annoncées dans le secteur énergétique permettront de stabiliser la situation et de maintenir la résilience du pays.