(Rome, 09 novembre 2025). À l’occasion de la commémoration de la chute du mur de Berlin, le président fédéral allemand Frank-Walter Steinmeier a abordé un sujet sensible : la possibilité d’interdire le parti d’extrême droite AfD. Sans le nommer directement, il a souligné que l’interdiction d’un parti peut constituer un outil de défense de la démocratie, tout en appelant à un débat politique réfléchi et encadré par la Constitution
En ce jour de commémoration de la chute du mur de Berlin, Frank-Walter Steinmeier, Président fédéral d’Allemagne, a abordé un sujet particulièrement sensible : l’éventuelle interdiction du parti «Alternative für Deutschland» (AfD). Il s’agit d’un «ultime recours», rappelle-t-il, tout en précisant que le mécanisme de l’interdiction d’un parti représente «une forme de protection de la démocratie», et que le débat politique sur cette question doit être mené, comme le rapporte le quotidien «Il Giornale».
«Savoir s’il s’agit d’un moyen approprié, est un débat politique qui doit être engagé, et que nous mènerons en Allemagne», poursuit-il. «Nous devons examiner si les conditions sont réunies, mais nous ne pouvons absolument pas rester les bras croisés tant que cette question n’est pas clarifiée», a-t-il poursuivi.
Le président souligne que «pour préserver son intégrité, notre Constitution prévoit la possibilité d’interdire certaines associations ou groupes, d’exclure des partis du financement public, voire de les interdire purement et simplement s’ils s’opposent de manière agressive et combative à notre système libéral et démocratique». Il poursuit en insistant sur le fait que «les obstacles juridiques à une telle interdiction sont importants et que les procédures seraient longues. La décision finale relevant de la Cour constitutionnelle suprême».
«Ces jours-ci, les groupes d’extrême droite réagissent instinctivement à cette question en criant : “C’est antidémocratique !” », a-t-il observé
«Les populistes et les extrémistes tournent en dérision nos institutions, empoisonnent le débat public et exploitent la peur», a ajouté le Président allemand ce 9 novembre, date hautement symbolique pour le pays, marquée à la fois par la proclamation de la République en 1918, les pogroms contre les juifs de 1938 et la chute du mur de Berlin en 1989.
«À cela, je ne peux que répondre : c’est à vous de décider ! S’attaquent-ils à notre Constitution, s’y opposent-ils, souhaitent-ils un autre système, non libéral ? Alors la réponse de notre Constitution est claire : un parti qui adopte une attitude d’hostilité agressive envers la Constitution doit toujours envisager d’être interdit».
Le Président Steinmeier a enfin mis en exergue «l’augmentation de l’antisémitisme depuis le 7 octobre 2023», date de l’attaque sanglante du mouvement islamiste palestinien Hamas contre Israël qui a déclenché la guerre dans la bande de Gaza et par la suite au Liban contre le Hezbollah.
Il est utile de rappeler qu’en Allemagne, un nombre record de 6.236 crimes et délits antisémites ont été recensés en 2024, presque trois fois plus qu’en 2022. Près de la moitié (48 %) étaient attribués à l’extrême droite.