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La visite de Gebran Bassil à Paris malgré les sanctions américaines qui le visent, scandalise les Libanais de France

(Rome, Paris, le 13 octobre 2025). Les militants du Rassemblement pour le Liban (RPL), section française du Courant Patriotique Libre (CPL), s’activent depuis des jours pour tenter de masser la foule aux événements prévus les 18 et 19 octobre à Paris. Mais scandalisés, plusieurs Libanais de la diaspora ont décliné les invitations et se disent scandalisés par la mise à disposition d’une salle municipale de la Mairie du 15ème arrondissement pour une réception en son (dés)honneur et s’inquiètent du risque de crise diplomatique avec Washington.

Gebran Bassil, l’homme le plus détesté au Liban, allié au Hezbollah depuis les accords de Saint Michel (Mar Mikhaël de février 2006), principal responsable de la banqueroute du Liban et de la dilapidation de dizaines de milliards de dollars du secteur électrique, frappé par des sanctions américaines pour corruption (Global Magnitsky Human Rights Accountability Act), est attendu à Paris à la fin de cette semaine. Bassil a repris son bâton de pèlerin à quelques mois des élections législatives, dans l’espoir de sauver quelques sièges au Parlement.

Ses partisans s’activent depuis une dizaine de jours pour inviter les Libanais de la région parisienne à la réception organisée à la Mairie du 15ème arrondissement de Paris, samedi 18 octobre, ainsi qu’à la messe organisée à la cathédrale Notre-Dame du Liban, le lendemain, à la mémoire des militaires tombés le 13 octobre 1990, lors de l’attaque syrienne contre le palais présidentiel de Baabda, illégalement occupé par Michel Aoun. Le RPL et le CPL semblent avoir oublié que ces martyrs avaient été abandonnés à leur sort par leur chef d’alors, Michel Aoun, qui a fui le palais pour se réfugier à l’ambassade de France, et qui n’a jamais réclamé le retour des militaires enlevés par le régime Assad… Un diner est également organisé dans un restaurant du 8ème arrondissement en l’honneur de cet invité de marque.

Si le déplacement de Bassil à Paris semble normal pour certains, dans le cadre de la campagne électorale, une majorité de Libanais de France trouve anormale, voire inquiétante, la décision de la Mairie du 15ème arrondissement de Paris d’abriter une grande cérémonie en présence d’une personnalité étrangère frappée par des sanctions américaines. Ce bras d’honneur au Liban, aux Libanais et aux Etats-Unis risque de provoquer une crise diplomatique avec Washington et une crise de confiance avec les électeurs français d’origine libanaise, très nombreux dans le 15ème arrondissement.

Il faut rappeler que le Parlement européen avait annulé, en octobre 2023, la participation de Gebran Bassil à une conférence organisée à son siège de Strasbourg, pour les mêmes raisons. Bassil était invité par son ami Thierry Mariani et son groupe d’extrême droite européenne «Identité et Démocratie».

Si les Libanais de France, lucides et matures politiquement, ont décliné les invitations à rencontrer l’homme qui les a poussés à l’exode et qui a ruiné leur pays, il n’en est pas de même pour la Mairie du 15ème arrondissement. Selon plusieurs sources proches de la communauté libanaise en France, des ressortissants s’apprêtent à lancer une pétition afin de demander l’annulation de la réception rue Péclet, d’une part, d’appeler les franco-libanais du 15ème à sanctionner Philippe Goujon en mars prochain, d’autre part, et à exiger du RPL le respect de leur vie privée et de cesser de les harceler. Les militants du RPL utilisent en effet frauduleusement une base de données fournie par le ministère libanais des Affaires étrangères quand il était dirigé par Bassil, afin de mener sa campagne électorale, et exploitent ainsi les adresses et les numéros de téléphone des Libanais de France pour les bombarder de messages.

Sanaa T.

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