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Liban : Samir Geagea, «le Hezbollah doit désarmer au plus vite»

(Roma, 07 octobre 2025). Le chef du parti des Forces Libanaises, Samir Geagea, n’a pas changé d’un iota sa politique souverainiste ni sa stratégie de restaurer l’Etat libanais, face au mini-Etat du Hezbollah. Au moment où le Hamas palestinien capitule devant le rouleau compresseur israélien enclenché à la suite du massacre du 7 octobre 2023, Geagea appelle le Hezbollah à tirer les leçons et à remettre ses armes à l’armée libanaise sans tarder, pour éviter toute nouvelle guerre

Voici le texte intégral de son interview à l’Agence France Presse (AFP)

Le chef du principal parti chrétien au Liban, Samir Geagea, a appelé mardi le Hezbollah libanais pro-iranien, sorti affaibli d’une guerre avec Israël, à «remettre ses armes au plus vite» à l’Etat libanais.

Il est «inutile de perdre davantage de temps», a déclaré M. Geagea, notoirement hostile au mouvement armé dans un entretien à l’AFP. «Le Hezbollah n’a d’autre choix que de remettre ses armes à l’Etat libanais, car l’Etat en a pris la décision».

Le Hezbollah, qui dominait la vie politique au Liban, refuse de remettre ses armes à l’Etat après la fin de la guerre en novembre 2024 malgré l’intense pression au Liban et à l’international.

Sous la forte pression des États-Unis et la crainte d’une intensification des bombardements israéliens au Liban, le gouvernement libanais a ordonné à l’armée d’élaborer un plan visant à désarmer le Hezbollah d’ici la fin de l’année.

La formation chiite, qui conserve une importante assise populaire, a vivement critiqué ce plan et son chef Naïm Qassem a répété qu’il refusait de désarmer.

«Le Hezbollah, de la manière dont il agit actuellement, se place en dehors du jeu politique», a ajouté M. Geagea, estimant qu’il agissait «comme s’il défiait l’autorité de l’Etat».

Selon lui, les autorités libanaises devaient faire preuve d’une plus grande «détermination» dans cette affaire.

Le Hezbollah est la seule formation à avoir conservé ses armes après la guerre civile (1975-1990), au nom de la «résistance» contre Israël. Les Forces Libanaises (FL) de M. Geagea ont par contre livré leurs armes au sortir de la guerre.

– La leçon du Hamas –

Au lendemain du 7 octobre, la formation pro-iranienne avait ouvert un «front de soutien» depuis le sud du Liban contre Israël pour aider son allié, le Hamas palestinien, à Gaza.

Les violences ont dégénéré en guerre ouverte de septembre à novembre 2024, et le chef du Hezbollah Hassan Nasrallah ainsi que ses principaux chefs militaires ont été tués par Israël.

«Honnêtement je n’ai pas compris cette guerre de soutien, dont l’issue était évidente», a dit M. Geagea, chef du principal bloc parlementaire chrétien, qui a reçu l’AFP à Maarab, sa résidence et le siège du parti dans la montagne libanaise.

«Il est évident que le Hezbollah doit retenir ce qui se passe actuellement avec le Hamas. C’est une raison supplémentaire de remettre ses armes à l’État au plus vite», a-t-il martelé.

Israël et le Hamas ont entamé lundi en Égypte des pourparlers indirects visant à libérer les otages et à mettre fin à deux ans de guerre à Gaza, dans le cadre d’un plan annoncé par le président américain Donald Trump prévoyant un cessez-le-feu immédiat, le désarmement du mouvement et son exclusion de la gouvernance du territoire.

Geagea a enfin regretté que la décision du Hezbollah sur son armement «soit entre les mains de son parrain iranien», estimant que «plus il tarde à remettre ses armes, plus il perd la possibilité de rester un acteur politique majeur au Liban».

Malgré le cessez-le-feu du 27 novembre 2024, Israël continue de mener des frappes quasi quotidiennes au Liban, affirmant viser des membres de la formation pro-iranienne et l’accusant de tenter de reconstituer ses forces.

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