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Missiles Iskander et Kinzhal : la Russie adapte sa puissance de feu pour déjouer les boucliers de Kiev

(Rome, 02 octobre 2025). Moscou semble avoir franchi un cap dans la guerre des missiles. Selon des sources ukrainiennes et occidentales, la Russie aurait modifié ses systèmes Iskander-M et Kinzhal afin de déjouer les défenses aériennes Patriot fournies à Kiev. Ces améliorations technologiques réduiraient drastiquement l’efficacité des interceptions ukrainiennes et marqueraient un tournant inquiétant dans le conflit

Les missiles balistiques russes deviennent de plus en plus efficaces, pénétrant les défenses aériennes ukrainiennes et atteignant toutes leurs cibles. Pour les services de renseignements, ils auraient été «spécialement» modifiés pour tromper les systèmes Patriots.

Le niveau d’efficacité atteint par les missiles Iskander, explique Davide Bartoccini dans «Il Giornale», suggère que Moscou a réussi à les modifier avec succès afin d’échapper aux systèmes de défense aérienne ukrainiens. Selon des responsables ukrainiens et occidentaux, aussi bien les missiles lancés depuis le système mobile Iskander-M que les missiles balistiques hypersoniques aéroportés Kinzhal, ont atteint leurs cibles, «perçant» le système antiaérien Patriot et d’autres dispositifs défensifs déployés par Kiev.

Les frappes aériennes russes dévastatrices ces derniers mois laissent entrevoir une avancée qualitative dans l’utilisation des systèmes de missiles balistiques tactiques et hypersoniques de courte portée, que Moscou emploie pour frapper des objectifs stratégiques tels que les usines de production de drones ukrainiens.

Il s’agit d’un «exemple clair de l’amélioration par la Russie de ses missiles balistiques pour neutraliser plus efficacement les batteries de missiles Patriot américains», selon des responsables ukrainiens et occidentaux interrogés par le «Financial Times».

Ces missiles, d’une portée d’environ 500 kilomètres, suivent une «trajectoire typique» avant de «dévier et plonger en une descente terminale abrupte» ou d’effectuer des manœuvres qui «trompent et contournent» les batteries de missiles intercepteurs Patriot américains, les empêchant ainsi de les suivre et de les abattre efficacement. Des sources de l’armée de l’air ukrainienne ont rapporté que, rien que mercredi, les quatre missiles Iskander-M lancés dans la nuit ont «échappé aux défenses» et atteint leurs cibles.

Selon un rapport de l’Agence de renseignement de la défense américaine, un «schéma» se dessine : les missiles en approche adoptent un comportement différent en «phase terminale», s’écartant des paramètres d’engagement précédemment établis. Le rapport indique que les forces armées ukrainiennes «peinent à utiliser de façon cohérente les systèmes de défense aérienne Patriot pour se protéger des missiles balistiques russes, en raison des récentes améliorations tactiques apportées par les russes, notamment des mises à niveau permettant à leurs missiles de changer de trajectoire et d’effectuer des manœuvres plutôt que de suivre une trajectoire balistique traditionnelle».

Il s’agit d’un «point de bascule» dangereux, selon un ancien responsable ukrainien. D’après des informations partagées par Kiev, le taux d’interception de missiles balistiques par l’Ukraine s’est amélioré au cours de l’été, atteignant 37 % en août, avant de retomber à 6 % en septembre, et ce malgré un nombre réduit de tirs de ce type de missiles.

Actuellement, les intercepteurs Patriot sont le seul système capable d’abattre les missiles balistiques hypersoniques russes dans l’arsenal de Kiev, ou du moins ils l’étaient avant les modifications apportées par Moscou (probablement liées au logiciel des Iskander) qui combinent les tirs de missiles de croisière avec des essaims de drones kamikazes low-cost accompagnés de «drones leurres», chargés de tromper les défenses antiaériennes ukrainiennes déjà soumises à une stratégie de saturation.

Un message politique autant que militaire

Pour de nombreux analystes occidentaux, cette communication russe s’adresse autant aux chancelleries occidentales qu’à l’opinion publique nationale. En insistant sur la supériorité technologique de ses armes, le Kremlin cherche à renforcer sa posture dissuasive et à entretenir une image de puissance face à l’aide militaire croissante apportée à l’Ukraine.

Ce renforcement des missiles intervient par ailleurs à un moment où les tensions diplomatiques avec l’OTAN s’intensifient, plusieurs responsables européens ayant récemment évoqué la possibilité d’une confrontation directe avec la Russie si le conflit devait s’étendre.

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