L'actualité du Proche et Moyen-Orient et Afrique du Nord

Au sommet européen, en son absence, la Russie cristallise les tensions

(Rome, 1er octobre 2025). Absente du sommet mais omniprésente dans les débats, la Russie reste au cœur des fractures européennes. Entre menaces hybrides, divisions géopolitiques et dilemme sur le financement de Kiev, les Vingt-Sept cherchent à renforcer leur défense commune sans parvenir à une vision unifiée

Les dirigeants européens en alerte entre drones, sécurité et soutien financier à Kiev. Le pays le plus souvent cité lors de ce sommet est absent : il s’agit de la Russie de Vladimir Poutine, pays qui, selon de nombreux dirigeants, est au cœur d’une stratégie visant à diviser l’Europe de l’intérieur et à entraver l’aide à l’Ukraine, rapporte Gabriella Caimi sur la chaine italienne «TG LA7».

«Nous nous traversons la situation la plus difficile et la plus dangereuse depuis la Seconde Guerre mondiale», déclare Mette Fredriksen, l’hôte de la réunion. «Nous sommes en guerre», a déclaré hier le Premier ministre polonais Donald Tusk, précisant qu’il s’agit d’une guerre hybride mais, de fait, une guerre bien réelle.

Sécurité et surveillance

Des drones de surveillance danois patrouillent aujourd’hui dans le ciel de Copenhague, mais ces derniers jours, des objets mystérieux ont survolé des aéroports et des bases militaires, non seulement au Danemark, mais aussi dans d’autres pays de la région. «Nous avons le mandat de les abattre», déclare Fredriksen, «mais nous ne pouvons pas prendre le risque d’impliquer la population civile».

A lire :

Selon elle, «la menace a rendu urgent aujourd’hui ce qui n’était qu’une nécessité hier : repenser la défense à l’échelle européenne, surtout après le désengagement apparent des États-Unis sous Trump».

Divisions et priorités européennes

Mais l’Union européenne a toujours 27 chefs et 27 priorités, même si l’objectif est partagé par tous.

Ainsi, si l’inquiétude est vive sur tout le flanc oriental, où l’OTAN est déjà engagée avec l’opération Sentinelle orientale et où Ursula von der Leyen souhaiterait déployer son mur de drones, des pays plus éloignés envisagent les choses autrement.

L’Allemagne exprime des réserves, mais ce sont surtout l’Italie et la Grèce qui insistent, avec le soutien de Giorgia Meloni, sur l’importance de ne pas négliger le flanc sud de l’Europe.

Un consensus émerge néanmoins sur la nécessité de donner un rôle plus fort aux ministres de la Défense, représentants des 27 capitales, appelés à se réunir plus fréquemment.

Soutien financier à Kiev

La question majeure du soutien financier à Kiev est au centre des discussions.

La Commission européenne propose de faire payer la Russie en utilisant les actifs de la Banque centrale de Moscou saisis et détenus en Belgique, afin de garantir un prêt à l’Ukraine, Kiev ne serait tenu de rembourser qu’après avoir reçu les réparations de guerre du Kremlin.

Le soutien à cette idée progresse, mais la France, la Belgique et le Luxembourg redoutent des implications juridiques, déjà annoncées par Moscou, ainsi que la menace de nationalisation des entreprises européennes encore présentes sur son territoire, rapporte l’agence Bloomberg.

Pour ne pas manquer manquer le dîner offert par la famille royale du Danemark, la conférence de presse finale a été repoussée.

Et demain, l’horizon s’élargit encore : 47 pays européens, de l’Atlantique jusqu’aux confins de l’Oural, hors Russie, discuteront de sécurité, de développement et de migration.

Lire aussi : Vladimir Poutine rappelle 135.000 hommes sous les drapeaux : une conscription sans précédent depuis 2016

L’absence de la Russie au sommet européen ne masque en rien son influence persistante sur l’agenda stratégique de l’Europe. De la guerre en Ukraine aux équilibres énergétiques en passant par la sécurité du continent, Moscou continue de façonner, en creux, les priorités des Vingt-Sept. Ce paradoxe souligne à la fois l’isolement diplomatique du Kremlin et sa capacité à rester un acteur central, bien que virtuel, dans les équations européennes.

Recevez notre newsletter et les alertes de Mena News


À lire sur le même thème